Le mois d’août est désigné comme le « mois de sensibilisation à l’atrophie musculaire spinale ou SMA ». Pendant cette période, l’accent est mis sur l’importance du diagnostic précoce et des traitements de cette maladie, tout en encourageant le soutien aux personnes affectées par la SMA.
L’amyotrophie spinale (SMA) s’avère l’une des maladies neurodégénératives rares la plus courante, d’origine génétique généralement héréditaire (autosomique récessive, c.-à-d. que l’enfant doit hériter 2 copies du gène muté pour développer la maladie). Elle provoque une myasthénie (faiblesse musculaire) accompagnée d’une atrophie (dégénérescence) graduelle des muscles. La SMA affecte les cellules nerveuses (neurones) motrices ou motoneurones, cruciales pour stimuler et contrôler les muscles volontaires, ce qui entraîne une interruption de la transmission des signaux du cerveau vers les muscles. Cette maladie est causée par la mutation du gène SMN1 (survival motor neuron 1), situé sur le bras long du chromosome 5, responsable de la production de la protéine SMN essentielle à la survie et à la fonction des motoneurones. Cette mutation entraîne la dégénérescence des neurones situés dans la moelle épinière et dans le tronc cérébral ; en notant que la gravité de la maladie dépend de la totalité des copies du gène SMN2 (très similaire à la SMN1, située également sur le bras long du chromosome 5).
La SMA affecte les grands muscles plutôt que les petits muscles des mains et des pieds. Elle touche davantage les muscles des jambes que ceux du bras. De plus, elle affaiblit les muscles du visage et de la gorge, et dans les cas les plus sévères, elle atteint les muscles respiratoires et ceux impliqués dans la déglutition.
Les personnes atteintes éprouveront des difficultés à avaler et à respirer avec un accroissement de la fréquence des infections thoraciques, ainsi que des cas d’étouffement et de détresse respiratoire. On peut également voir une diminution/perte des réflexes et des tremblements des membres. De plus, une déviation de la colonne vertébrale (scoliose) et d’autres déformations vertébrales peuvent se produire, puisque le bon développement du squelette repose sur une performance musculaire adéquate. Selon le type de la SMA et la gravité du trouble, ces signes varient.
Il existe 5 types d’amyotrophie spinale classés selon la sévérité de la maladie et le stade de manifestation des symptômes :
L’amyotrophie spinale de type 0 : elle commence pendant la période prénatale, affectant le fœtus avant la naissance, et se traduit par une réduction des mouvements fœtaux en termes de la grossesse. Et se poursuit chez le nouveau-né avec une hypotonie (tonus musculaire anormalement faible) et une faiblesse musculaire sévère. Les nouveau-nés touchés manifestent une aréflexie (absence de réflexe), une diplégie faciale (paralysie partielle des muscles du visage des 2 côtés), des malformations congénitales cardiaques et quelquefois une arthrogrypose (contracture congénitale des articulations). Due à la déficience des muscles respiratoires, la mort par insuffisance respiratoire aura lieu dans les premiers 6 mois de vie.
L’amyotrophie spinale de type 1 (amyotrophie spinale infantile ou maladie de Werdnig-Hoffman) : elle est évidente à la naissance ou dans les jours qui suivent, généralement avant l’âge de 6 mois. Les bébés affectés présentent une hypotonie, une hyporéflexie, des fasciculations linguales, accompagnées par des difficultés de succion, de déglutition et de respiration. Ils rencontrent également des difficultés à tenir la tête droite et présentent des mouvements limités des jambes et des bras. Au fil du temps, cette myasthénie peut provoquer un affaissement pulmonaire et des infections respiratoires. En raison de la détresse respiratoire, 95 % des enfants meurent durant leur 1ère année de vie et, pour les autres, avant l’âge de 4 ans.
L’amyotrophie spinale de type 2 (forme intermédiaire) : elle touche généralement les enfants âgés de 6 à 18 mois. Bien que ces enfants puissent parvenir à s’asseoir, aucun ne marche ou ne rampe. Ils présentent une aréflexie, une faiblesse musculaire et des fasciculations difficiles à observer chez les jeunes. Également, une dysphagie (troubles dans la déglutition) peut avoir lieu. Généralement, ces enfants doivent utiliser un fauteuil roulant vers l’âge de 2 ou 3 ans et décèdent de manière précoce du fait des complications respiratoires. L’avancement de ces troubles peut s’entraver immédiatement, entraînant une paralysie durable et un risque élevé de scoliose (courbure de la colonne vertébrale).
L’amyotrophie spinale de type 3 (forme juvénile/maladie de Wohlfart-Kugelberg-Welander) : elle débute vers l’âge de 18 mois et évolue lentement jusqu’à l’âge adulte. Du fait que ce type s’aggrave graduellement, les enfants atteints du type 3 vivent plus longtemps que ceux affectés par les autres types et même certains d’entre eux peuvent avoir une espérance de vie normale. L’atrophie musculaire et les paralysies se manifestent de manière symétrique, débutant dans les zones proximales et se propageant vers les zones distales, et sont principalement visibles dans les membres inférieurs où les quadriceps et les fléchisseurs de hanche sont atteints initialement. Cette atteinte débutée au niveau des hanches et des cuisses s’étend aux bras, aux mains et aux pieds. Selon la gravité des complications respiratoires, l’espérance de vie peut être affectée. Également, les enfants atteints par ce type peuvent éprouver des difficultés à marcher.
