De quel projet éducatif sommes-nous porteurs ?
De quel projet éducatif sommes-nous porteurs lorsqu’il « fait minuit dans notre siècle » (Serge, 1936) ? De quelle espérance sommes-nous témoins dans une société contemporaine, empreinte d’une poussée d’individualisme et d’un excès de consumérisme, avec des crises qui semblent interminables ? Les mutations sociétales se succèdent et semblent reléguer l’humain à l’arrière-plan, au point d’amener Edgard Morin à affirmer tout récemment qu’il s’agit de « la crise de l’humanité qui n’arrive pas à devenir Humanité » (Le Monde, 2024). Cette réalité nous interpelle et nous incite à dépasser nos débats usés, nos clivages égocentriques et nos conflits stériles pour nous engager, ensemble, au service de la noble mission qu’est l’éducation. Comment… si ce n’est par la solidarité, en donnant un sens véritable à la notion de « communauté éducative ».
Ce collectif intelligent prend pour levier principal l’alliance du savoir scientifique universitaire avec l’expérience du terrain professionnel, permettant de donner naissance à de nouvelles idées et à des solutions qui auraient été introuvables par chacun seul. C’est alors que ces deux expertises, certes différentes mais complémentaires, s’engagent à associer les connaissances scientifiques à l’implication sur le terrain, valorisant l’action réfléchie et discernée au service du Bien commun, rejoignant la conviction de Paulo Freire (1974) lorsqu’il affirme que « les hommes s'éduquent ensemble par l'intermédiaire du monde ».
Chers étudiants,
Cette réalité questionne notre mission d’éducateurs et de responsables accompagnants afin d’œuvrer ensemble pour réduire le fossé entre les institutions éducatives et la société, par une approche écosystémique et complexe de la réalité, basée sur une démarche collective qui encourage et accompagne les initiatives. Travaillons pour que cessent les rejets, les jugements et les peurs, afin que chaque acteur éducatif se sente rassuré et reconnu dans sa dignité, travaillons surtout pour consolider les partenariats entre les élèves, les enseignants et les parents, entre l’école et la société, pour que la méfiance cède la place à la confiance, rejoignant l’éthique de l’altérité explicitée par "The best way to get acquainted with others is indeed not to notice the color of their eyes" (Levinas, 1991) and this will only happen if we completely get rid of our ego and unite in our deep humanity.
Arabic version
(Serge, 1936)، Edgard Morin(Le Monde, 2024)
Paulo Freire أن "أيها الطلاب الأعزاء،إن هذه الحقيقة تجعل من مهمتنا كمعلمين ومرافقين موضع تساؤل، من أجل العمل معًا لتقليص الفجوة بين المؤسسات التعليمية والمجتمع، من خلال مقاربة منهجية للواقع، مستندة إلى مسار جماعي يشجع المبادرات Lévinasفي مقولته الشهيرة "الواحد من أجل الآخر"، مع "نعم غير مشروطة" تجاه الآخرين. فهو يدعونا إلى الإيثار الجذري (وليس فقط الإيثار الودود)، معتبرًا أن "أفضل طريقة للقاء بالآخر هي في الحقيقة ليست ملاحظة لون عينيه" (أنانيتنا، واتحدنا بإنسانيتنا العميقة.
Agir de la sorte, c’est oublier que l’enseignement fait partie des métiers de l’humain et qu’il n’accède aux frontières du “possible” que si « l’impossible » devient « affordance » (Billett, 2001) et source de renouvellement de l’enseignant, un bien précieux qui bouscule son quotidien, l’interpelle et l’incite au questionnement. Dans sa relation à l’apprenant, à « l’autre » qui est « irréductible » (Lévinas), l’enseignant ne peut pas tout prédire s’il est dans l’éthique et qu’il considère l’apprenant comme un “être” singulier, en soi complexe et insaisissable, capable de réflexion et d’action autonome. C’est alors que l’humilité intellectuelle de l’enseignant, clé de voûte d’un enseignement “possible” et réussi, s’impose comme condition sine qua non à son développement ainsi qu’à celui de l’apprenant, devenant ensemble partenaires et co-acteurs d’un savoir partagé et de compétences co-développées. Acceptant la remise en question tant au niveau de l’expertise que des relations humaines, l’enseignant se défait de sa toute puissance et, conscient de l’importance du contact social dans l’opération d’apprentissage, il compose avec son quotidien, tissé d'imprévus, pour construire ses actions pédagogiques et s’enrichir des aléas du métier.
