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Un coin qui ne ressemblait pas à une salle de cours

Il y avait dans l’université un endroit pas comme les autres, un coin qui ne ressemblait pas à une salle de cours ni à un bureau sérieux. C'était plutôt un genre de salon d’âmes, un lieu où les gens venaient sans masque, sans devoir, sans avoir peur de dire qu’ils ressentent quelque chose. On l’appelait le Club Mentale, avec un e qui restait collé là comme une faute qui refusait de partir. Mais cette faute-là, elle disait vrai, parce qu’ici on ne corrigeait pas les douleurs. On les accueillait.

Quand on entrait dans la faculté, on sentait quelque chose. Pas une chose qu’on voit, mais une chose qu’on ressent dans le dos, ou dans la nuque, ou peut-être dans le cœur. Une sorte de magie pas bruyante, pas avec des étincelles, mais avec des regards, des chuchotements, des feuilles mortes qui tombent lentement entre deux pas. C’était l’université, mais c’était aussi autre chose. Un endroit où l’on pouvait respirer même quand on ne savait pas encore comment.

Le Club de la Santé Mentale faisait des activités qui n’étaient pas pour le CV mais pour l’âme. Des ateliers d’écritures avec des stylos cassés, des cercles où les gens parlaient ou pas, mais où leur silence avait autant d’importance que les mots. On n’y apprenait rien qui tombe dans les examens, mais beaucoup qui reste dans la poitrine. On ne fabriquait pas des savants, on réparait doucement des humains.

L’ambiance ressemblait à une famille qu’on choisit. Pas une famille parfaite, non, mais une famille qui écoute. On pouvait s’asseoir, dire n’importe quoi, ou même rien dire, et on n’était pas jugé. Ce n’étaient pas des camarades, c’étaient des compagnons de chute et de levée.

Ici, la santé mentale passait avant les notes. Avant les diplômes, il y avait les nuits d’angoisse. Avant les réponses exactes, il y avait les cœurs en désordre. Et ça change tout. Parce que quand quelqu’un te dit que ta douleur mérite autant de place que ta réussite, alors quelque chose se répare. Doucement. Lentement. Mais pour de vrai.

Et dans cette université, il y avait un peu de magie. Pas celle des contes, mais celle qu’on ressent quand une main frôle la tienne sans bruit, quand un regard te dit je comprends. C’est une université, oui, mais c’est aussi un sortilège ancien, qui transforme les larmes en lumière, et les absences en présence.

 

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