Cent ans après la chute de l’Empire ottoman et la création des États-Nations, le Liban a toujours du mal à exister en tant qu’État-Nation. Depuis le 17 octobre 2019, il est secoué par de grands mouvements de contestations, et par une crise économique sans précédents.
« Faut-il ou pas commémorer la genèse de l’État libanais en 1920 ? » se demande en préambule à son article l’historienne Carla Eddé. Dans un premier temps il a fallu revenir à l’histoire récente de la création du Liban contemporain et ses liens compliqués avec la Syrie en partant d’abord des fondations historiques avec Carla Eddé, Youssef Mouawad et Jack Keilo. À partir d’un corpus littéraire et artistique un deuxième volet accompagne le traumatisme mémoriel de la naissance du Liban avec, d’emblée, un arrêt sur le processus de refoulement historique et le glissement brutal de l’identité « non-ottomane » à l’identité libanaise (Rita Bassil), puis une revue de la mémoire traumatisée de la guerre civile à partir d’un large parcours littéraire (Carole André-Dessornes), complété par un regard psychanalytique qui sonde l’incapacité libanaise à affronter ses blessures mémorielles en partant du soulèvement du 17 octobre 2019 (Marie-Thérèse Badaoui Khair). Enfin, un troisième volet nous permet de nous pencher sur l’actualité libanaise. Interrogé par Rita Bassil, l’économiste Samir Aïta nous livre son analyse des facteurs qui auraient mené, selon lui, le Liban vers la ruine et réfléchit aux issus qui protègeraient les plus vulnérables. Ceci lui permet, par ailleurs, d’éclairer les liens économiques étroits entre la Syrie, son pays d’origine, et le Liban. Enfin le dernier article du dossier, écrit par Stéphanie Raad, explore les politiques de partitions du Moyen-Orient, opérées durant le XXe siècle.
En clôture de notre numéro, au milieu du vacarme actuel sur les réseaux sociaux. Un article très actuel de Maguy Saad analyse la distinction à faire entre la rumeur électronique (e-rumeur) et le marketing viral.