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La lutte invisible contre le cancer

Derrière les heures de chimiothérapies et les sourires forcés des patients prétendant que tout ira bien, se cache une bataille intérieure que personne ne peut voir. Une souffrance, qui va au-delà de la douleur physique que ces personnes gardent enfermée. Une souffrance psychique dont personne n’en parle. La guérison n’est pas une ligne droite : c’est un aléas de hauts et de bas.  

Du tout début à la tout fin, le patient passe par une épreuve quasi insurmontable, il passe par plusieurs émotions telles que le déni, la colère, la tristesse, l’impuissance, la résilience et l’acceptation. 

En effet, le moral représente la moitié du processus de rétablissement. Certes, aucune preuve ne démontre que la santé mentale influence directement le pronostic, en revanche, la dépression peut avoir des conséquences négatives sur le chemin thérapeutique. Selon l’Institut National du Cancer, près de 50% des personnes touchées par un cancer ont rencontré des difficultés à s’adapter à leur état de santé et ont présenté des réactions dépressives pendant la maladie à la suite des traitements administrés.  

L’annonce du diagnostic est la phase la plus compliquée pour la majorité des patients car elle les confronte à une idée de mort imminente qui s’installe dans leurs esprits. D’après une enquête menée par l’Institut National du Cancer, pour 33% des personnes malades, l’annonce du diagnostic est considérée comme le pire moment du parcours de soin. À l’entente du mot « cancer », un mot qui va changer sa vie en écoutant le médecin le prononcer le patient se retrouve dans un était de sidération et de panique qui lui ôte sa capacite à réfléchir. 

Le parcours d’un patient atteint de cancer est jalonné de moments forts en émotions. L’attente des résultats d’examens, les séances de traitement, les changements physiques, ou encore l’incertitude face à l’avenir sont autant de situations qui peuvent déclencher des vagues d’anxiété.  Cette dernière se manifeste de plusieurs manières : des réveils nocturnes, des insomnies, des pensées négatives, un manque de concentration et ou encore des changements physiques tels qu’une perte de l’appétit et de poids. 

De même, la dépression peut venir s’insinuer progressivement et devenir une tristesse compliquée à amoindrir avec le temps. De nombreuses études scientifiques démontrent une corrélation entre la chance de survie et un état dépressif :  La Société américaine du cancer démontre une diminution de 25% du risque de décès lorsque l’état psychologique du patient est bon. 

Toutefois, cette tristesse peut souvent s’accompagner d’une perte d’intérêt pour les activités appréciées et des moments auprès de ses proches. Comme évoqué précédemment, les changements bouleversants dans le sommeil et l’alimentation ainsi qu’une fatigue intense qui refuse de s’évaporer en dépit du repos, représentent des signaux d’alerte. 

D’ailleurs, l’entourage est indispensable pour un meilleur moral et peut favoriser un rétablissement plus rapide. En revanche, la personne atteinte de cancer peut chercher à s’isoler, sentant qu’aucun proche ne peut comprendre ce qu’elle traverse ou craint souvent d’être abandonnée par des gens chers, pensant que ces derniers puissent la trouver anormale. Alors, la personne risque de repousser sa famille, ses amis et les gens qui tiennent à elle, aggravant son sentiment d’isolement et se retrouvant complètement seule et démunie. 

De plus, l’après-cancer est une phase tout aussi critique. L’intervention chirurgicale, les chimiothérapies et radiothérapies, les rendez-vous chez le médecin et les hospitalisations sont terminées. Cependant, la personne n’est plus la même. Pour elle, l’épreuve du cancer est devenue un « évènement biographique » dans l’histoire de sa vie. Cet épisode a fait surgir en elle, un trouble de stress post-traumatique, c’est-à-dire que tout ce qui peut lui rappeler cette période est susceptible de lui causer des crises de panique, des sauts d’humeur ainsi que d’autres répercussions psychologiques.  

Ainsi, pendant et après le cancer, les patients auront besoin d’une prise en charge globale qui inclut un soutien émotionnel et psychologique pour contribuer à l’amélioration de leur santé mentale. De surcroît, au-delà du soutien professionnel, de nombreuses approches peuvent jouer un rôle pour améliorer le bien-être moral telles que : l’activité physique adaptée pour la gestion du stress et des changements de l’humeur, les techniques de relaxation, l’art-thérapie et la musicothérapie. 

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