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Peut-on parler de “sciences” religieuses ?

Au sens large, la science se rapporte à la notion du savoir qui émane de la raison, cadrée par des règles précises qu’elle doit respecter pour être alors véritablement science. Elle dénote une approche descriptive qui répond à la question « Comment ? » en fournissant des preuves logiques et reproductibles. En considérant que science et religion sont complémentaires, nous pouvons déduire que cette dernière répond donc au « pourquoi ? » selon une conception perspective (B. Spinoza).  Serait-il alors pertinent, face à cette divergence structurelle, de considérer la religion telle une science qui correspond en tout terme à sa définition ? Existent-ils des moyens de prouver, à l’infini, les réponses fournies par une foi personnelle où toute explication est possible ?  En effet, cette multitude de réponses ne signifierait-elle pas qu’en réalité, nous n’en n’avons pas ? 

S’efforcer à répondre au « comment » et au « pourquoi » serait en fait une fausse dichotomie. Certes, les seuls « pourquoi » que nous pouvons clairement affirmer sont vraisemblablement des « comment », puisqu’en les classant comme inébranlables du fait qu’ils soient prouvés, nous faisons appel à la démarche scientifique qui les catégorise dans le « comment ». 

En mettant de côté la tentative de complémentarité, nous pouvons alors passer à un rapport d’indépendance entre la foi et la raison. Il faut tout de même éviter d’aller directement vers un modèle d’opposition, puisque toutes deux peuvent cohabiter sans toutefois s’empiéter l’une sur l’autre. Néanmoins, la terminologie de « sciences religieuses » pourrait être critiquée du fait de leur incompatibilité pratique. 

L’historien des religions, Mircea Eliade, aborde dans son livre Le sacré et le profane une qualité constitutive de la religion ; c’est qu’elle est sacrée. « Ce qui rend une chose sacrée est le rapport que j’entretiens avec elle. Une chose sacrée est une chose séparée, interdite, que je n’ai pas le droit de toucher, ni de consommer, sauf par l’intermédiaire d’un rite. Le profane, au contraire, est ce qui est accessible sans la médiation d’un rite. »

Ainsi, la religion ne peut être soumise à des questions qui vérifient sa plausibilité et elle ne peut être corrélée avec la démarche scientifique considérée comme profane. 

Concilier entre science et religion dans un modèle de convergence et d’intégration ne pourrait donc pas être bénéficiaire et il serait préférable de les considérer comme des entités différentes qui, lorsqu’elles ne s’affrontent pas, peuvent coexister. 

Finalement, la religion découle de la foi et la science de la raison, ce qui les empêche d’accomplir toutes deux le même rôle informatif sous l’emblème de « science ».  Nous pourrions alors argumenter qu’elles constituent deux sphères différentes. 

Mais qu’en est-t-il des situations où Science et Religion s’affrontent ?

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