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La méningite est une inflammation des méninges, les enveloppes protectrices entourant le névraxe (encéphale et moelle épinière). Cette affection dévastatrice qui touche des personnes de tous âges, peut s’avérer mortelle, provoquer des séquelles à long terme, et nécessite une prise en charge immédiate, essentiellement lorsqu’elle est bactérienne.

Cette maladie est généralement causée par une infection d'origine bactérienne, virale, fongique ou parasitaire. Cependant, elle peut également être non infectieuse, provoquée par des médicaments, des cancers métastatiques (comme ceux du sein ou des poumons) ou certaines maladies auto-immunes telles que le lupus érythémateux disséminé.

 

Les méningites d'origine virale sont les plus fréquentes et sont généralement bénignes, avec une guérison en 10 jours au maximum. Bien que des maux de tête puissent persister pendant plusieurs semaines, le rétablissement survient habituellement sans traitement spécifique. Ce type de méningite peut être causé par le virus de la varicelle, de la rougeole, de la mononucléose infectieuse, des oreillons, de la grippe, de l'herpès (responsable des méningites virales les plus graves) ou par des entérovirus.

 Les méningites bactériennes constituent la forme la plus grave, dangereuse et courante, pouvant entraîner la mort du patient en 24 heures. Elles ont des origines variées :

  • - Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) : Le plus fréquent, il se développe dans le rhinopharynx (nez et gorge) et peut persister plusieurs mois en tant que « portage asymptomatique », c'est-à-dire sans montrer de symptômes. Cette bactérie peut provoquer des otites (inflammation de l'oreille), des pneumonies (infection pulmonaire), des septicémies (réponse inflammatoire grave à une infection), voire une méningite.
  • - Le méningocoque (Neisseria meningitidis) : c'est la principale cause de méningites aiguës, avec un risque élevé de létalité et un fort potentiel épidémique, surtout pour les sérogroupes B, C, W, et Y (sous-espèces avec de légères différences au sein de la même espèce). Cette bactérie peut également être présente dans le nez et la gorge sans provoquer de symptômes. Cependant, des infections invasives à méningocoques surviennent lorsque la bactérie se multiplie et pénètre dans le sang, entraînant une méningite ou une septicémie, ce qui peut aboutir à un choc septique (complication grave due à une réponse excessive de l'organisme à l'infection).

Après une infection locale (pneumonie, angine, otite, sinusite, etc.), ces bactéries peuvent passer dans le sang et potentiellement traverser la barrière hémato-méningée, provoquant une infection du liquide céphalorachidien (LCR), des œdèmes et une inflammation.

  • - Streptococcus agalactiae (Streptocoque du groupe B) : Cette bactérie est responsable de la majorité des méningites chez les nouveau-nés de moins de deux mois. Fréquemment, les femmes hébergent cette bactérie de manière asymptomatique sur les parois du vagin, ce qui peut entraîner la contamination du nouveau-né lors de l'accouchement. Par conséquent, il est recommandé de réaliser un prélèvement vaginal pendant la grossesse pour détecter la présence de streptocoques du groupe B et administrer un traitement antibiotique pendant l'accouchement.

Ces bactéries sont les principales responsables de méningites aiguës, entraînant des complications sévères telles que la pneumonie et l'état septique, ainsi que le plus grand nombre de décès dus aux méningites. D’autres bactéries peuvent également causer des méningites bactériennes, telles que Listeria monocytogenes, Haemophilus influenzae type B et Mycobacterium tuberculosis. La plupart de ces bactéries se transmettent par les gouttelettes et les sécrétions respiratoires et pharyngées, et la contamination se fait généralement par un contact étroit et prolongé avec des individus atteints.

Les méningites fongiques sont sévères bien qu'elles soient moins fréquentes. Plusieurs champignons peuvent induire une méningite, mais Cryptococcus neoformans, provenant des fientes de pigeons, est la principale cause de ce type de méningite. Ce champignon peut provoquer des infections opportunistes (infections causées par des pathogènes qui n'entraînent pas de maladies chez les individus en bonne santé), surtout chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme celles atteintes du VIH.

