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L’Épopée des cèdres du Liban

‘’Les cèdres du Liban sont les reliques des siècles et de la nature, les monuments naturels les plus célèbres de l’univers. Ils savent l’histoire de la terre, mieux que l’Histoire elle-même.’’ Tels étaient les propos de Lamartine lors de sa visite du Liban en 1832. Parce qu’en effet, les cèdres du Liban régnaient sur Terre depuis plus de 280 millions d’années, un âge assez exceptionnel, qui incita de grands explorateurs comme Lamartine, à échouer leurs navires sur les côtes orientales de la Méditerranée, afin de résoudre le mystère de ces arbres millénaires…

Port conique durant sa jeunesse, tabulaire par la suite ; branches brunes étalées et feuillage vert prononcé, ceux-ci ne sont autres que les caractéristiques propres d’un cèdre authentique. Ce même cèdre qui orne aujourd’hui le drapeau du pays de toutes les fascinations. Mais qu’est donc cet arbre que les civilisations du passé considéraient comme trésor légendaire ? 

Le cèdre libanais, ou Cedrus libani, renferme en lui des croyances religieuses, des histoires et des mythes passionnants. Pour commencer, nos cèdres revêtent un caractère sacré comme mentionné dans l’Épopée de Gilgamesh, un des récits les plus anciens de l’humanité. Ce dernier raconte que les forêts de cèdres étaient autrefois réservées uniquement aux dieux, considérées comme espace divin au parfum enivrant. De plus, le cèdre libanais est cité 103 fois dans la Bible. En effet, dans l’Écriture, on a indiqué, par exemple, que le roi Salomon avait construit, mille ans avant notre ère, la charpente du premier temple de Jérusalem avec le bois du Cedrus Libani : ‘’il garnit de planches de cèdre la face interne des murs du Temple-depuis le sol du Temple jusqu’aux poutres du plafond, il mit un revêtement de bois à l’intérieur […] (1 Rois 6.15)’’. On nomma alors l’édifice ‘’La Maison de la forêt du Liban’’. Ce choix remontait à la pureté, mais également à la puissance que symbolisaient jadis nos cèdres inaltérables. 

Cependant, la conquête des cèdres libanais commença bien avant l’époque de Soliman. En effet, l’importation du bois de cèdre libanais débuta vers la moitié du troisième millénaire av. J.-C. Réputé pour sa solidité et sa résistance à la pourriture, le cèdre était effectivement très recherché par les pays dénués de bois de construction. C’était le cas de l’Égypte qui l’utilisa pour ériger ses navires. Elle profita pareillement de la résine de nos cèdres, qu’elle appelait d’ailleurs la ‘’vie des morts’’, en l’utilisant dans l’embaumement. La sciure de bois, quant à elle, servit à la momification. 

Nos cèdres auraient donc symbolisé la pureté, la divinité, la puissance et l’immortalité. Mais que représentent les cèdres, pour nous, les Libanais ? C’est un texte de la proclamation du Grand Liban en 1920 qui nous le rappellera : ‘’Un cèdre toujours vert, c'est un peuple toujours jeune en dépit d'un passé cruel. Quoiqu’opprimé, jamais conquis[...]’’. Voilà donc ce qu’est le cèdre, pour nous les Libanais : légendaire et sacré, symbole d’espoir et de résilience ; il est imputrescible, tout comme le peuple qui habite ses terres !

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