Le numéro 90 de Travaux et Jours, premier de la nouvelle formule de la revue de l’USJ consacre le thème principal de sa première section «Thématique» au «Cénacle Libanais» à l’occasion du transfert de ses archives à la bibliothèque du Campus des Sciences Sociales de l’USJ.
Au lendemain de l’Indépendance, comment penser la « libanité » dans un pays multicommunautaire et comment devenir cet État-nation mis en place par le Mandat ? Telle fut la réflexion du Cénacle conçu par Michel Asmar. Une réflexion autonome mais en étroit lien avec l’appareil d’Etat. Une sorte de « think tank » avant l’heure.
Amine Elias revient par le biais de deux articles, en profondeur sur les traces de cette incroyable entreprise, où on voit défiler et débattre des penseurs d’horizons divers et d’avis divergents. Le troisième article de ce dossier, « Beyrouth, le Cénacle libanais et l’unité politique » d’Antoine Courban jette un regard à distance et a posteriori sur la problématique du Cénacle lui-même et, selon la formule de l’auteur « de l’échec de son échec » à protéger le vivre-ensemble libanais. Afin d’illustrer la grande qualité de ce que furent les riches heures du Cénacle, nous publions le texte inédit d’une conférence que donna René Habachi au Cénacle sur « Nazem Hikmat, une invitation à la poésie ».
Dans la section suivante, « Articles d’auteurs », on lira une étude d’Antoine Messarra sur « Philosophie et culture du compromis dans un système démocratique ». Cet article complète ceux du thème principal en ce qu’il examine toute la problématique que le Cénacle n’a pas été en mesure de résoudre, à savoir comment comprendre le « compromis » dans un environnement de pluralisme comme celui du Liban. Quant à l’article pointu de Ali Kazwini Housseini « Liban : une francophonie chiite entre langue et politique », il se présente comme une illustration sur le terrain communautaire du problème des rapports ambigus que peuvent entretenir les choix culturels avec la problématique identitaire et ses stratégies politiques.
La dernière section « Divers » clôture ce numéro par quatre articles plus courts. Un commentaire de Jad Hatem sur un poème en langue française de Saïd Akl ; un commentaire de Janine Badro sur le récent film « Silence » de Martin Scorsese ; une recension de Nicolas Dot-Pouillard sur l’ouvrage collectif « Islams politiques. Courants, doctrines et idéologies » sous la direction de Sabrina Mervin. Le dernier article est également une recension que Floriane Soulié a rédigé sur un autre ouvrage collectif « Syrie, anatomie d’une guerre civile » écrit par A. Backo, G. Dorronsoro et A. Quesnay.