Pour la première fois depuis 2016, ce numéro 98 est proposé sans un dossier sur un thème spécifique comme il était d’habitude de le faire. Les circonstances dramatiques, politiques, économiques et pandémiques ont obligé s à suspendre la parution de Travaux et Jours en 2021. Mais, la revue reparaît avec ce numéro dont le sous-titre est, précisément : « Pour maintenir le cap ». L’absence d’un thème traité dans le cadre d’un dossier spécifique, ne signifie pas que ce numéro offre au lecteur une simple compilation de textes. Les articles ont été choisis en fonction d’une grille de lecture articulée autour d’un bouquet d’idées qui mettent en valeur le Liban et ses hommes.
Pays d’ouverture sur le monde arabe et méditerranéen, pays de rencontre des cultures et des spiritualités, le Liban n’a cessé, depuis le XIX° siècle, de jouer le rôle d’un pivot de civilisation au cœur de l’Orient, depuis les rivages de la Méditerranée jusqu’aux plaines alluviales de Mésopotamie et des déserts de la presqu’île arabique, voire au-delà. La Nahda arabe, ou renaissance, n’aurait pas vu le jour sans l’apport considérable des villes de Beyrouth et du Caire. À défaut de pouvoir changer la société, la Nahda arabe a permis l’émergence d’un homme nouveau qui s’est imposé à elle. L’éducation a joué le premier rôle dans un tel processus. C’est cet homme nouveau qui est aujourd’hui la victime de la barbarie qui s’abat sur le Liban en faillite économique et où son rôle d’avant-garde dans les secteurs de l’éducation, des soins médicaux, du commerce triangulaire, s’efface et semble appartenir à un passé que les générations nouvelles osent à peine imaginer qu’il ait pu exister.