b-2 - cours magistral interactif*
1- Qu’est-ce que le cours magistral interactif ?
Le «cours magistral interactif» se situe à mi-chemin entre le cours magistral classique et les cours assurés selon des démarches actives d’enseignement. L’enseignant continue à y occuper une place centrale : il conçoit le cours et en présente le contenu selon la progression qu’il juge convenable et à travers un discours qui est le sien. Cependant, selon une fréquence et un rythme qu’il juge opportuns, il invite ses étudiants à participer activement à la découverte ou à la structuration de tel ou tel autre savoir. Ainsi, dans un souci d’efficacité professionnelle, tout en gardant son statut de dispensateur du savoir, l’enseignant encourage-t-il ses étudiants à participer à la construction du savoir qu’il est supposé leur dispenser.
Cette alternance entre l’enseignement assuré par la parole du maître et l’apprentissage par l’effort individuel ou groupal des étudiants modifie les relations enseignant-enseignés. En effet, de temps en temps, l’enseignant qui invite ses étudiants à travailler individuellement ou en groupes se détache de son statut d’enseignant, d’acteur principal et adopte celui d’observateur. Puis, à la mise en commun, il décuple d’effort pour éviter d’intervenir sur le fond et joue le rôle d’animateur soucieux de favoriser la participation du plus grand nombre de ses étudiants, d’encourager le débat et de faciliter l’élaboration collective d’une synthèse. Pendant ce temps, les étudiants ne peuvent plus continuer à prendre note du discours du maître passivement. Ils s’activent pour construire le savoir en le formulant verbalement. Ainsi, le monologue de l’enseignant fait-il place, de temps en temps, au dialogue interétudiants et au dialogue entre les étudiants et l’enseignant. Il n’est donc plus contradictoire d’appeler ce cours magistral interactif.
2- Pourquoi le cours magistral interactif ?
- Les théories de l’apprentissage affirment qu’on n’apprend, dans le sens d’assimiler, qu’en construisant son propre savoir par un effort personnel.
- Le réemploi, en situation professionnelle, du savoir appris pour résoudre des problèmes n’est assuré que si, au moment de l’apprentissage de ce savoir, l’étudiant l’a intégré à son système de pensée et que s’il a appris à le réutiliser.
- Ainsi, plus le cours magistral devient interactif, plus il gagne en efficacité.
3- Comment rendre interactif un cours magistral ?
Les techniques auxquelles l’enseignant peut avoir recours pour obtenir la participation de
l’étudiant à la construction de son apprentissage sont nombreuses et variées. Certaines
favorisent la créativité et la recherche d’idées nouvelles, d’autres l’émergence des
représentations, d’autres encore la structuration collective du savoir.
Nous nous contenterons d’en présenter succinctement quelques-unes (Voir aussi
McKeachi, 2002).
Tableau 3 : Techniques utilisées lors d’un cours magistral interactif
Technique | Procédure | Intérêt |
Brainstorming (Technique de créativité pour groupe moyen[1]) |
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Constitution progressive d’opinions (Technique de résolution de problèmes pour groupe moyen ou grand) |
N.B. Pour faciliter la mobilité de tous, les participants devront rester debout |
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Phillips 6/6 (Technique de discussion pour groupe moyen) |
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Q-sort (Technique d’animation pour groupe moyen) |
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Minute papers (Technique d’animation pour grand groupe) |
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En 3 temps[2] (Technique favorisant la construction du savoir en situation de grand groupe) | Comme son nom l’indique, cette
technique se déroule en 3 temps: Travail individuel Avant le cours, les étudiants sont invités à lire individuellement un texte assez bref proposé par l’enseignant et qui les prépare à aborder la nouvelle notion Travail en binôme Le cours commence par la distribution d’une situation-problème (ou d’un ensemble de questions en lien avec la nouvelle notion) pour le traitement de laquelle les étudiants sont supposés utiliser le savoir fourni par le texte précédemment lu. Ce travail auquel on consacrera une quinzaine de minutes est réalisé en binômes Pendant ce temps, l’enseignant circule entre les groupes, le micro à la main. Il apporte à son groupe-classe les corrections ou fait les remarques ou les commentaires qu’il juge nécessaires Travail collectif La mise en commun qui suit immédiatement le travail en binômes consiste à entendre les réponses apportées par deux ou trois étudiants. L’enseignant encourage le débat La synthèse finale est faite par l’enseignant à partir des interventions des étudiants. Il profite de ce moment pour apporter le complément de savoirs ou d’analyses nécessaires à l’apprentissage de la nouvelle notion |
Cette technique favorise :
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Même si les techniques décrites ci-dessus (tableau 3) impliquent parfois un travail en sousgroupes, le groupe-classe est rapidement récupéré par l’enseignant en tant que collectif.