L’amyotrophie spinale de type 4 : ce type débute à l’âge adulte (30 à 60 ans) et se caractérise par une faiblesse musculaire souvent proximale (hanches, cuisses, épaules) évoluant lentement. La durée de vie est généralement normale. Il sera difficile de différencier ce type d’une sclérose latérale amyotrophique avec atteinte du 2e motoneurone (neurone périphérique).
Le diagnostic, constaté par les symptômes, repose sur les antécédents familiaux et sur plusieurs tests comprenant :
• L’examen clinique : se basant sur l’évaluation des réflexes tendineux profonds, du tonus et de la force musculaire, de la posture, de la motricité globale et de la capacité respiratoire.
• Un test sanguin pour déceler la mutation du gène SMN1 et analyser les copies du gène SMN2. On a recours à d’autres tests génétiques en présence de symptômes, si aucune indication de cette maladie n’est révélée.
• Les tests électrophysiologiques : comprenant une électromyographie (EMG) mesurant l’activité électrique des muscles et des études de conduction nerveuse afin d’évaluer la fonction des nerfs moteurs. Ces tests permettent de détecter toute activité musculaire électrique anormale causée par la SMA.
• Une biopsie musculaire reposant sur le prélèvement et l’examen d’un échantillon du muscle est parfois pratiquée afin de détecter les modifications musculaires.
• Les techniques d’imageries médicales IRM et TDM peuvent être utilisées dans le but d’examiner les structures musculaires et la moelle épinière.
En cas d’anamnèse familiale (recueil des antécédents médicaux) positive, une amniocentèse peut être réalisée afin d’identifier si le fœtus est porteur du gène responsable de la maladie. Et le dépistage néonatal reste un moyen de diagnostic précoce des enfants à risque de développer la maladie.
Ces examens servent à confirmer le diagnostic précis et à identifier la gravité de la SMA, dans le but de trouver le traitement approprié.
Il existe plusieurs traitements permettant de ralentir l’évolution de la maladie, de corriger les fonctions motrices et d’accroître la durée de vie des patients atteints par la SMA, en améliorant les symptômes et le bien-être des patients. Cependant, le choix du traitement dépend de l’âge du patient, du type de la SMA et de la gravité des symptômes :
Les médicaments : ils visent à augmenter la production de la protéine SMN absente dans la SMA en ciblant les motoneurones de la moelle épinière à travers des mécanismes différents :
•Zolgensma (onasemnogene abeparvovec) : une thérapie génique délivrée par perfusion IV (intraveineuse) qui consiste à remplacer le gène SMN1 muté par une copie fonctionnelle codante pour une synthèse de la protéine SMN normale. Une dose unique et en une fois est administrée en 1 heure, juste pour les enfants de moins de 2 ans. Une lésion hépatique est un risque éventuel.
• Nusinersen (Spinraza) : un médicament modulant l’épissage de l’ARN pré-messager du gène SMN2, administré par voie intrathécale (dans le liquide céphalo-rachidien LCR entourant la moelle épinière), il accroît la synthèse de la protéine SMN (survival motor neuron) à partir du gène SMN2. Cette solution injectée entre 2 vertèbres dans le bas de la colonne vertébrale est administrée au début en 4 doses sur une durée de 2 mois, puis à intervalles constants tous les 4 mois. Il améliore les mouvements musculaires et retarde l’invalidité et la mort.
• Risdiplam (Evrysdi) : un modificateur de l’épissage du SMN2, administré sous forme liquide ou par sonde d’alimentation, une fois par jour, pour les adultes et les enfants âgés de 2 ans et plus. Ce médicament peut retarder le décès et améliorer la respiration.
Les soins de support :
•La kinésithérapie et l’ergothérapie : afin d’améliorer la fonction et la force musculaires, la fonction des membres, la mobilité et l’autonomie des enfants par le biais des kinésithérapeutes et des ergothérapeutes, des dispositifs adaptatifs permettent aux enfants d’écrire et de se nourrir.
• Les appareils orthopédiques (attelles, orthèses…) : dans le but de corriger la posture et de renforcer les muscles affaiblis.
• Le suivi respiratoire est mis en place lors d’une atteinte des muscles respiratoires, en utilisant des dispositifs d’assistance respiratoire non intrusifs (ventilateurs…) avec des exercices de ventilation pulmonaire.
•Les soins diététiques et le soutien nutritionnel : pour assurer un régime alimentaire adéquat, surtout si des difficultés à avaler sont présentes.
•Les interventions chirurgicales : dans des situations graves, telles qu’une déformation de la colonne vertébrale ou lorsque des dégâts respiratoires ont lieu, afin de gérer des complications critiques engendrées par la maladie.
Ces traitements peuvent ne pas garantir une guérison totale de la SMA, mais ils optimisent la santé des patients ainsi que leur confort de vie. Un suivi médical régulier est crucial pour prévenir les complications de la myasthénie et assurer le bien-être aux patients.