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Une plongée dans les archives de Tyr

     Située au Sud-Ouest du Liban, Tyr est une ville portuaire surgissant d’un passé fascinant. Elle est divisée en deux parties : la première se trouve sur une île et l’autre sur la côte. L’ensemble est localisé sur une péninsule rocheuse, d’où l’attribution du nom « Tyr », issu du mot phénicien « Tyros » qui signifie «la roche ».  

Bien que Tyr soit connue de tous, ses premières apparitions demeurent nébuleuses. En effet, les origines de cette ville restent peu connues, mais certains archéologues estiment sa date de fondation à environ 3000 ans av. J.-C. On sait tout de même que l’histoire millénaire de Tyr commença avec les Phéniciens. Entre mémoire et légende, l’histoire de Tyr regorge d’aventures passionnantes…

 

    La ville millénaire était l’éclat d’une cité phénicienne oubliée. En effet, Tyr était célèbre pour sa puissance maritime et commerciale, ce qui l’avait rendue l’une des villes phéniciennes les plus attirantes. La ville était également renommée pour sa teinture pourpre, extraite des coquilles du Murex. Ce "pourpre de Tyr", réservé aux rois et aux empereurs, symbolisait la richesse et le pouvoir. La ville est même à l’origine de l’expression "pourpre tyrien", utilisée jusqu’à aujourd’hui. 

Cette fortune dont jouissait Tyr, quant à son emplacement stratégique et à ses richesses, suscita la convoitise de différents souverains. En effet, la ville fut assiégée de nombreuses fois, allant de la conquête par les Assyriens (vers le VIIIème siècle av. J.-C.), jusqu’au passage du Liban (dont Tyr fait partie) sous mandat français (1920-1943). Cet intervalle fut notamment marqué par la conquête d’Alexandre le Grand en 332 av. J.-C., et par celle des Romains en 64 av. J.-C. Cette dernière rendit Tyr encore plus prospère après l’avoir dotée de temples, d’un hippodrome et d’autres sites archéologiques incontournables. Malgré la période difficile qu’a traversée Tyr durant toutes ces conquêtes, la ville n’a jamais cessé de combattre pour retrouver sa souveraineté !

En outre, Tyr était et demeure une cité sacrée regorgeant de mythes religieux. Effectivement, certains historiens considèrent que Cana de Galilée, un village situé aux alentours de Tyr, aurait été le lieu où Jésus aurait performé son premier miracle, durant les fameuses noces de Cana. (On retrouva en effet de grandes cuves remontant à l’époque du Christ, notant que l’évangile de Jean évoquait 6 cuves contenant les eaux transformées en vin par Jésus lors des noces de Cana). Le Christ étant également présent dans la religion islamique à travers la figure du prophète Issa, Cana attire non seulement des chrétiens, mais également des musulmans. Ceci reflète la coexistence islamo-chrétienne au sein de la région.

 

     Du prestige, Tyr n’en manque pas. Or la peur de la perdre à cause de cet éclat, comme ce fut le cas dans le passé, reste un poids pesant sur le cœur des Libanais. La mythologie grecque voulut qu’Europe, fille du roi de Tyr, fût enlevée par Zeus, déguisé en taureau. Mais aujourd’hui, la fermeté des Libanais ne laissera plus quiconque poser la main sur leur joyau millénaire…

 

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