Dans cette aventure humaine, le métier d’enseignant engage en profondeur sa personne, dans son être le plus profond. Bien plus qu’un savoir à partager ou des compétences à développer, la présence de l’enseignant requiert ainsi une autorité dialogique (Ricœur, 1990), voire un talent pédagogique empreint de sensibilité et de bon sens. L’enjeu serait alors dans sa capacité à promouvoir son expertise didactique et pédagogique sans négliger le discernement et à se doter de la passion de l’enseignement sans se déconnecter du souci de l’apprenant afin de lui insuffler le désir de cheminer et de se construire intellectuellement, socialement et humainement.
Patricia Rached
Quelle excellence pour des apprenants épanouis ?
Par les temps qui courent, l’école réussit-elle son pari d’être un véritable lieu de vie où règnent respect et tolérance, où l’être et le devenir des élèves l’emportent sur leur réussite scolaire ? L’impact de l’épanouissement personnel et social des apprenants sur leur capacité à apprendre n’est plus à prouver, les processus de nature socio-émotionnelle étant inhérents à la dynamique d’apprentissage (Gendron et La Fortune, 2009). Toute la compétence de l’enseignant réside dans sa capacité à s’occuper de l’ensemble des élèves, en portant un soin particulier à chacun d’eux, comme si chaque élève était « unique », comme si, sur chacun d’eux, se jouait le sort du monde...
La Faculté des sciences de l’éducation vise à former des éducateurs soucieux d’une excellence constructive qui favorise l’émulation plutôt que la compétition et se situe dans un contexte plus large d'excellence humaine. Dans ce sens, elle vise davantage la formation de la personne que la simple transmission du savoir, favorisant le développement intégral de l’élève. Elle incite chacun au « Magis », à donner le meilleur de lui-même, au sein d’un vivre-ensemble harmonieux, d’une collectivité accueillante à l’autre et à la richesse de sa différence, la concurrence entre humains ne pouvant qu’altérer toutes les valeurs de l’humain.
Cette posture d’excellence constructive, attendue de l’enseignant, rompt avec la logique traditionnelle et suppose le déplacement de son rôle vers une posture d’accompagnateur. Ce dernier partage le quotidien de l’apprenant, soucieux de son bien-être, au sein d’une institution transformée en un lieu de vie, de rencontre et d’épanouissement. L’importance d’un climat institutionnel positif est incontournable, au regard des multiples bénéfices qu'il apporte aux apprenants, aux enseignants et à l’institution (Letor, 2009 ; Harris, 2007). C’est dans le cadre d’une excellence constructive, conjuguant les efforts des enseignants et ceux des chefs d’établissements, que l’on peut contribuer à la construction d’un devenir sociétal meilleur, au service de l’homme, de tout homme et de tout l’homme.
Patricia Rached
Former des éducateurs humanistes
À l’heure où nous sommes envahis par une société de consommation qui nous détourne d’une vie simple et centrée sur l’essentiel, certaines qualités comme l’authenticité, la gratuité, la bienveillance, le respect de soi et de l’autre nous questionnent et nous incitent à relever le double défi de la formation intellectuelle et humaine, auprès de chacun de nos étudiants.
