
Un soir, le samedi 29 novembre 2025 bien que le calme fût censé régner près du quartier de Sodeco, un air de piano se répandait telle une fumée de sons harmonieux. D’où provenait-il ? Du Grand Lycée Franco-Libanais ? Non. De l’ambassade de France ? Non plus. Il provenait de la Fondation Charles Corm, où se rassemblait un petit monde.
Mémoire(s) Collective(s), est une initiative organisée par les étudiants en master de lettres françaises et de philosophie sous la direction de Madame Sheimaa El Oubari. Trois mois de préparation en amont, de contacts intensifs et de planification dans ses moindres détails ont été nécessaires pour sa réalisation. Ils avaient su réunir Ramy Zein, Pamela Krause, Camille Ammoun, Mona Hallak et Roula Zoubiane afin d’aborder avec audace le sujet des mémoire(s) collective(s) à partir de différentes disciplines. Le public, nombreux, a réuni pas moins de 150 personnes. Ils parlaient de littérature, de mémoire, de justice réparatrice, d’épaves beyrouthines, de responsabilité citoyenne et de paix intercommunautaire.
Après un échange fructueux, le tour des étudiants était venu afin d’aborder le Liban de Nadia Tuéni, de Hyam Yared, de Gebran Khalil Gebran, de Charles Corm ainsi que bien d’autres poètes. Le pianiste, Pim Van Harten, baladait ses doigts sur les touches tandis que les humanités jouaient de leur voix en français et en arabe. Chaque air se concluait par des applaudissements d’un public aussi musicien. L’apothéose se conclut par un festin olympique, où des érudits tels que Charif Majdalani, Fady Stephan et Le Corm en personne discutaient et riaient. Qui oserait omettre les photographies de Camille Ammoun et les archives de la Fondation Corm, qui ornaient magnifiquement les murs et scrutaient minutieusement les curieux ? Ou encore qui n’admettrait pas avoir mis son premier souvenir dans une boîte secrète ?
En somme, Mémoire(s) Collective(s) montre la volonté des étudiants et des intellectuels à encourager le dialogue national et lancer l’initiative d’un Liban où les communautés libanaises se confessent les unes aux autres pour sortir le Liban des flammes de son propre passé.