Avril, ce mois destiné à la sensibilisation aux troubles du comportement alimentaire, est un rappel que notre santé est tout aussi mentale que physique. Ces troubles sont associés à une grande souffrance psychique et s’installent durablement chez l’individu, engendrant des conséquences graves à tous les niveaux. Parmi eux, l’anorexie mentale est la pathologie psychiatrique la plus mortelle. Ses complications, surtout cardiaques, sont liées à la dénutrition, et les risques suicidaires chez les patients deviennent très importants.
L’anorexie mentale est une maladie caractérisée par une perte de poids volontaire et significative qui met la personne en danger à cause d’une peur intense de grossir en dépit d’une maigreur apparente. Elle touche principalement les femmes et se démarque par une altération de la perception de l’image du corps, proche de la dysmorphobie.
En outre, l’anorexie mentale n’a pas une étiologie connue. Effectivement, à part le fait d’être de sexe féminin, peu de facteurs de risque entrent en jeu. D’un point de vue neurologique, un manque de sérotonine, l’hormone du bonheur stimulant la satisfaction, peut être la source de l’anorexie.
De surcroît, dans certaines cultures, l'obésité est considérée comme laide, malsaine et peu attrayante et le désir d'être maigre est omniprésent, même chez l'enfant.
Également, de nombreux patients appartenant aux classes socio-économiques moyennes ou supérieures sont méticuleux, compulsifs et d'intelligence moyenne en raison d’exigences de réalisation personnelle et de réussite très élevées.
Par ailleurs, une fragilité psychologique telle qu’une faible estime de soi et le sentiment d’être incompétent, de ne servir à rien, est aussi classée comme une cause. Ainsi, les personnes anorexiques peuvent avoir envie de contrôler ce qu’elles mangent par perfectionnisme, pour avoir la sensation de contrôler au moins un aspect de leur vie.
En ce qui concerne la symptomatologie, l’anorexie mentale peut être légère et transitoire ou bien sévère, grave et persistante. En d’autres termes, les premiers signes de son développement représentent une intensification de l’inquiétude et de l’anxiété au sujet du poids au fur et à mesure que la personne mincit, considérant la prise de poids comme un échec inacceptable au contrôle de soi. Les personnes atteintes d’anorexie mentale se plaignent d’être grosses alors qu’elles sont très minces et ont tendance à rester actives et pratiquent souvent un exercice physique excessif pour contrôler leur poids. Cependant, jusqu’à un stade avancé de maigreur, elles présentent des signes de carences nutritionnelles.
Chez la plupart des femmes, on observe un blocage des cycles menstruels. D’ailleurs, des changements hormonaux consistent en une nette diminution des taux d’œstrogènes, de testostérone ainsi que des hormones thyroïdiennes, et en une augmentation des taux de cortisol. En cas de malnutrition sévère, tous les principaux systèmes d’organes du corps sont susceptibles d’être affectés. La densité osseuse peut diminuer, ce qui augmente le risque d’ostéoporose.
Une perte de poids rapide ou sévère peut entraîner des problèmes menaçant le pronostic vital. Les problèmes concernant le cœur ainsi que les liquides et les électrolytes sont les plus dangereux. Le cœur va alors s’affaiblir et éjecter moins de sang dans l’organisme, entrainant un rythme cardiaque anormal. De ce fait, la personne peut se déshydrater et avoir tendance à s’évanouir, et les taux de potassium et de sodium dans le sang peuvent diminuer. Les vomissements, la prise de laxatifs et de diurétiques peuvent aggraver la situation. Un décès soudain, probablement lié à des troubles du rythme cardiaque, peut survenir.
De même, la dépression est fréquente. La complication la plus grave est la mort par suicide.
Afin de diagnostiquer l’anorexie mentale, un examen clinique et des tests pour vérifier d’éventuels problèmes sont réalisés. Un médecin mesure chez la personne sa taille et son poids et utilise les résultats pour calculer son indice de masse corporelle (IMC). Il lui demande également ce qu’elle pense de son corps et de son poids et si elle présente d’autres symptômes. Il peut se servir de questionnaires développés en vue de détecter les troubles des conduites alimentaires. Le médecin recherche également la présence d’autres troubles susceptibles de provoquer une perte de poids ou une réticence à manger.
De plus, d’autres procédures peuvent être effectuées par le médecin : des analyses d’urine et de sang afin de rechercher d’éventuels effets d’une perte de poids et d’une malnutrition, un test de densité osseuse et un électrocardiogramme (ECG).
Pour traiter l’anorexie mentale, il peut s’avérer nécessaire d’hospitaliser une personne atteinte d’anorexie mentale pour s’assurer qu’elle consomme suffisamment de calories et de nutriments. Plus rarement, les personnes sévèrement sous-alimentées ou qui refusent toute alimentation doivent être nourries par le biais d’un tuyau inséré dans le nez et descendant jusqu’à l’estomac par la gorge. En plus, si la densité osseuse est faible, la personne prendra du calcium et des suppléments de vitamine D.
En fait, l’hospitalisation s’avère également utile en ce qu’elle soustrait la personne à son environnement habituel, créant une rupture avec ses habitudes et ses comportements alimentaires anormaux.
L’anorexie mentale peut aussi être traitée par une psychothérapie pouvant prendre jusqu’à deux ans ainsi que par une thérapie familiale bénéfique pour les adolescents dans le but d’améliorer les interactions entre les membres de la famille.