Il est certes important que l’étudiant-éducateur, inscrit à la Faculté, se dote de compétences professionnelles, intellectuelles et culturelles, qu’il se distingue par un sens aiguisé d’une critique constructive, qu’il maîtrise les outils d’un savoir-faire très développé. La Faculté se veut également un lieu qui place l’épanouissement personnel et social de ses étudiants au centre de ses préoccupations ; elle veille à cultiver le goût du bel esprit et du travail noble et bien fait.
Par conséquent, la Fsédu ne peut pas former des éducateurs passionnés de rentabilité et soucieux d’éthique, elle ne peut réclamer le beurre et l’argent du beurre. Elle précise sa mission et fixe ses priorités. Elle opte pour la pédagogie de l’humain et aspire à assurer une formation intégrale à ses étudiants, à former des éducateurs aptes à être des modèles d’authenticité et de vérité, dotés de valeurs qui les rendront humains au service de l’humanité.
Patricia Rached
Révérend Père Recteur,
Madame le Doyen honoraire,
Mesdames et Messieurs les Doyens et Directeurs,
Chers collègues, chers diplômés,
Chers amis,
Apprendre de manière non-formelle par les lectures, les médias, la relation aux autres ou de manière formelle, comme vous l’avez fait, dans le cadre d’une institution éducative, apprendre tout au long de la vie n’est donc plus un luxe. La plus-value du Diplôme Universitaire (DU) que vous avez suivi, c’est certes la formation pédagogique à la gestion de classe, à l’accompagnement, au numérique ou encore à l’enseignement basé sur les résultats d’apprentissage mais c’est aussi aiguiser votre désir d’apprendre, cette soif du savoir qui nourrit l’âme et l’esprit, et vous place dans une posture de « l’apprenance », chère à Philippe Carré, qui la résume en une attitude favorable à l’apprentissage, un cheminement riche de découvertes pour un devenir meilleur.
Depuis 2004, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth s’est inscrite dans cette logique d’organisation apprenante, avec la mise en place du Laboratoire de pédagogie universitaire sur l’initiative de Mme Nada Moghaizel-Nasr, alors Doyen de la Faculté. En 2012-2013, cette initiative a connu un tournant institutionnel, grâce au Recteur de l’Université, le Père Salim Daccache sj, afin de professionnaliser le métier d’enseignant du supérieur et d’assurer une adéquation entre excellence de la recherche et excellence de l’enseignement. Mais, pour que la communauté éducative intègre cette dynamique, il faut du courage et, surtout, de l’humilité !
Vous, chers diplômés, vous avez relevé ce défi ! Vous inscrire à ce DU, intégrer cette dynamique de l’apprentissage de plein gré, revenir sur les bancs de l’université, c’est faire preuve d’humilité ! L'humilité, cette vertu cardinale qui s'oppose à l'orgueil et à la suffisance, qui appréhende l’apprentissage comme l’occasion d’un épanouissement personnel et intellectuel. Enseignants au sein du DU, nous sommes appelés, nous aussi, à être des témoins d’humilité. Réussir notre enseignement, c'est cheminer dans ce processus d’apprentissage permanent, c’est travailler notre posture d’enseignant sensible à l’humain, c’est entretenir l’espoir dans l’avenir de chacun de nos apprenants et reconnaître qu’en formant, on se forme, reprenant les paroles de Pierre Dansereau à ses étudiants : « Si je n’apprends rien de vous, vous n’apprendrez pas grand-chose de moi ».
Permettez-moi de clôturer en remerciant la belle équipe de la FSedu, enseignants et personnel administratif, notamment Mme Sonia Constantin, Chef du Département de formation continue, responsable du DU et Mlle Jessica Matta, chargée de formation professionnelle. Merci à vous aussi Révérend Père Recteur de votre confiance, merci aux directeurs et doyens d’avoir soutenu leurs enseignants dans l’inscription au DU. Merci à vous chers collègues et amis d’être là !
