Décembre : si on écrit ce mot, on le conjuguera avec la fin de l’année, mais surtout l’hiver. La neige et les fameuses fêtes de Noël, où la famille se réunit devant un bon gros déjeuner, après une messe grandiose, précédant le réveillon du Nouvel An. En ajoutant le mot « Liban », Décembre s’accorde avec la fête de la Sainte Barbe, où on se déguise en l’honneur de la Sainte Martyre du IIIème siècle originaire de Baalbek. Des sapins gigantesques dans les places des villes et des actions sociales variées et diverses destinées aux démunis poursuivent leur travail comme chaque année durant Noël malgré la situation (pas la peine d’en faire une thèse de doctorat !). Puis du réveillon enflammé du Nouvel An avec les cotillons, les chapeaux et les souhaits d’une bonne année qui s’avèrera bien pire que la précédente. C’est en ajoutant l’année 2023 que la proposition se transformera en un constat de différences. Oui ! On avait eu toutes les différences de toutes les couleurs dans notre beau pays, on aura évidemment des différences pour les fêtes.
Au Sud Liban, les habitants ne goûtent point à la liesse de tout cœur : entre l’Etat de Schrödinger qui existe et qui n’existe pas, la pandémie du COVID-19 et la crise socio-économique, rien ne brille, tant les guirlandes que l’espoir. Mais comme cela ne suffisait pas, ils ont à souffrir les conséquences des affrontements entre deux ennemies dont on ne prononce jamais le nom, sans même l'avoir choisi. Ils n’auront qu’à être la peste ou le choléra : fuir leurs maisons, telle une peste qu’imagine les bellicistes ou être cloîtrés chez eux ignorés, comme le choléra que voit l’État. Chez chacun d’eux, on perçoit la crainte de finir comme les Gazaouis, probablement à l’abattoir du Tsahal. Au fond d’eux-mêmes, la fameuse résilience libanaise et le relâchement de nerfs s'opposent dans une compétition délicate. comme un « Assez » résonnant partout sauf chez eux. Peut-on dire qu'ils sont moins libanais que nous ?
Dans le reste du Liban, on essaie de masquer notre peine en élevant les fameux sapins de Noël dans les places des villes, sapins qui cachent le marasme socio-économique que traverse le Liban. Les marchés de Noël se multiplient partout, les petites boutiques telles que les pharaoniques et les centres commerciaux concourent dans le respect, car ils veulent tous une bouffée d’air dans une inflation qui gonfle et qui dégonfle nos placards. Certaines familles parviennent à s’offrir un décent repas et des petits cadeaux, d’autres s’offrant des espoirs que l’année prochaine sera mieux, bien qu’on connaît le cycle infernal.
Lorsque les mots nous échappent pour décrire ce qu’on ressent, on trouvera toujours une proposition bien optimiste complétive à notre souhait pour une année meilleure. « Demain, demain tout finira … » ou pas ? Joyeux Noël et bonne année !