Les émotions n’ont pas de genre, mais les stéréotypes, eux, dictent encore qui peut souffrir, comment et avec quelle légitimité.
Lorsque la santé mentale est définie à travers les prismes du genre, elle devient de moins en moins une question de bien-être et plus une question d’adhésion aux attentes sociales, souvent aux détriments de ceux qui souffrent en silence.
Dès notre enfance, les stéréotypes tracent des frontières invisibles qui limitent nos choix, dictent nos comportements et nous enferment dans des rôles que nous n’avons pas nécessairement choisis. En effet, ceux-ci impactent l’identité et l’individualité de toute personne.
Dire « sois un homme », « les hommes doivent être forts et ne pas montrer leurs émotions » et « les femmes sont trop émotives », « les femmes qui expriment leur colère sont hystériques » revient à construire une perception qui enferme les hommes dans un silence et les femmes dans une exagération constante.
Cette pression sociale qui souvent est invisible à nos yeux favorise le développement progressif de nombreuses souffrances psychiques comme l’anxiété, la dépression, le stress, le burn-out ou même du stress post-traumatique. De plus, elle provoque en nous des peurs, des doutes et des insécurités. Par la suite, elle nous amène à développer un « faux self » dont la définition est donnée par D.W. Winnicott : « le faux self est un masque qui se développe pour s’adapter aux exigences de l’environnement, au détriment du vrai self ».
De nos jours, la santé mentale devient de plus en plus une préoccupation mondiale majeure qui touche toute la population. D’après la World Health Organization, plus de 970 millions de personnes souffraient d’un trouble anxieux, étaient dépressives ou autres en 2019. Une revue française, « La Grande Conversation », évoque qu’en 2021, le suicide concernait 75 % des hommes, et ceci à cause du tabou masculin.
Se limiter aux stéréotypes de la thérapie « parler de ses problèmes ne sert à rien », « la thérapie est une perte de temps », « les hommes qui consultent un thérapeute sont perçus comme faibles » revient à réduire l’accompagnement psychologique à une image minime, oubliant que chaque personne porte une histoire unique qui mérite d’être écoutée et accompagnée d’une approche personnalisée.
Une consultation psychologique n’est donc ni un signe de faiblesse, ni réservée à un genre précis. C’est un acte courageux, un souffle d’espoir, un voyage intime vers soi-même où chacun, quel que soit son vécu et son histoire, a le pouvoir de se retrouver et s’épanouir.