Patricia Rached
Révérends Pères, Révérendes Sœurs,
Mesdames et Messieurs les chefs d’établissements,
Chers partenaires,
Chers collègues, chers amis,
Qualité de vie à l’école, prévention des violences, justice scolaire, stratégies d’équipes, pratiques partenariales, … Tant de notions qui renvoient au principe de climat de scolaire et qui relèvent de défis à contrer. Tenant lieu de communauté éducative, l’établissement scolaire s’expose à des enjeux relationnels nés de la confrontation de besoins, de désirs, d’intérêts, voire de valeurs.
Dans ce contexte, dans quelle mesure les institutions éducatives sont-elles capables de relever le défi d’un vivre ensemble harmonieux et constructif ? Comment la mise en place de stratégies pédagogiques et administratives est-elle susceptible d’agir sur l’atmosphère éducative ? Entre perte d'estime de soi, baisse des résultats scolaires et décrochage, problèmes de discipline, violence et harcèlement, anxiété, les problèmes sont nombreux. Comment faire de l’instauration d’un climat sain une de ses priorités d'action ?
Un tel projet, de si grande envergure, dépend d’une volonté institutionnelle qui mobilise les divers acteurs, chargés de la formation de l’étudiant, dans le cadre d’un travail collectif. Il s’inscrit dans une politique pérenne et globale pour travailler sur les stratégies d’équipe et les stratégies pédagogiques. Il fixe également un cadre et des règles explicites, renforce le lien avec les partenaires afin d’instaurer un vivre ensemble respectueux des différences, une vie communautaire saine, juste et bienveillante, apte à favoriser l’épanouissement et le développement de tout un chacun, au sein de la communauté éducative, élèves, enseignants, personnels administratifs et parents d’élèves.
Le concept de climat scolaire n'est certes pas récent. La nature des défis à relever revêt de nouveaux aspects avec l’évolution de la société. M. Éric Debarbieux, que nous avons le plaisir et l’honneur de recevoir parmi nous, nous exposera ces défis et soulignera l’importance de la mise en place d’un climat scolaire de qualité, visant à transformer l’établissement scolaire en un lieu de vie.
M. Debarbieux est délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire et directeur de l'Observatoire international de la violence à l'école depuis 2004. Il a été Président du comité scientifique de quatre conférences mondiales sur la violence à l'école (Paris, 2001 ; Québec, 2003 ; Bordeaux, 2006 ; Lisbonne, 2008). Il a été Délégué ministériel à la prévention de la violence scolaire.
Patricia Rached
Votre Excellence, Monsieur le Président de la République, le Général Michel Aoun,
Révérend Père Recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth,
Madame la Présidente du CRDP (Centre de recherche et de développement pédagogiques)
Chers partenaires de l’Institut Français du Liban et des Ecoles Al-Mahdi,
Mesdames et Messieurs, présidents et responsables de la Fédération des associations éducatives,
Mesdames et Messieurs les Enseignants,
Chers collègues, chers Amis,
Il va sans dire qu’accompagner des élèves en difficulté de nos jours relève du défi, tant les conditions d’enseignement et d’apprentissage deviennent plutôt complexes. D’une part, les classes surchargées et hétérogènes, d’autre part, des élèves aux profils variés aussi bien au niveau de leurs styles d’apprentissage qu’au niveau de leurs traits de caractère bien différents… Des classes donc difficiles à gérer, auxquelles s’ajouterait la « constante macabre d’Antibi » (1881, 2003), cette systématisation des mauvaises notes, une sorte d’évaluation-couperet qui entraînerait le découragement et l'exclusion de nombreux élèves… Quelle solution donc pour ces élèves souvent à la traîne, qui « ont du mal à vivre l’école et ses pratiques » (De Ketele, 2017) ? La remédiation, dira-t-on… Oui, mais de quelle remédiation s’agit-il ? Est-ce le soutien scolaire ? l’aide aux devoirs ? les cours de mise à niveau ? S’agit-il de dispositifs ponctuels ou pérennes ?
