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Cèdres en sang: conte brisé d'un pays en guerre

Il était une fois, au cœur d'une terre bercée par les douces brises de l'automne, là où les roches du Sud cachaient les secrets d'époques lointaines, où les rives sinueuses du Nahr el Assi chuchotaient des mélodies oubliées, et au sein des rues de Beyrouth, ville aux mille et une histoires, un désordre silencieux qui commença à s'insinuer. Le rire des enfants s'était éteint, absorbé par un calme pesant dominant les ruelles autrefois animées. Même les mélodies familières des oiseaux de l'aube ne résonnaient plus. Ils s'étaient envolés, abandonnant derrière eux un silence éternel, froid et lourd d'une tristesse infinie. Une guerre murmurait son nom entre les murs des maisons. Un vent sombre, né des débris d'une bombe, annonça son arrivée.

 

De nombreuses familles ont quitté leurs domiciles, à l'abri des bombes, dans l'espoir d'un retour sain et sauf. Elles ne savaient pas que leur retour se ferait en l’absence de l’un ou de plusieurs de leurs membres, voire, pour certaines, qu'il n'y aurait aucun retour. Elles ignoraient complètement que leur prochaine réunion serait céleste, et que les rues entre lesquelles elles tissaient des toiles de souvenirs seraient totalement effacées, ne laissant aucune trace. Certains cherchaient refuge dans les rues et les écoles, affamés depuis des jours, tandis que d'autres voyageaient, emportant avec eux le poids invisible des souvenirs brisés et l'amère saveur de la migration.

 

Non loin des majestueux temples de Baalbeck, où les vestiges murmuraient l'écho d'une grandeur romaine millénaire, une fumée noire vint déchirer la pureté du ciel. Elle s'étendit jusqu'aux fondations antiques, faisant frissonner une histoire de pierre façonnée par des millénaires, comme si le temps lui-même avait tremblé. Malgré l'ombre menaçante de la bombe, près des temples de Baalbeck, des jeunes firent résonner le rythme de la dabké, leurs pas défiant le chaos pour préserver l'âme du folklore libanais.

 

Lorsque le bruit des armes se tut, un lent et douloureux retour se fit. Ils étaient nombreux à revenir, le cœur serré d'un espoir fragile, pour découvrir des maisons réduites à un amas de pierres où toute trace de leur passé s'était évaporée. Les murs qui avaient abrité des rires et des secrets n'étaient plus que de simples traces, témoignant d'une vie brutalement effacée, ne laissant qu'un fantôme de souvenirs.

 

Malgré le goût rude de la guerre qui persistait dans l'air, le peuple libanais a gravé dans l'histoire un récit de résilience et d'audace. Il s'est dressé avec courage, ne laissant aucun agresseur franchir l'étendue de son histoire, longue de 10 452 km²…

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