Inspirée par une vision holistique de l'éducation, la pédagogie jésuite vise à développer non seulement l'intellect, mais aussi la sensibilité du cœur et de l'esprit, tout en encourageant l'engagement social. Il s’agit d’une approche personnalisée de l’apprentissage. Dans ce cadre, et avant de plonger davantage, faisons le tour de l’aperçu général des activités à caractère pédagogique, organisées par l’Aumônerie de l’USJ tout au long de la semaine jésuite.

La Semaine Jésuite 2024

De nombreux participants appartenant à la large famille jésuite de l’USJ se sont rencontrés, qu’ils soient directeurs ou étudiants, des campus de Beyrouth ou ceux régionaux. Le lundi 11 mars a eu lieu l’inauguration de la semaine jésuite 2024. Le thème de cette année était sur le retour de la Compagnie au Liban au 19e siècle. Adhérant à l’importance de regarder l’Histoire, le public prêtait une oreille attentive à ce qui mena les jésuites à choisir de revenir au Liban au 19e siècle. 

Le lendemain se déroula le premier atelier intitulé « Religieux vs Politique ». Puis se succédèrent à lui le second atelier intitulé « Au-Delà de l’Ordinaire » que je détaillerai par la suite, l’inoubliable « Music Night » et la messe de clôture. 

Au-Delà de l’Ordinaire

La discussion portait sur une préoccupation centrale : Le Sens de la Vie et l’Engagement. Chacun, depuis son domaine, son contexte et son vécu propre à lui, a contribué à mettre en commun une vision commune. 

La joie, la fidélité aux valeurs, le respect des limites, l’élan de l’amour, l’humilité et l’altérité sont des critères recommandés. Plus encore, la traversée des échecs demande un courage, une volonté et une force de cœur. S’entretenir est aussi important que réussir, puisque nous ne pouvons exister sans autrui ; cette relation ne constitue aucune menace à notre identité. Par ailleurs, l’engagement constitue une étape déterminée de notre vie, qui a servi à porter du fruit et à avoir une expérience de croissance. Une fois leur but atteint, nos engagements évoluent. Il est donc bon de réitérer cette promesse : c’est à nous de nous engager là où nous pourrons donner le meilleur de nous-mêmes.

Que de fois nous refusons de constater que ces questions sont essentielles. La recherche des réponses étant personnelle, j’ai été invitée à redéfinir mes engagements et à les authentifier. J’ai affirmé en moi-même, une fois de plus, que ce n’est qu’en étant un signe vivant que je manifeste ce que je souhaite « montrer ». Aussi, je tiens à remercier chaque personne d’avoir partagé ses paroles profondes et perspicaces. 

La Pédagogie Jésuite

Le jeudi de cette même semaine, cinq groupes finalistes ont saisi la chance de présenter devant un jury leur travail pour la compétition jésuite ! Syrine Moughabghab, Clara Ishak et moi étions honorées de présenter « la pédagogie jésuite » :

Elle trouve ses origines dans les enseignements de Saint Ignace de Loyola, fondateur de l'ordre des Jésuites au XVIe siècle. Le Christ modèle de la vie humaine, l’aide pastorale, et l’excellence de formation sont parmi les aspects qui ont été abordés. 

La recherche de l'excellence au niveau académique est normale dans une institution jésuite, mais est surtout valorisée dans le contexte d’une excellence humaine. D’ailleurs, le but ultime de l'éducation jésuite est d’acquérir un plein développement de la personne qui conduit à l'action, - action animée par l'esprit. De la sorte, nous aidons notre âme et celle de notre prochain à atteindre la fin ultime pour laquelle elles ont été créées.

Reconnu pour être un homme de désir, Ignace utilise fréquemment le mot latin « magis » qui veut dire « davantage ». Je traduis cela en tant que faire un pas en plus et donner de soi sans rien attendre en retour. Dans cette compétition, ce n’est pas l’esprit d’élitisme qui obsédait les membres du groupe. La tradition jésuite offre d’assez solides antidotes à cette mentalité, mais ce qui compte, c’est de donner le meilleur de soi. Ni la quantité fournie, ni l’aspect montré, n’équivalent la qualité de l’amour éprouvé. En plus, "l'amour se prouve par les actes’’. Je salue chaleureusement les personnes qui m’ont inspiré par leur engagement total et actif afin de mettre cet idéal en pratique dans le monde réel ; que ce soit dans le cadre de la famille, de l’université, des mouvements sociaux, des structures politiques ou des activités religieuses. 

En conclusion, bien que l’institution soit normalement dite "jésuite", la vision est plus exactement dite "ignatienne". Nous souhaitons que cette présentation ait suscité, en l’auditoire comme en nous, une réflexion enrichissante sur la manière dont la pédagogie jésuite peut continuer à inspirer et à transformer l'éducation pour les générations à venir. 

Pour terminer, je vous laisse avec de précieux extraits du livre « Jésus le Pédagogue » écrit par Dunia Moukaddam. C’est ce que l’amour nous enjoint de faire à cet égard :

« Mettre en confiance, c’est croire, et celui qui se met dans le « projet … » est quelqu’un qui croit nécessairement en ce qu’il fait. Il voit les résultats avant de les obtenir et c’est ce qui l’amène à parvenir.

… 

A quoi sert un apprentissage qu’on ne garde pas et duquel on ne peut se servir ? « Beaucoup de tâches et l’essentiel est un ». 

…

C’est un apprentissage intégré qui ne reste pas à la surface, qui ne sort pas avant d’entrer et qui, une fois dedans, sort avec un rayon de plus, autrement illuminé. »