La remédiation, entendue dans son sens restreint, visant à assurer une aide (un remède) aux élèves à la suite d’erreurs commises pourrait se faire d’une manière ponctuelle. Mais, prise dans son sens plus large, visant à mettre l’apprenant en relation avec le savoir, dans une approche constructive et autonome, épouserait la dynamique d’accompagnement qui s’adresserait à l’élève dans son intégralité, d’une manière holistique, vu l’impact de son bien-être personnel et social sur sa capacité et son désir d’apprendre. Cette approche holistique tiendrait compte des diverses dimensions physique, psychologique, mentale, émotionnelle, familiale, sociale ou encore culturelle, pouvant influencer sa dynamique d’apprentissage.
Si le but de toute éducation est « de faire des hommes avant tout", reprenant l’expression d’Olivier Reboul, la démarche d’accompagnement de l’élève serait donc un peu plus complexe. Elle viserait à travailler sa posture d’apprenant, le dotant des habiletés nécessaires pour réussir son métier d’élève, au-delà d’un remède ponctuel apporté à une quelconque difficulté disciplinaire. Cela suppose une posture d’accompagnateur bienveillant, apte à cheminer auprès de l’élève sans l’envahir, dans une juste distance, afin de contribuer à développer ses compétences d’apprenant. Il l'aide à construire son savoir, d’une manière volontaire et autonome, à adhérer à l’apprentissage avec conviction et liberté, pour réaliser son propre projet et non de celui que le maître lui indique.
Mais, cette tâche ardue et délicate interpelle l’humilité de l’accompagnateur, d’autant plus que, dans ce cheminement, rien n’est prévu à l’avance. L’accompagnateur découvre avec l’élève accompagné les aléas du parcours, s’y adapte et accepte de s’enrichir de cette expérience, à cachet humain unique. Il découvre avec lui un savoir et un savoir-faire, notamment une manière d’être et d’agir, au point de reconnaître souvent, qu’en formant, il se forme, rejoignant Pierre Dansereau qui dit à ses étudiants : « Si je n’apprends rien de vous, vous n’apprendrez pas grand-chose de moi ».
La Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth épouse cette cause, celle de la pédagogie de l’humain. Elle aspire à former des éducateurs compétents, férus de valeurs humaines et dignes d’accompagner chaque élève dans sa singularité, afin de les aider « à faire de leur vie un original, c'est-à-dire une vie unique et non une copie d’autres vies », selon Barnabé et Dupont. Elle est consciente que l’individualisme est mère de tous les vices et qu’une éducation réussie serait dans la formation d’apprenants qui aspirent à "se vouer-à-l'autre" ou comme le dit si bien Emmanuel Lévinas « la possibilité de l'un-pour-l'autre », se plaçant ainsi au cœur de l’éthique. La Faculté des sciences de l’éducation voudrait ainsi que les éducateurs qu’elle forme mettent leurs compétences au service de la société, afin de construire un monde meilleur, faisant « advenir l'humanité dans l'homme », selon la belle expression de Philippe Meirieu.
Patricia Rached
Votre Excellence, Madame la Députée, Bahia El-Hariri,
Excellences,
Révérend Père Recteur de l’Université Saint-Joseph,
Monsieur le président du syndicat des enseignants du Liban, M. Nehmé Mahfoud
Révérend Père, coordonnateur général de l’Assemblée des établissements éducatifs privés au Liban, Père Boutros Azar,
Mesdames et Messieurs les membres du comité exécutif de l’Ordre des enseignants au Liban,
Mesdames et Messieurs les chefs d’établissements,
Mesdames et Messieurs les enseignants,
Chers collègues, chers amis,
Que d’enjeux à relever, de nos jours, face à des apprenants blasés de consommation et à des parents qui ne savent plus quoi faire pour les satisfaire… Dans ce contexte, comment l’école peut-elle assumer son rôle et porter avec les Parents l’éducation et l’épanouissement de leurs enfants ? Comment peut-elle fournir une formation de qualité aux apprenants qui lui sont confiés ?
