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Quand le travail ne suffit plus : la méritocratie est-elle en panne ?

Au Liban, la réussite ne repose pas uniquement sur les diplômes et les compétences. 

Oui, la méritocratie existe encore dans certains milieux, mais elle se heurte souvent à un système où les relations personnelles et la fameuse " واسطة", c’est-à-dire le népotisme, pèsent lourd. 

Entre efforts individuels et interventions “stratégiques”, le pays navigue entre mérite réel et favoritisme.

 

Le mérite, encore vivant mais freiné !

D’une part, il serait exagéré de dire que tout fonctionne par le biais des pistons. De nombreux Libanais réussissent par la force de leur travail, leur persévérance et leur talent puisque dans certaines start-ups (nouvelles entreprises) et universités, le mérite reste un critère primordial.

D’autre part, des témoignages comme : “On regarde ce que tu fais, pas qui tu connais”, restent minoritaires. Dans les administrations publiques et les institutions liées aux partis politiques, beaucoup savent qu’un “coup de fil” peut faire avancer une carrière plus vite qu’un diplôme.

Ce qu'on nomme " واسطة" n’est pas toujours synonyme de corruption. Souvent, elle est perçue comme un moyen de contourner une bureaucratie lente ou un système bloqué. Mais quand elle devient un passage obligatoire pour obtenir un poste ou une promotion, elle détruit peu à peu la confiance en la valeur du travail des jeunes.

On entend souvent : “J’ai postulé trois fois au même poste, mais sans appui, mon dossier n’a jamais dépassé le bureau de la réception”. Le mérite n’a donc pas disparu, il est simplement relégué au second plan derrière les connexions et les appartenances.

Une jeunesse entre “résistance et découragement”

La génération actuelle ne baisse pas les bras. Plusieurs continuent à croire que le travail finit toujours par payer, même si le chemin est long. 

D’autres, cherchent ailleurs ce qu’ils ne trouvent plus ici, c’est-à-dire ils cherchent "la vraie égalité des chances".

Mais malgré tout, des signes d’espoir existent encore. Dans certaines entreprises et ONG, la compétence et la transparence commencent à prendre le contrôle : des recruteurs veulent de vrais talents, pas seulement des "noms”. C’est vrai qu’il ne s’agit que de petites victoires, mais cela prouve aussi qu’un autre modèle est possible.

Restaurer la méritocratie ne signifie pas ignorer la réalité sociale du pays, mais reconnaître que sans la valeur du travail, aucun système ne peut durer.

La méritocratie au Liban n’a pas disparu, elle résiste en silence. Mais pour qu’elle redevienne une norme et non une exception il faut que la " واسطة" cesse d’être une fatalité et que "le mérite retrouve enfin la place qu’il mérite !"

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