Les méningites peuvent aussi être causées par des parasites microscopiques, bien que cela soit très rare. Plusieurs types de parasites peuvent être à l'origine de méningites, comme ceux responsables de la toxoplasmose, du paludisme, ou des infections par des vers (ascaris, oxyures, etc.).

 

La méningite peut toucher des personnes de tous âges, mais certains sujets sont plus sensibles à cette maladie :

  • - Les individus avec des déficits immunitaires : Cela inclut ceux infectés par le VIH/sida, ainsi que les personnes prenant des médicaments immunosuppresseurs (utilisés pour réduire l'activité du système immunitaire, généralement dans les cas de rejet de greffe, de maladies auto-immunes ou d'affections inflammatoires). Les personnes atteintes de diabète sont également à risque accru d'infections.
  • - Les fumeurs actifs et les personnes exposées au tabagisme passif : Le tabagisme augmente le risque de méningite.
  • - Les personnes âgées : elles sont généralement à risque de pneumococcie (causée par Streptococcus pneumoniae).
  • - Les adolescents et les jeunes adultes : ils sont à risque de développer la méningite méningococcique (causée par Neisseria meningitidis).
  • - Les nouveau-nés et les nourrissons de moins de 2 ans : Ils sont particulièrement exposés au streptocoque B, et les enfants, en général, sont à risque élevé de développer des infections à Neisseria meningitidis et Streptococcus pneumoniae.
  • - Les personnes vivant dans des régions à risque épidémique : Dans les zones où le risque de méningite est élevé.
  • - Les individus vivant dans des conditions de promiscuité : comme dans les camps de réfugiés, les établissements militaires, les écoles, les pensionnats, et les casernes.

 

Les signes cliniques des patients atteints de méningite dépendent de l'origine de la maladie, de sa pathogenèse et du degré de l'atteinte méningo-encéphalitique . Les symptômes les plus courants de la méningite comprennent : raideur de la nuque, fièvre, nausées, vomissements, photophobie (sensibilité anormale et exacerbée à la lumière), céphalée (douleur au niveau de la tête) et altération cognitive.

Selon l'âge du patient, ces signes peuvent varier. Chez les enfants, les symptômes peuvent être moins spécifiques et se manifester par un simple malaise et une irritabilité. Chez les nourrissons de moins de 6 mois, on peut observer un bombement de la fontanelle (saillie anormale dans l'espace mou entre les os du crâne), une inconsolabilité, des difficultés à se réveiller et à s'alimenter, ainsi qu'une activité réduite.

En cas de septicémie (infection du sang entraînant un état septique grave), des extrémités froides, une altération du teint, des douleurs articulaires et musculaires, de la diarrhée, des éruptions cutanées pourpres, et une tachypnée peuvent apparaître. Rarement, un état comateux, des crises convulsives ou des troubles neurologiques (tels que des atteintes cognitives, une perte auditive ou visuelle) peuvent se produire.

Les symptômes peuvent être similaires dans les cas de méningite bactérienne et virale. Bien que les méningites virales soient généralement bénignes chez les personnes en bonne santé et sans séquelles, elles peuvent être associées à des infections telles que l'herpès génital ou le syndrome mains-pieds-bouche.

L'accentuation des symptômes dépend principalement du type de méningite. Par exemple, les méningites bactériennes, en particulier celles causées par le méningocoque, se caractérisent par des taches pourpres (rouges ou violettes) résultant d'hémorragies sous-cutanées, des éruptions pétéchiales (petites taches) et du purpura (grande tache) qui apparaissent sous la peau avec une progression rapide. Cette éruption rapide, qui peut précéder les autres signes, peut se manifester au niveau du tronc, des membres inférieurs, des fesses, et parfois des mains.

