Lieu historique et très convoité par les touristes, dont les merveilles remontent à l’époque gréco-romaine, le temple de Baalbek est aujourd’hui classé parmi les sites les plus grandioses et les mieux conservés de nos jours.
Bien connue pour ses vestiges à couper le souffle, ses temples majestueux et imposants ainsi que ses constructions colossales, la ville de Baalbek regorge plus de 5000 ans d’histoire. À 85 km de Beyrouth, elle est perchée sur une colline de 1150m d’altitude, au pied du versant occidental de l’Anti-Liban et surplombant la vallée de la Bekaa-Est. Ce lieu historique, ayant arboré des billets monétaires et des timbres, est un symbole du patrimoine libanais qui est classé comme patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994. Aujourd'hui, la « cité du soleil » est un acteur majeur du tourisme libanais et un héritage historique et culturel du pays.
A) Histoire chronologique de Baalbek
Les archéologues retracent la construction des temples de Baalbek à l’époque phénicienne (entre 2900 et 2300 av. J.C.). Dédiée au dieu phénicien Baal, la cité de Baalbek signifierait en phénicien « Seigneur de la Cité ». Baalbek fut construite sur une « Tell » (colline), à la jonction des principales routes commerciales caravanières reliant la Mésopotamie, l’Egypte et les villes du Levant. Son emplacement lui attribua ainsi, dès sa conception, une influence commerciale de haute importance. Outre le temple du dieu Baal (divinité principale de la cité), trois autres temples (ceux de Jupiter, Bacchus et Vénus) sont construits en honneur des dieux phéniciens Adonis, Haddad et Astarté.
Avec l'arrivée d’Alexandre le Grand (332 av. J.-C), Baalbek devient une cité grecque sous le nom d’Héliopolis (signifie « cité du soleil » en grec). Il ne nous reste qu’un podium du temple grec de cette époque. C’est sur ce même podium que se dresse aujourd’hui le temple de Jupiter.
C’est ensuite sous l’occupation romaine (depuis 64 av. J.-C) que les fameux temples de Baalbek ont été construits. Soucieux de montrer la toute-puissance de son empire à son apogée et conscient de la position stratégique de cette cité de la nouvelle colonie romaine (Baalbek), l’empereur Octave Auguste ordonne la construction de ces temples, qui ont pris au bout de trois siècles une allure spectaculaire afin de refléter la grandeur de l’empire romain.
Cependant, dès le IVe siècle, et avec la conversion de l’empire romain au christianisme par l’empereur Constantin, Baalbek est petit à petit abandonnée. Ceci déclencha le lent déclin de la cité. Les temples de Baalbek sont transformés en églises. Des colonnes du temple de Jupiter sont démontées pour la construction de la basilique Aghia Sophia à Constantinople (Istanbul). De nombreux tremblements de terre aboutissent à des destructions considérables… Au VIIe siècle, Baalbek devient une citadelle arabo-musulmane. Peu après, la cité du soleil sombre dans l’oubli total.
De la fin du XVIIIe jusqu’au XIXe siècle, grâce au grand intérêt manifesté par les orientalistes occidentaux envers ce site abandonné, l’importance de ce lieu historique est petit à petit restaurée. L'intérêt de la communauté scientifique de l’époque est éveillé vis-à-vis de la préservation des ruines. Des fouilles archéologiques ont alors lieu à Baalbek, entre 1898 et 1905, présidées par une mission allemande, puis française au cours de leur mandat au Liban (1920-1943), avant d’être confiées à l'État libanais après son indépendance.
B) Les temples de Baalbek
Qui dit Baalbek dit tout naturellement temples romains. Construits entre - 14 av. J.C. et le IIIe siècle apr. J.C., l’architecture romaine de ces monuments est symbole de la toute-puissance de l’empire à son apogée.
Le temple de Jupiter fut d’abord construit sur les restes du temple de Baal. Ce dernier demeure, jusqu'à aujourd'hui, le plus grand temple du monde romain et le premier à être édifié. De dimension énorme, il était initialement composé de 128 colonnes de 22 mètres de hauteur. Aujourd’hui, seules 6 colonnes sont encore présentes. Ce temple est composé de 3 parties. Le propylée, composé d’un escalier monumental de 12 marches - en référence aux 12 dieux du panthéon des dieux romains - conduit à un portique de 12 colonnes. Bien que d’apparence simple aujourd’hui, l’escalier était richement décoré de statues des dieux de la mythologie romaine, désormais disparus. Le propylée précède la cour hexagonale du temple. À ciel ouvert, c’est là que les pèlerins allaient se purifier avant d’entrer dans la grande cour et avant de s’approcher du dieu des dieux. Au centre était placée la statue en bronze de Jupiter, aujourd’hui exposée au musée du Louvre. Au IVe siècle, la cour fut transformée en une église dédiée à la sainte Vierge. Quant à la grande cour ou « la cour des sacrifices », elle fut transformée en basilique dédiée à saint Pierre, au IVe siècle. Ce n’est qu’après cette grande cour que l’on arrive au temple.
Le temple de Bacchus, dédié au dieu du vin Dionysos, a été construit sur les vestiges du temple d’Adonis. Ce dernier est le mieux préservé des temples de Baalbek. Plus petit que celui de Jupiter, il est connu pour son portail de 13 m de haut et 6,5 m de large. Le plafond est enrichi d’éléments décoratifs empruntés du répertoire ornemental gréco-romain. À l’intérieur du temple, des colonnes à chapiteaux corinthiens alternèrent avec des niches superposées qui contenaient des statues de divinités honorées. À l’arrière du temple, on retrouve les vestiges de la citadelle, ainsi que la mosquée omeyyade, construite lorsque la cité était sous occupation arabo-musulmane.
Enfin, le plus petit temple de la triade et le dernier à avoir été construit était dédié à Vénus, anciennement Astarté. Il est séparé de ses voisins par une route. On le surnomme le temple rond pour sa forme circulaire. Durant l’époque chrétienne, ce dernier fut transformé en église dédiée à la sainte Barbe (sainte patronne de Baalbek).
C) Tourisme à Baalbek
Baalbek est considéré un site religieux depuis déjà des siècles : d’abord phénicien, grec, romain, puis chrétien. En effet, les pèlerins affluent depuis des centenaires pour le culte des dieux ou des saints. Mais depuis la fin du XIXe siècle, le site de Baalbek attire des touristes venus des 4 coins du monde et du Liban pour la découverte de ses trésors architecturaux inestimables et de son histoire incroyable. Et pour une visite complète, de nombreux hôtels, dont le fameux Palmyra, ainsi que diverses zones de restaurations sont aujourd’hui disponibles aux alentours du site. De plus, le festival international de Baalbek est devenu en moins de 6 décennies l'événement musical le plus spectaculaire de la région. Cette évènement phare de l’aspect culturel de la ville a accueilli un nombre impressionnant d’artistes nationaux (Fairouz, Wadih el Safi, Caracalla…), régionaux (Oum Kalthoum…) et internationaux (Mika, Ibrahim Maalouf, Charles Aznavour…) venu partager des performances époustouflantes sur les escaliers du temple de Jupiter.
Baalbek est aujourd’hui un site touristique incontournable au Liban, accueillant des milliers de touristes chaque année. Ce lieu historique est également devenu un important patrimoine architectural libanaise et un des mieux préservés.