La réponse pourrait se trouver du côté de Montaigne qui affirme que l’enfant doit d’abord « apprendre à être sage » et, pour cela, il lui faut un « bon maître ». Un bon maître, c’est celui qui éduque par la force de l’exemple, précise Corneille et Jacques André (2005) d’affirmer plus tard que les éducateurs « enseignent ce qu’ils sont »… c’est vous dire l’importance de la formation des enseignants, dans l’esprit du Magis ignatien.
La Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth va dans ce sens. Elle est convaincue qu’en formant des éducateurs compétents, assurant une adéquation entre l’expertise académique et les valeurs humaines, elle contribue à la formation d’une génération d’apprenants épanouis et heureux, transformant l’école en un lieu où « l’on apprend à vivre », souhait émis par Jean-Jacques Rousseau dans l’Emile. Elle se place en partenaire dans cette tâche ardue, pour réfléchir, agir et soutenir ce rêve d’assurer une éducation idéale, basée sur des valeurs humaines pour construire un monde meilleur. Ainsi, dans sa vision 2025, la Faculté a opté pour « la pédagogie de l’humain », aspirant à former des enseignants, témoins d’authenticité, d’intégrité et de justice, au service de la société. Elle cherche à promouvoir les valeurs ignatiennes, en cohérence avec l’identité jésuite de l’Université, comme l’ouverture à l’autre, dans l’acceptation inconditionnelle de ce qu’il est, le service des plus démunis, l’éducation au discernement et à l’esprit critique, la liberté individuelle et collective, etc.
Mais, enseigner c’est aussi un métier. On apprend le savoir-enseigner, le savoir-agir pour être médiateur d’un savoir constructif, pour accompagner avec éthique professionnelle l’apprenant afin de l’aider à atteindre ses buts et à réaliser son projet de formation. Le présent colloque ainsi que les ateliers proposés n’apportent peut-être pas toute la solution mais ils proposent des pistes de réflexion sur la manière de gérer la classe, de donner envie d’apprendre aux apprenants, d’instaurer et de maintenir un climat scolaire positif… des pistes qui pourront aider les divers acteurs à porter le flambeau de l’excellence humaine et intellectuelle de l’éducation au Liban.
La Faculté des sciences de l’éducation vous souhaite la bienvenue et se met à votre service pour porter avec vous cette mission exigeante, délicate, voire sacrée qu’est l’éducation, pour témoigner avec vous de cette passion de l’espérance…
Patricia Rached
Bio en bref - Pr. Patricia Fata Rached, HDR, Doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation
Après des études au Collège Notre Dame de Jamhour, Patricia Fata Rached a poursuivi ses études universitaires à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ). Elle a successivement obtenu, de l’USJ, une Licence d’enseignement en langues vivantes, un Diplôme d’aptitude à l’enseignement des langues et un Diplôme de traduction. Par la suite, elle a entrepris des études en sciences de l’éducation et a obtenu un Doctorat en sciences de l’éducation, sur le thème de l’accompagnement, sous la présidence du Professeur Jean-Marie De Ketele, de l’Université Catholique de Louvain (UCL). Elle a publié une série de recherches, dont « Impact de l'accompagnement sur la motivation des étudiants au supérieur », « Gestion de classe au supérieur et leadership pédagogique », « Le tutorat par les pairs dans l’enseignement supérieur », etc.
Depuis 1992, Patricia Fata Rached a une longue expérience dans l’enseignement à l’USJ. Elle y a rempli également de nombreuses fonctions pédagogiques dont les plus récentes, conseillère pédagogique et coordinatrice des études. Formatrice de formateurs, elle est fortement impliquée dans la pédagogie universitaire, notamment dans le domaine de l’accompagnement, de la communication interpersonnelle et de la gestion de classe au supérieur. Elle possède également une longue expérience en pédagogie scolaire, ayant été successivement « Préfet de niveau » au Collège Notre-Dame de Jamhour puis « Vice-Présidente à la pédagogie » du réseau des écoles et collèges jésuites du Liban.