« Je pense, donc je suis. » Cette citation de Descartes met en valeur le seul trait de l’homme dont on ne peut douter : la pensée. Cette faculté permet le traitement des informations du monde extérieur ainsi que de la psyché intérieure. Plus loin encore, elle permet de créer des raisonnements qui aboutissent à des réalités concrètes. Toutefois, la pensée se heurte à des contradictions entre raisonnements. Lors de l’émission d’une affirmation, elle pourrait se contredire en elle-même ou altérer la réalité. Aussi appelée paradoxe, cette notion a toujours été au cœur de la réflexion philosophique.
Leurs origines remontent à la Grèce antique, lorsque Zénon d’Élée cherche à défendre son maître Parménide face aux Pythagoriciens. Un de ses plus célèbres énoncés est le paradoxe d’Achille et de la tortue : lors d’une course, Achille aurait accordé à la tortue une distance de 100 mètres d’avance. En arrivant au point de départ de la tortue, cette dernière aurait avancé d’un mètre. Avec une vitesse constante, Achille a besoin de plus de temps pour rattraper la tortue, et ceci infiniment. En fin de compte, le héros grec ne pourra jamais rattraper l’animal.
Bien que les paradoxes aient un lien particulier avec les mathématiques, d’autres relèvent plutôt du raisonnement. Prenons le paradoxe du menteur : Épiménide affirme : « Tous les Crétois sont des menteurs.» Il est lui-même crétois : si l’affirmation est vraie, il ment et ce qu’il dit est faux. Si l’affirmation est fausse, alors il ment également, et la phrase devient vraie.
Les paradoxes ont pu poser les bases d’un certain raisonnement scientifique et logique. Cette contradiction pourrait se rapprocher des syllogismes de Socrate : tous les chats sont mortels, or Socrate est mortel, donc Socrate est un chat. Les suites logiques entrant en conflit montrent les limites du raisonnement.
Cela transcendera les sciences pour atteindre la politique. Citons ainsi le paradoxe de la tolérance de Karl Popper : si une société finit par être tolérante au point d’accepter l’intolérance, elle sera détruite par l’intolérance elle-même. Popper lui-même répond que la « tolérance » envers l’intolérance peut être appuyée par des arguments contre l’intolérance, et en cas de débordement, la tolérance doit être « intolérante » pour se préserver elle-même.
En somme, le paradoxe nous pousse à repenser notre raisonnement face aux choses et à adopter de nouvelles approches. À l’heure d’un monde où les contradictions fusionnent de toutes parts, il est crucial de prendre du recul et de voir à la fois le monde comme contradictoire et harmonieux.