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L’art, victime de son propre succès ?

Entre la menace et l’effroi illustrés par Picasso dans Guernica, le mystère et la profondeur obscure émanant de la Nuit étoilée de Van Gogh, le monde de l’Art semble intrinsèquement lié à la souffrance de l’Homme. Longtemps considéré comme la plus noble des échappatoires, l’Art s’est vu thérapeute éternel de l’homme, objet et sujet de son auto-catharsis… Et pourtant, ce lien sacré s’est vu malencontreusement profané. Des idées artistiques… remplacées par des idées fanatiques. Motivés par des causes sociales et politiques, des activistes prennent d’assaut musées et galeries. Une nouvelle forme de protestation émerge. Passer de représentation à victime, de porte-parole à source de message, quelle décadence… 

De nombreux artistes décident de mettre en œuvre leur talent, de se faire porte-parole des plus démunis, revendicateurs de l’opinion publique, de sorte que leur Art constitue un réel miroir de la société. 

Des œuvres telles que "Les mangeurs de pommes de terre" de Van Gogh qui illustrent un repas modeste de la classe sociale recluse, marginalisée ou "Les glaneuses" de Jean-François Millet incarnent cette fonction, donnant voix aux classes populaires et exprimant leurs luttes et leurs aspirations. 

Cependant, aujourd'hui, certains activistes pour le réchauffement climatique perçoivent l'art comme superflu, voire nuisible. Ils critiquent les sommes faramineuses dépensées dans le monde de l'art, les considérant comme un gaspillage face aux défis pressants tels que le changement climatique. En effet, ils condamnent l'allocation de maintes ressources à des œuvres d'art, alors qu’elles pourraient être consacrées vers des initiatives directement liées à la résolution des crises environnementales.

Les incidents récents de vandalisme artistique ont secoué la communauté artistique mondiale. Des œuvres précieuses, voire même historiques (Mona Lisa, Leonardo Da Vinci – The Sunflowers, Van Gogh – The Scream, Edvard Munch) ont été vandalisées, taguées, voire même détruites au nom de diverses causes sociales, notamment les causes environnementales.

Cependant, ces actes de vandalisme ont également suscité des réactions mitigées, vives et parfois hostiles. De nombreux artistes, conservateurs et amateurs d'art condamnent ces actions comme étant non seulement destructrices, mais aussi contre-productives. Ils soutiennent que le vandalisme d'œuvres d'art est une violation de la liberté artistique et un manque de respect envers le travail des artistes. 

Pourtant, d'autres voix soutiennent que l'art doit être provocateur et engagé, et que le vandalisme artistique pourrait être un moyen légitime de faire part des voix marginalisées. Ils soulignent l'histoire de l'art comme un terrain fertile pour la contestation sociale, rappelant des mouvements tels que le surréalisme, le dadaïsme et le situationnisme, qui ont utilisé des tactiques similaires pour remettre en question les normes établies et inciter le changement social.

Finalement, la controverse entourant le vandalisme artistique en tant que forme d'activisme soulève des questions complexes sur le pouvoir de l'art en tant qu'outil de changement social. Alors que certains condamnent ces actions comme étant irrespectueuses et contre-productives, d'autres les voient comme une expression légitime de la colère et de la frustration face à l'injustice. Mais enfin, ne serait-il pas hypocrite de faire taire la créativité artistique afin de donner une voix à nos propres idéologies ?

Quelle que soit l'opinion, une chose est claire : l'art continue de jouer un rôle crucial dans la façon dont nous abordons et traitons les problèmes qui définissent notre époque.

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