Dans sa thématique « Orient Chrétien après Byzance », le numéro 91 de la revue Travaux et Jours (revue pluridisciplinaire de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth) revient sur la « rupture culturelle entre l’Occident et l’Orient chrétiens, si importante en matière d’anthropologie culturelle vu qu’elle est la conséquence de facteurs multiples. Ce ne sont pas tant les schismes religieux qui expliqueraient la situation mais plutôt des circonstances historiques précises, notamment en matière d’histoire des idées » comme l’explique, dans son éditorial, Antoine Courban.
Dans ce dossier, le lecteur peut découvrir trois voix, trois regards, trois perspectives, donc trois discours. Au-delà du contenu, il y a la pensée des auteurs et leurs présupposés. Badenas demeure un occidental sécularisé, Kalaitzidis parle en homme de foi alors que le regard d’Amin Elias est celui d’un oriental catholique marqué par les apports culturels de l’Occident.
Pedro Bádenas de la Peña analyse - selon un angle historique - l’évolution des millets mais surtout le plus important en nombre, le Rum-Millet (millet-i-rum ou nation romaine). L’article de Kalaitzidis est celui d’un penseur orthodoxe qui pose la question de savoir si la pensée orthodoxe traditionnelle et la modernité, voire la postmodernité, sont irrémédiablement inconciliables. Son regard fait preuve d’un courage autocritique pour dénoncer certains stéréotypes. Quant à Amin Elias, il nous dresse un portrait détaillé de la vie et de l’œuvre de cet immense lettré arabe chrétien-maronite, le Maître Butrus Al-Bustânî qui a assumé cette modernité et a voulu, par le renouveau de la culture arabe, en imprégner l’Orient.
Dans la rubrique « Articles d’auteurs », le texte de Howeida Slaibi propose une étude comparative de l’opinion de plusieurs sociologues arabes sur les printemps arabes. Le Professeur Nasri Diab dresse une étude complète du droit libanais en matière de secret médical. Quant à Stéphane Cartier et ses collaborateurs, ils nous parlent de la perception des risques sismiques au Liban, notamment dans la région de Beyrouth. Ce numéro se clôture par deux articles courts sur un récit graphique d’Alain Gresh et Hélène Aldeguer portant sur cette histoire française que représente le conflit israélo-palestinien.