Le cours magistral-interactif peut être soutenu par des supports audiovisuels (Power-point, séquence de film, toile de peinture, etc.) et loin de se transformer en interrogatoire, il est souvent basé sur un questionnement que l’enseignant lance en classe pour encourager les étudiants à participer au cours :
- questions de faits demandant à l’étudiant de se rappeler un pré requis ;
- questions descriptives demandant une réponse élaborée où sont reliés des faits et des concepts, dans un ordre logique ;
- questions exploratives demandant un développement et un étayage argumentatif ;
- questions subtiles pour aller au-delà de la description des faits ;
- questions divergentes forçant l’étudiant à utiliser les processus de la pensée abstraite, etc. (Goupil, G. et Lusignan, G., 1993)
Même s’il s’appuie parfois sur l’exploitation d’une situation-problème ou sur un travail en sous-groupes, le cours magistral interactif se distingue nettement de ces démarches : l’enseignant y reste l’unique dispensateur de l’enseignement et en assure la totale responsabilité alors que, par exemple, dans l’apprentissage par problème (APP), c’est l’étudiant qui est le principal acteur de l’opération éducative.
4- Sous quelles conditions ?
L’alternance magistral-interactif ne peut réussir sans la réalisation de quelques conditions :
- Les deux parties acceptent de dialoguer, autrement dit, elles se reconnaissent partenaires et se comportent en fonction de cette reconnaissance.
- Le rapport enseignant-étudiants ne se réduit pas à un simple rapport de pouvoir, celui de l’enseignant que l’interactivité risque de réduire : interagir suppose un autre contrat social entre les deux parties, un contrat basé sur la reconnaissance de valeur, sur la volonté d’entraide et sur la dimension de respect.
- L’enseignant accepte d’accompagner les étudiants dans leur construction du savoir en acceptant de partir de là où ils sont sans s’impatienter et sans prendre pour perdu le temps qu’ils mettent à construire laborieusement leur savoir.
- Les étudiants sont sérieusement engagés dans leur recherche du savoir. Avouons que certains préfèrent parfois le cours magistral traditionnel qui ne dérange pas leur passivité en les invitant à se concentrer, à réfléchir, à s’exprimer en public, à avoir une parole responsable et courageuse, à remettre en question leur propre savoir. Contrairement à ce que l’on croit, les recherches ont montré que la passivité du cours magistral sied davantage à un bon pourcentage d’étudiants.
- Sous prétexte d’assurer une ambiance de dialogue, l’enseignant ne doit pas oublier sa responsabilité de garantir les conditions de tout travail collectif sérieux telles que parler à tour de rôle, avoir une attitude d’écoute, etc.
- Une salle permettant aussi bien le travail magistral que le travail individuel ou en groupes devrait être envisagée.
5- Pour en savoir plus
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Ouvrages
- CHALVIN, D. (2006), Encyclopédie des pédagogies de formation, tomes 1 et 2. Paris. ESF.
- DEMEESTER, A., & GAGNAYRE, R. (2005), Alternative au cours magistral : la MIGG, Pédagogie médicale, vol.6, N°1.
- FIJALKOW, J., & NAULT, T. (2002), La Gestion de la classe. Bruxelles. De Boeck.
- LECLERCQ, D., POUMAY, M., & GOBIET, G. (2008), Méthodes d’action pédagogiques en grands groupes, Université de Liège, IFRES – FORMASUP – CIFEN CAPAE.
- MEIRIEU, Ph. (1994), Méthodes pédagogiques, Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation. Nathan. Sites Web
- LEGRAND, N. (2007), Passer à un apprentissage actif in Le travail de groupe : http://www.cahiers-pedagogiques.com/art_imprim.php3?id_article=892.
- MCKEACHIE, W. (2002), Activités pour encourager l’apprentissage actif durant les cours, www.polymtl.ca/bap/docs/documents/apprentissage_actif_V2.pdf (consulté le 13 nov. 2013)
Samir HOYEK
2013
1- On appellera «moyen» le groupe composé d’une trentaine de participants, «grand» celui composé d’une
soixantaine et au-delà.
2- Technique présentée par J-M De Ketele dans le cadre de son intervention à l’USJ, en octobre 2013