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La notion du pouvoir avec Michel Foucault

De la pensée bergsonienne au post-modernisme, dire que le XXème siècle n'a pas été riche en courants philosophiques est un euphémisme.  Plusieurs changements ont eu lieu, surtout à son dernier quart où la philosophie prend une nouvelle tournure avec des intellectuels tels que Jacques Derrida, Gilles Deleuze et Simone de Beauvoir. Ils présentent le monde comme une réalité fragmentée et rejettent la notion d'une seule perspective tout comme les bases sociétales de la pensée moderne. Toutefois, Michel Foucault, philosophe français de l'époque, s'est fait une place dans le post-modernisme avec son explication de la notion du pouvoir.

Le terme “pouvoir” a souvent été lié à l’image d’une figure centrale qui impose son autorité sur une société donnée, façonnant ainsi son comportement à travers une législation qui régit et punit les contrevenants. Son origine remonte au bas Moyen-Âge, lorsque le Roi de France consolide son pouvoir dans un royaume divisé par les seigneurs locaux. Il agrandit son domaine et assoit son autorité centrale à travers des symboles tels que les tribunaux. L'idée marquera plusieurs philosophes, de Machiavel à Hannah Arendt en passant par les Lumières.

Ce n’est qu’avec Michel Foucault que cette notion changera à jamais. Ce dernier démontre que le pouvoir n’est pas un contrôle, mais un réseau de relations. Le pouvoir se trouve au sein de notre société, régissant les normes et les connaissances, assujettissant les individus pour mieux fonctionner et créer des subjectivités. Prenons l’exemple de la salle de classe : les individus sont réunis dans une salle où chacun s’assoit à sa place, face à un enseignant qui se tient sur une estrade afin de mettre en avant son statut différent. De surcroît, le pouvoir réprime le ʻÇaʼ inconscient à travers les interdits attisant le désir et les subjectivités : bien que l’homosexualité en tant que phénomène ait existé, le terme est apparu avec les psychiatres au XIXème siècle, séparant les homosexuels des hétérosexuels (normaux). Cette discrimination aboutira aux mouvements LGBT.

Foucault distingue surtout trois types de pouvoirs :

Le pouvoir souverain : Jusqu’au XVIII siècle, c’est un pouvoir très centralisé où le souverain exerce sur tous ses citoyens la peine de mort et la torture publique pour écraser toute tentative de révolution. La torture de Damien, parricide de Louis XV, illustre la pitié que nous pouvons ressentir face à ses souffrances.

Le pouvoir disciplinaire : Ayant existé de la seconde moitié du XVIIIème siècle au milieu du XXème siècle, il se caractérise par une volonté de socialiser et surveiller la société en créant une panoplie d’institutions, des casernes militaires aux prisons, en passant par les écoles et les hôpitaux psychiatriques. Le Panoptique de Jeremy Bentham en est l’exemple parfait, avec sa prison circulaire où un garde surveille les prisonniers sans être vu.

Le bio pouvoir : Ce pouvoir se concentre sur la vie, en particulier sur les maladies et la natalité pour gérer la survie de la population. Les flux de natalité et de mortalité finissent par être surveillés, en plus d'institutions qui établissent les limites de la maladie.

Enfin, le pouvoir ne pourrait exister sans le contrôle de l’individu : ce qui au départ n’était que de la torture publique finit par devenir surveillance et association des individus à un code (numéro, place) et testés à travers des examens et des grilles d’évaluation. Un autre outil important est la confession, où l’individu avoue la vérité ouvrant ainsi la voie à une subjectivité façonnée par l’autorité pour asseoir sa légitimité. 

En somme, le pouvoir continue de façonner notre être ainsi que son fonctionnement. Bien que nous essayons de nous en libérer, nous finissons souvent par être lié aux normes imposées. Il n’est plus question de contrôle ou de liberté, mais de contrôle moral ou immoral.

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