 

Le diagnostic des méningites est essentiel pour déterminer l’origine de la maladie et administrer un traitement approprié. Il repose sur :

  • - L’examen clinique, comprenant :
    • Les symptômes classiques mentionnés précédemment.
    • Des signes cliniques recherchés lors de l’examen neurologique :
      • Le signe de Kernig : il est considéré comme positif lorsque l'extension passive de la jambe d’un patient en décubitus dorsal (allongé sur le dos, avec le visage tourné vers le haut), avec la cuisse fléchie à 90 degrés, provoque une douleur à l'extension complète du genou.
      • Le signe de Brudzinski : Il se manifeste par une flexion involontaire des hanches et des genoux lors de la flexion passive du cou chez un patient allongé sur le dos.
  • - Une ponction lombaire : Cette procédure médicale consiste à prélever le liquide céphalorachidien (LCR), localisé dans les méninges, à l’aide d’une aiguille fine insérée dans le canal vertébral entre deux vertèbres lombaires sous anesthésie locale. L’analyse de ce liquide permet d’identifier le micro-organisme responsable de la méningite.
  • - Des analyses sanguines, telles qu’une hémoculture et une analyse complète du sangainsi que des examens microbiologiques, tels que les tests PCR, la détection d'antigènes spécifiques et la culture du liquide céphalo-rachidien (LCR), seront effectués après chaque prélèvement pour identifier la présence d'une infection systémique et évaluer la gravité de l'infection.

 

Le traitement de la méningite varie selon l’étiologie de la maladie :

  • Pour les méningites bactériennes, des antibiotiques seront administrés en perfusion intraveineuse (IV) pendant 4 à 7 jours, tels que les céphalosporines de troisième génération (céfotaxime, ceftriaxone). Si nécessaire, l’ampicilline et l’amoxicilline peuvent également être prescrites. La dexaméthasone (anti-inflammatoire de la famille des corticoïdes) est recommandée avant ou de manière concomitante à la première injection d'antibiotiques afin de réduire l’inflammation.
  • Pour les méningites virales, le traitement est principalement symptomatique (visant à soulager les symptômes) et inclut l’utilisation d’analgésiques (pour soulager la douleur) et d’antipyrétiques (réducteurs de fièvre), tels que les ibuprofènes. Des antiviraux, comme l'acyclovir, peuvent être utilisés dans certains cas, comme pour la méningoencéphalite herpétique.
  • Pour les méningoencéphalites fongiques, des antifongiques tels que le fluconazole, le voriconazole et l’amphotéricine B sont utilisés.
  • Pour les méningites parasitaires, des antiparasitaires comme la miltéfosine peuvent être utilisés pour traiter certaines méningites amibiennes.
  • Le traitement des méningites non infectieuses dépend de la cause sous-jacente et peut inclure des corticostéroïdes (anti-inflammatoires), des immunosuppresseurs en cas de maladies auto-immunes, et le traitement des cancers.

Un soutien médical comprenant l’hydratation, le contrôle de la fièvre et de l’inflammation sera nécessaire en complément des autres traitements curatifs. Étant donné que la méningite peut entraîner de graves séquelles (hypertension intracrânienne, hydrocéphalie, thrombose veineuse cérébrale, convulsions, déficits neurologiques, handicap, amputation voire perte auditive), une surveillance des complications sera nécessaire. Ce suivi médical régulier est recommandé à long terme pour minimiser les complications potentielles, incluant un bilan auditif, une rééducation, des examens d’imagerie et des évaluations neuropsychologiques.

Des vaccins sont disponibles pour lutter contre les infections dues aux bactéries responsables de méningites, comme ceux contre le méningocoque (sérogroupes A, B, C, W, Y), le pneumocoque, et Haemophilus influenzae de type B. Ces vaccins sont recommandés dès le plus jeune âge. Les vaccins contre la rougeole et les oreillons peuvent également aider à prévenir les méningites associées à ces infections. Ces vaccinations offrent une immunité contre plusieurs types de méningites et constituent le moyen de protection le plus efficace. De plus, dans certains cas de contact avec une personne atteinte de méningite bactérienne (méningococcique), les personnes en contact étroit doivent recevoir une chimioprophylaxie antibiotique préventive, avec des médicaments tels que la rifampicine, la ciprofloxacine, ou la ceftriaxone.

La vaccination et la prophylaxie antibiotique pour les contacts proches, ainsi qu’une bonne hygiène et des mesures de précautions appropriées, sont les meilleurs moyens de lutter contre les méningites. 

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