L'ennemi israélien, non-satisfait de l’occupation de la Palestine, a également annexé, avec l'aide des Britanniques, des territoires appartenant historiquement au Liban. Ces territoires comprennent les sept villages libanais connus sous le nom d’Al-Qura-al-Sabee. Alors que les Nations unies et le grand public ont principalement retenu les noms de Chebaa et Ghajar, seuls quelques spécialistes connaissent véritablement l'histoire des « 7 villages ». L'affaire des « 7 villages » a refait surface en 1999 lorsque le Premier ministre libanais Sélim el-Hoss a proposé de les inclure dans les revendications officielles du Liban pour d'éventuels pourparlers de paix avec Israël, bien que cette idée ait été rapidement abandonnée. Quelques jours après le retrait des troupes israéliennes du Liban le 24 mai 2000, le Hezbollah, soutenu par le gouvernement libanais, a lancé un appel pour la libération des fermes de Chebaa, du village de Ghajar, et des « 7 villages ». Ensuite, le 3 novembre 2008, Nawaf Moussawi, responsable des Relations internationales du Hezbollah, a de nouveau soulevé la question des "7 villages" et accusé les "sionistes" d'avoir déplacé la ligne frontalière israélo-libanaise de 1920 à 1923 : « Les organisations terroristes sionistes ont déplacé la ligne frontalière [entre le Liban et Israël] de [celle de] 1920 à [celle de] 1923 ; par conséquent, le Liban a perdu sept villages et plusieurs fermes agricoles, les fermes de Cheba’a et les parcelles agricoles des sept villages. Aujourd’hui, nous devons nous prémunir [contre le danger] de déplacer la ligne bleue, ce qui pourrait coûter au Liban des millions de mètres carrés de territoire » 1
Pendant les années 1920 et 1923, la France et la Grande-Bretagne mettent en place les accords de Sykes-Picot et une commission de délimitation et de démarcation des frontières, supervisée par le colonel N. Paulet et son homologue Stuart Newcomb. Lors des négociations finales de l'accord Paulet-Newcombe de 1923, 24 villages libanais sont attribués à la Palestine mandataire, contrairement à la croyance populaire selon laquelle seuls sept villages étaient concernés. Parmi ces 24 villages, on en compte 7 principaux : Terbikha, Saliha, Malkiyeh, Nabi Yusha, Kades, Hounine et Ibl Qamah. Devenus Palestiniens, ces villages sont aujourd'hui occupés par Israël. Même les noms des villages ont été changés. Cela témoigne de l'ampleur des ajustements frontaliers qui ont eu lieu sous la pression du Mouvement sioniste sur les autorités britanniques.
Parmi les 24 villages concernés, il y avait une diversité confessionnelle importante : 12 villages sunnites, trois villages chrétiens (maronites et grecs-catholiques), deux villages juifs, et six villages chiites. Neuf de ces villages étaient situés dans la région de la Haute Galilée, dont six étaient chiites, tandis que les autres se trouvaient dans la vallée de la Houla, où seul un village avait une population chiite. Lors de la première guerre israélo-arabe en 1948, les habitants de ces villages se sont retrouvés pris entre deux feux et ont fui vers le Liban, considérant l'État libanais comme leur hôte naturel. Cependant, à leur arrivée au Liban, ils ont été traités comme des réfugiés palestiniens, perdant ainsi leurs droits en vertu de la loi libanaise. Bien que certains résidents des sept principaux villages aient déposé des demandes de naturalisation dès les années 1960, les chiites n'ont obtenu gain de cause qu'en 1994, sous la pression des parties politiques chiites, qui ont plaidé en faveur de la justice pour les habitants de ces sept villages.
Les « 7 villages » demeurent-ils encore un enjeu pour le Hezbollah et l'État libanais ? Le Hezbollah accorde une importance accrue à la question des fermes de Cheba’a par rapport aux revendications historiques concernant les « 7 villages », qui ont notablement perdu en visibilité et en traction parmi la population libanaise. Le Parti utilise les questions territoriales régionales comme une composante stratégique de sa posture face à Israël, adoptant une approche prudente depuis 2006. Les tensions autour des frontières actuelles entre le Liban et Israël révèlent les défis politiques auxquels est confronté le Hezbollah, inscrivant ce dossier dans les dynamiques géopolitiques de la région.