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Le post-partum : une naissance accompagnée d’une souffrance

La période du postpartum, parfois appelée puerpéralité, commence à la naissance de l’enfant et dure environ six semaines. Durant cette période, des difficultés maternelles psychologiques peuvent survenir, telles que le « baby blues », la dépression du post-partum et la psychose puerpérale. Cependant, il est d’autant plus difficile pour les mères de reconnaître ces difficultés et d’oser en parler, surtout que la grossesse et la naissance restent, dans les représentations sociales, des événements heureux.  

Dans ce qui suit, nous allons développer trois aspects les plus courants de la souffrance maternelle en post-partum, tout en mettant le point sur des conduites à tenir afin que la mère puisse dépasser correctement cette phase délicate. 

 

Commençons par le « baby blues ». En fait, il s’agit d’un épisode de déprime qui survient en général trois jours après l'accouchement. C’est pourquoi nous le nommons également le « syndrome du troisième jour ». Dans ce contexte, il s'agit d'un "orage" hormonal, émotionnel et existentiel. Le « baby blues » est également lié à la conjonction de plusieurs phénomènes, tels que la fatigue, la chute des progestatifs (hormones de la grossesse), ainsi que le bouleversement psychologique. 

Nous en déduisons alors qu’il est complètement normal pour la mère de passer par toute une gamme d’émotions après l’accouchement. Ces sentiments sont habituellement temporaires, mais se prolongent sur une longue période chez certaines femmes. Dans ce cas, nous posons le diagnostic d’une dépression du post-partum, si les symptômes surviennent tous les jours pendant deux semaines et à une intensité qui interfère avec la capacité de la mère à s’occuper d’elle-même ou de ses enfants. 

En effet, la dépression du post-partum est le trouble psychiatrique post-natal le plus fréquent, touchant 10 % à 15 % des mères. Son diagnostic repose sur les critères d’un épisode dépressif majeur. Les symptômes les plus fréquents englobent des difficultés à s’endormir, des conduites hyperactives, des difficultés de concentration, de l’irritabilité, de l’anxiété, ainsi que d’une fatigue permanente.  

Quant à la psychose puerpérale, c’est un trouble mental rare mais extrêmement grave. Selon le témoignage de plusieurs mères, ces dernières présentent des idées délirantes ainsi que des hallucinations visuelles et auditives. En fait, ce trouble psychique se manifeste généralement dans les premières semaines qui suivent l’accouchement, apparaissant de manière brutale. Leur humeur peut fluctuer de façon extrême, allant d’un affect dépressif à des épisodes d’excitation (débordement d’énergie).  

Notons que cela est vécu dans un contexte d’agitation, de confusion et d’angoisse, rendant la mère de plus en plus indifférente à l’égard de son nouveau-né. La femme pourra de même se pencher vers des gestes agressifs vis-à-vis d’elle-même ou vis-à-vis de son nourrisson. C’est pourquoi le risque de suicide ou d’infanticide est préoccupant dans ces cas. 

Terminons avec la prise en charge de la mère. Dans cette optique, le conjoint devra reconnaitre la souffrance de sa femme sans la minimiser afin d’éviter que la mère se sente encore plus coupable et incompétente.Il est aussi conseillé d’écouter la mère sans la juger, ainsi que de l’encourager à consulter un médecin.  

Il existe également diverses stratégies que la mère peut adopter afin de minimiser ses bouleversements psychiques du post-partum. Citons par exemple une alimentation saine, un sommeil suffisant, des activités physiques régulières, ainsi qu’une bonne gestion de son stress. 

En conclusion, le post-partum est une période tumultueuse, riche en remaniements psychiques profonds, mais à risque sur le plan psychologique pour la mère, en raison des bouleversements auxquels elle doit faire face. En raison de la souffrance maternelle que ces bouleversements induisent et du retentissement fréquent sur les interactions précoces mère-bébé, il est primordial de prendre en charge la mère et de lui offrir un soutien continu afin qu’elle puisse franchir cette période critique et jouir de l’expérience exceptionnelle de maternité. 

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