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Notre-Dame de Paris, ce phénix de pierre

Paris, 15 avril 2019. La violence de la scène s’intensifie de plus en plus. Les flammes s’agitent avec frénésie, le feu dévore avec avidité. La flèche s’effondre, la voûte s’écroule. Notre-Dame brûle. Le monde entier assiste, impuissant, à un spectacle déchirant. Le monde entier observe cette cathédrale mythique revêtir un immense habit incandescent. L’embrasement ronge, détruit et s’approprie des morceaux de l’héritage français.

Notre-Dame de Paris est en effet un symbole national et un sanctuaire patrimonial intimement lié à l’histoire de la France. Sa construction, initiée en 1163, a duré presque deux siècles. Édifiée au cœur de la capitale, la cathédrale a accueilli au fil des siècles plusieurs évènements historiques comme l’arrivée de la Sainte Couronne en 1239, le sacre de Napoléon Ier en 1804 ou encore le Magnificat chanté pour la libération de Paris en 1944. 

Mais ce qui a largement contribué à sa renommée mondiale est sans doute son rôle culturel. On ne peut évoquer Notre-Dame de Paris sans penser au roman éponyme de Victor Hugo. Cette œuvre intemporelle, publiée en 1831, a connu un succès éclatant. Le monument sacré était à l’époque dans un état désolant et délabré suite à la Révolution française, si bien que sa démolition fut envisagée. C’est avec des personnages devenus immortels tels que le bossu Quasimodo, sonneur des cloches de la cathédrale, ou encore la jeune et belle bohémienne Esmeralda, que l’Homme océan redonne vie à Notre-Dame et encourage sa restauration. Il évoque d’ailleurs, dans un passage de l’œuvre, un incendie qui frappe l’édifice.

Ce qui nous vient également à l’esprit lorsqu’on parle de Notre-Dame de Paris, c’est évidemment la célèbre comédie musicale inspirée du roman de Victor Hugo et jouée pour la première fois en 1998. Nul n’a pu échapper à l’envoûtement des chansons du parolier Luc Plamodon et du compositeur Richard Cocciante qui ont résonné bien au-delà des scènes de théâtre et qui continuent jusqu’à ce jour d’émerveiller les nouvelles générations. Ces chefs-d’œuvre musicaux à succès tels que Belle, Le temps des cathédrales et bien d’autres encore ont permis à des artistes comme Garou, Patrick Fiori, Daniel Lavoie, Bruno Pelletier ou Hélène Ségara de conquérir le cœur du public en laissant une empreinte indélébile.

Cinq ans après l’incendie tragique, après les efforts acharnés des ouvriers, artisans et architectes, Notre-Dame rouvre enfin ses portes en décembre 2024. Le délai de restauration est respecté et la cathédrale, tel un phénix, renait de ses cendres et retrouve sa splendeur d’antan. Elle porte en ses pierres l’éternité et la résilience, l’âme de Paris et la lumière de la France. Le crépitement impétueux des flammes laisse ainsi place à la douce voix angélique de Hiba Tawaji qui interprète l’Ave Maria de la comédie musicale, elle qui a déjà joué le rôle d’Esmeralda. Avec les bouleversements porteurs d’espoir que nous observons ces dernières semaines au Liban et en nous inspirant de la renaissance de Notre-Dame de Paris, je conclus avec des paroles de ce chant que nous pouvons adresser à la Sainte Vierge en cette période critique : « Ave Maria, Fais tomber les barrières entre nous, qui sommes tous des frères. »

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