Au tournant tragique du XXe siècle, alors que l'ordre s'était effondré et que I ‘Empire ottoman avait perpétré le génocide des Arméniens, le peuple arménien fut confronté à l'impensable : survivre sans justice, sans refuge, sans État. Les coupables restaient impunis, et un million et demi de vies étaient sacrifiées dans l'indifférence du monde.
Et pourtant, à peine trois ans plus tard, dans les ruines de ce désastre, une poignée d'Arméniens, dispersés, meurtris, mais vivants, trouvèrent en eux une force que seul un peuple au bord de l'abîme peut puiser : une puissance presque miraculeuse, née de la mémoire, de la foi et du refus de disparaître.
Le 25 mai 1918 fut un tournant. Alors que les troupes turques lançaient une offensive massive pour anéantir ce qu'il restait du peuple arménien, ce dernier, uni par un instinct de survie absolu, se leva. Paysans, soldats, religieux, femmes et jeunes garçons : tous combattirent non pour conquérir, mais pour exister.
Du 25 au 28 mai 1918, les victoires de Sardarapat, Bash-Aparan et Karakilisa mirent un terme à cette guerre existentielle. Les Arméniens remportèrent une victoire décisive contre l'armée turque, engagée depuis le 18 mai dans une double offensive. Mais, cette armée se heurta à une force bien plus grande : celle du peuple arménien, animé par la foi, le courage et l'espoir. Un peuple uni, porté par sa détermination, s'éleva-avec des moyens modestes, mais avec une volonté immense - pour choisir entre la liberté et la mort.
Et il vainquit.
Le 28 mai 1918, la République d'Arménie fut proclamée. Ce jour marqua non seulement la naissance d'un État, mais aussi l'affirmation du refus définitif de l'effacement.
Plus d'un siècle plus tard, nous demeurons fidèles à l'esprit de cette date fondatrice. Elle n'est pas seulement un souvenir : elle est un engagement. Un serment de mémoire, de dignité et de continuité.
Gloire aux héros de mai. Gloire au peuple arménien.