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La molécule de l’arénicole, une découverte médicale révolutionnaire…

La Science est un vaste monde que l’Homme s’est voué à découvrir et à apprendre. Quelle triste réalité plane autour de notre relation avec la Science ! Approfondir cette relation, l’alimenter, ne fait que nous dévoiler la profondeur du gouffre qui nous sépare de son attrait complet, du mystère de sa complexité. Et pourtant, nous y sommes attirés, tels des mouches sur un vieux mets, avec toujours cette ardeur inéluctable à déceler l’indécelable, et à comprendre l’incompris. C’est justement cette ardeur, cette curiosité infaillible qui a mené Franck Zal, chercheur français, à faire une exploration médicale capable d’égaler la grandeur de la découverte de la pénicilline : la molécule de l’arénicole. 

Certains seraient surpris en apprenant que cette prouesse médicale provient, en réalité, d’études réalisées sur un simple ver marin, l’« arénicole », connu également sous le nom de « buzuc ». Tout a commencé le 16 janvier 2018, lorsqu’un spécialiste en biologie marine, passionné depuis sa tendre enfance par les fonds marins et leurs écosystèmes, découvre cet animal quelque peu insignifiant sur les plages de Bretagne. Zal commence très vite à s’intéresser au cycle de vie de cet animal, ainsi qu’à ses modalités de survie : comment cet invertébré arrive-t-il à respirer entre la marée haute et la marée basse ? Après s’être focalisé sur le sang de l’arénicole, Zal découvre une molécule-clé, une hémoglobine non-retrouvée à l’intérieur d’un globule rouge, capable de stocker de l’oxygène en quantité extraordinaire. C’est ainsi que ces vers arrivent à survivre aux marées hautes, les exposant à des conditions d’extrême déprivation oxygénée. L’arénicole arrive à accumuler 6 heures d’apnée grâce à cette hémoglobine particulière, en comparaison avec le champion d’apnée humain, dont les hémoglobines classiques ne lui confèrent que 11 minutes de respiration sous-marine.  

Cette molécule se voit donc innovante et surtout salvatrice, brillant dans des domaines qui dépassent fort bien l’étendue de notre connaissance conventionnelle, de nos attentes et de nos prérequis.  

Effectivement, l’image des marées hautes et basses, discutée précédemment, peut facilement être transposable au fonctionnement du corps humain, corrélant la marée haute à l’ischémie (perte d’oxygène) et la marée basse à la reperfusion (rechargement en oxygène).  

Peut-être la molécule de l’arénicole pourrait-elle servir de stockage suffisant d’oxygène, évitant ainsi l’ischémie, en l’attente d’une prise en charge et d’une éventuelle reperfusion ? Cette molécule marine est en effet capable de lier 40 fois plus d'oxygène que nos hémoglobines humaines, facilitant ainsi transfusion, cicatrisation et surtout transplantation. Cette molécule répond donc à la problématique de l’« ischémie-reperfusion », qui demeure non élucidée depuis l’existence de la médecine.  

La molécule de l’arénicole s’est imposée dans le domaine de la transfusion sanguine. Les dons de sang sont normalement préservés à une température de 4 degrés pendant une durée de 42 jours. Avec cette molécule, la péremption des culots sanguins s’étale à près de 5 ans, sans typage sanguin… une réelle révolution médicale.  

Cependant, le domaine dans lequel la molécule de l’arénicole s’est particulièrement distinguée est celui de la transplantation d’organes. Longtemps considérée comme étant « un fardeau médical », la transplantation concerne aujourd’hui près de 22 000 patients sur liste d’attente, et 1000 patients qui en décèdent tous les ans, avec des technologies de préservation peu adaptées. La molécule de l’arénicole pourrait potentiellement offrir une solution prometteuse à ces défis, octroyant un gain de temps monstrueux dans les greffes d’organes : un poumon, suite à l’utilisation de cette molécule, a pu être préservé pour 48 h, au lieu de 6 h. Les cellules rénales ont pu être préservées pendant 7 jours au lieu de 12 h.  

 

La médecine et la Science sont, comme on a souvent tendance à le dire, en perpétuel changement. Franck Zal, aujourd’hui, se voit porteur du flambeau de la Science, offrant, par une étude minutieuse des fonds marins, une solution révolutionnaire pouvant radicalement changer l’Histoire de la médecine. Avec une transplantation d’organes devenue « moins urgente », voire même presque « programmable », qui sait à quoi ressemblerait la médecine des temps modernes… 

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