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Un nouvel élan à l’USJ: les humanités médicales

Ces dernières décennies ont été marquées par l’émergence, dans le monde académique, de l’appellation « humanités médicales ». La nécessité d’intégration des humanités au cursus médical ne se limite pas au premier cycle avec des cours introductifs; l’idéal serait d’accompagner la maturation des étudiants en médecine par des enseignements transversaux et progressifs tout en soutenant leurs questionnements sur le sens de leur métier. 

Le samedi 2 novembre 2024, le département de philosophie à l’USJ, en partenariat avec la faculté de médecine, la faculté des sciences humaines, le service de psychiatrie et le “Middle East Medical Humanities”, a organisé un colloque international d’humanités médicales (en ligne) sous la direction de Dr Pamela Krause, abordant le thème de “La Fatigue et l’Epuisement” en temps opportun. L’intervention de chacun des dix spécialistes (médecins, philosophes, maitres d’éthique médicale et autres) ayant la capacité de renouveler leurs questionnements judicieux a été pour l’auditoire une source d’émerveillement. En résumé, voici quelques réflexions pertinentes :

S’ouvrant sur les difficultés et le désenchantement observés chez certains médecins pratiquants, la culture de nos jours, centrée sur l’individu, promeut la vulnérabilité et l’autocompassion. Toutefois, nous sommes invités à affiner davantage la réflexion face à la problématique du mal-être chez les professionnels de santé. Partant du fait que le « burnout » n’est pas un problème stigmatisant et inhérent à l’individu, mais plutôt sa réaction lorsqu’il est soumis aux conditions particulièrement difficiles du système (racine du problème), osons changer de paradigme ! 

De la même mesure et loin d’une image superhumaine, les patients attendent de leur médecin qu’il soit surtout un être humain. En effet, les patients souhaitent instruire leur médecin sur ce qu’eux seuls peuvent éprouver au quotidien. Il doit accepter que ce corps qu’il essaye d’étudier et d’amener à guérison soit d’abord un corps subjectif.

Ensuite, une remarquable conceptualisation différencie entre deux genres de fatigues : la bonne et la mauvaise fatigue. La bonne fatigue est conséquente d’un don de soi, corporelle et non animique, voire recherchée et non subie. Par contre, la mauvaise fatigue est celle du corps et de l’âme, qui ne trouve pas dans le repos son remède. Par ailleurs, un milieu de travail dépeint une pathogénicité s’il réduit nos choix et les espaces d’appropriation créative. Imaginez que cet aspect-là exerce un poids supérieur sur la santé que la surcharge de travail… Le « burnout », signifiant littéralement une brulure des branches allant aux racines de l’être, épuise les sources de vie les plus profondes.

L’éthique favorable de la fatigue a été révélée en se basant sur le rapport que l’Homme entretient avec la liberté. Ce n’est pas tant subir la fatigue en elle-même que le sens qu’on lui donne qui importe pour l’inclure dans notre projet de vie. D’ailleurs, chercher à tout prix à fuir sa propre fatigue risque de se fermer à toute relation authentique. 

Enfin, quelques clartés ont été jetées sur l’épuisement relatif au temps passé sur internet. Avec le désir d’immédiateté, nous submergeons toute médiation capable de résoudre nos problèmes. Le point final a été mis à bon escient en conciliant d’autre part la représentation cinématique de l’affect au thème du colloque, espérant encore le développement d’initiatives pédagogiques ou d’un réseau de recherches endossant cette articulation interdisciplinaire entre médecine, philosophie et art.

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