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L’interface entre Foi et Raison pose un conflit qui n’a pas de date de naissance, qui a toujours existé, du simple fait que l’homme pense, trop ou peu, selon votre position dans ce conflit. 

 

Saint Augustin enseigne que les hommes devraient se fier à leur intuition et donc à leur foi : « Comprendre Dieu est impossible à un intellect créé quel qu’il soit ; mais que notre esprit l’atteigne de quelque manière, c'est déjà une grande béatitude ». C’est en effet ce caractère curieux de l’être humain qui engage ce débat, sa soif pour la compréhension. Mais cela va au-delà du litige qui oppose la foi à la raison ; ce savoir que recherche l’humain est la raison même de son existence, le fondement même de la philosophie. Que font vraiment les philosophes ? Ils remettent en question tout, y compris leur existence.  

Leibniz va plus loin que Saint Augustin et dit que « la raison est un don de Dieu aussi bien que la foi, et vouloir les opposer revient à faire combattre Dieu contre lui-même ».  

 

Outre le caractère curieux de l’être humain, les hommes sont aussi égocentriques, certains passant leur vie à essayer de prouver qu’ils ont raison : chaque religion veut prouver qu’elle est la bonne, chaque parti politique veut prouver qu’il propose le meilleur avenir pour le pays, les systèmes éducatifs obligent les étudiants à vouloir décrocher les meilleures notes et ainsi de suite… Il y a une présence suffocante de cette envie de se distinguer qui certes anime le monde, mais qui détruit le monde aussi bien. 

 

« Il ne faut pas croire aveuglement », « Il ne faut pas chercher à tout prouver ». Ainsi, à cette envie d'être le meilleur, viennent s’ajouter des interdictions que l’Homme se permet d’imposer par rapport à ses convictions personnelles. 

 

Mais en réalité, au lieu d’opposer la foi et la raison, pourquoi ne pas les concilier ? 

 

C’est d’ailleurs sur cela que s’attarde Thomas d’Aquin qui explique que l’Homme a accès à la vérité et que la foi ne saurait aller contre la raison. 

 

Le problème n’est pas que ce sont des notions différentes ; le problème réside dans le fait que trancher en faveur de leur convergence ne peut échapper à la subjectivité et finira donc par diverger à nouveau pour certains. Ce qui est foi pour certains ne l’est pas pour d’autres et ce qui est raison pour certains ne l’est pas pour d’autres. Chacun pourrait passer des années à essayer de prouver sa foi à l’autre, mais les éléments de preuve sont subjectifs et pourraient être inopérants pour le partisan de la raison exclusive. 

 

En conclusion, ces deux notions apparaissent convergentes du fait qu’être raisonnable dans ce contexte serait avoir foi en connaissance de cause. Mais c'est sur cette cause que les avis s’opposent, et cela ne sera jamais tranché de façon unanime pour tous les êtres humains, du fait que la subjectivité de ces causes domine le débat et le laisse sans fin. 

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