En | Ar

Du Liban à Vienne : quand un rêve se transforme en une tribune internationale

 

Du 5 au 9 octobre 2025, c’était l’un de ces moments inoubliables.

Tout a commencé par une ambition sans mesure pour la médecine et, encore plus, pour le cerveau et la neurochirurgie. Étudiant en 5ᵉ année de médecine à l’USJ, candidat au Master 2 de Neurosciences au Laboratoire de Recherche en Neurosciences (LAREN), ambassadeur international de Neuropedia au Liban, représentant de LORAG (Lebanese Otorhinolaryngology Research and Awareness Group) à l’USJ et membre du Conseil des étudiants 2024–2025, je nourrissais ce rêve bien avant d’en maîtriser tous les fondements. 

Un cas rare ouvre une voie

Une conversation avec le Dr Georges Jammal autour de mon intérêt pour la neurochirurgie a tout déclenché. On m’avait confié la rédaction d’un article à propos d’un cas d’angiolipome rachidien lombaire extradural, une tumeur d’une extrême rareté à peine décrite dans la littérature. C’est ainsi que l’aventure scientifique a commencé, portée par une simple question : que pouvons-nous apprendre de l’exceptionnel ?

Notre article, intitulé “Beyond the Ordinary: A Rare Case of Extradural Lumbar Spinal Angiolipoma and Literature Insights”, a été soumis à l’EANS 2025 (European Association of Neurosurgical Societies Congress) qui s’est tenu à Vienne.

 

EANS 2025 : la grande scène européenne

L’EANS (European Association of Neurosurgical Socities) est le rendez-vous scientifique majeur de la neurochirurgie européenne. C’est la plateforme où l’on présente, discute et célèbre la recherche contemporaine dans un esprit de collaboration et de solidarité.

 

Édition 2025 – Vienne :

-1 867 participants venus de 89 pays.

-2 158 abstracts soumis.

-419 conférences et interventions.

Lorsque j’ai appris que mon travail a été accepté et qu’il allait y être présenté, j’ai compris que je m’apprêtais à toucher mon rêve du bout des doigts. 

 

6 octobre 2025 : porter le drapeau libanais

Le jour J, je suis le seul libanais à prendre la parole au congrès en représentant fièrement ma faculté de médecine et mon université, j’ai alors présenté ce cas et sa prise en charge exemplaire par le Service de Neurochirurgie de l’Hôtel-Dieu de France (HDF-USJ). Face à un parterre de neurochirurgiens, professeurs, chercheurs et étudiants venus du monde entier, j’ai défendu l’intérêt scientifique de l’exception : comment un cas rare peut éclairer nos pratiques et affiner nos raisonnements.

Les retours ont été chaleureux et encourageants. L’auditoire, curieux et engagé, a salué la clarté clinique, la rigueur bibliographique et le message principal de la présentation car même au-delà de l’ordinaire, la méthode demeure notre boussole.

La science, les rencontres, la fierté

Au-delà des sessions, le congrès a offert une immersion dans l’innovation : une exhibition area foisonnante, des démonstrations en direct, des simulateurs à la pointe de la technologie, un panorama vivant des avancées neurochirurgicales. J’ai eu la chance d’échanger brièvement avec le président de l’EANS qui a exprimé sa gratitude pour la présence libanaise, et a encouragé une participation accrue aux prochaines éditions.

Ces jours ont surtout été un formidable creuset de rencontres : Chine, Danemark, Inde, France, Tanzanie, Allemagne, Royaume-Uni, Turquie, Espagne, États-Unis… Tant de collègues passionnés, de nouvelles idées se sont réunies et on aspire à de futures collaborations. Une conviction s’est imposée : la formation médicale libanaise est respectée et estimée. On reconnaît chez nos médecins la solidité académique, l’habileté technique et l’exigence clinique. Cette réputation, on la cultive par le travail, la recherche et la persévérance.

 

Vienne, écrin d’une aventure

Impossible de quitter Vienne sans goûter à sa culture : de la Welcome Reception aux concerts, des danses traditionnelles au Congress Dinner à la Schönbrunn Palace Orangery, chaque moment a mêlé élégance et convivialité. J’ai visité le Maria-Theresien-Platz, les palais Hofburg et Schönbrunn, les églises Peterskirche et la cathédrale Saint-Étienne, l’Université et la Faculté de médecine de Vienne. Je me suis même rendu à l’hôpital universitaire avec un médecin rencontré sur place. La ville, comme le congrès, respire l’histoire et l’exigence.

 

Gratitude et transmission

Rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de mes mentors au Service de Neurochirurgie de l’Hôtel-Dieu de France : Dr Georges Jammal, Dr Carole Kesrouani, Dr Gilles El Hage et Dr Ronald Moussa. Leur confiance, leurs conseils et leur exigence ont transformé une opportunité en un accomplissement.

 

Ce que je retiens de cette expérience inoubliable

-Créer ses opportunités : ne pas attendre l’occasion mais la construire.

-Apprendre de l’exception : un cas rare peut faire progresser le monde entier.

-Représenter : porter haut le Liban, l’USJ et notre formation, avec fierté et humilité.

-Partager : la science grandit à travers l’échange et la collaboration.

Je conclus avec la certitude qui m’accompagne depuis Vienne : un rêve ne reste pas un rêve si l’on persévère à le rendre concret. Le processus vous sculpte ; l’accomplissement vous rend vos heures et vos sacrifices. Je resterai toujours fier de représenter mon pays, mon université et ma faculté, et je repousserai toujours plus les limites qui essayent de m’arrêter. 

PARTAGER