Ce n’est un secret pour personne qu’au cours de ses 150 ans d’existence, l’USJ a toujours prôné l’excellence de ses formations. Excellence maintes fois prouvée par l’obtention d’accréditations internationales comme celle sans condition de l’agence ACQUIN en 2019. Non seulement l’université est titulaire d’accréditations, mais aussi ses facultés en ont de nombreuses comme l’ESIB (École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth) et le label ABET, la FM (faculté de médecine) et l’accréditation accordée par l’agence TEPDAD et enfin l’EMT le prestigieux label européen d’excellence que la direction générale de la traduction (DGT) de la Commission européenne a renouvelé pour la seconde fois de suite à l’ETIB (école des traducteurs et interprètes de Beyrouth).
Notre histoire à nous les étibiens débute en 1980 lorsque l'école des traducteurs et interprètes de Beyrouth a été fondée. Son but est simple : former les traducteurs de demain, ce pont qui relie les cultures entre elles sans que la langue soit un barrage entravant la route à la communication. C’est entre ces murs ornés de citations et de peintures que les rêves des élèves se réalisent sous les conseils bienveillants des enseignants. Parmi eux, l’actuelle doyenne de la faculté, le professeur Mme Gina Abou Fadel Saad qui a répondu à quelques questions concernant ce cursus et ses débouchés :
1- Au Liban, nous avons la chance de vivre dans une société plurilingue. Pensez-vous que cela impacte négativement le rôle d’un.e traduteur.ice ?
Au contraire, le fait de vivre dans un pays plurilingue favorise la formation du traducteur qui ne trouve plus beaucoup de difficulté à embrasser ce métier, habitué qu’il est à manier plusieurs langues dès sa plus tendre enfance. Par ailleurs, l’existence au Liban d’un grand nombre d’organes onusiens, tels que l’ESCWA, l’UNRWA, la FINUL, etc., et de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), privilégie la profusion de conférences internationales et la production de documents pluridisciplinaires qui nécessitent l’intervention des traducteurs et des interprètes. À noter que lorsque l’ETIB a été fondée en 1980 - et qui fête donc son 45ᵉ anniversaire en 2025 - il nous a fallu lutter contre la fausse idée qui circulait à l’époque et qui prétendait que les Libanais plurilingues pouvaient très bien se passer de traducteurs et qu’il suffisait de parler plusieurs langues pour pouvoir traduire. Aujourd’hui, nous avons dépassé cette vision erronée et tout le monde est à présent convaincu que le traducteur et l’interprète doivent nécessairement passer par une formation académique, que la traduction est une technique complexe qui s’enseigne et s’apprend et qu’on ne naît pas traducteur, mais qu’on le devient.
2- Que répondez-vous à un lycéen qui vous demande pour quelles raisons l’encourageriez-vous à faire des études en traduction ?
Je lui dirai que dans notre monde globalisé, le métier de traducteur est, plus que jamais, d’actualité. Le volume des contenus qui sont postés tous les jours sur les plateformes numériques est tel que le nombre de traducteurs demandés grandit à vue d’œil. Par ailleurs, la formation de l’ETIB est si polyvalente qu’elle ouvre la porte à un grand ensemble d’emplois où l’expertise linguistique est demandée. Les diplômés qui ont ainsi acquis de multiples compétences peuvent travailler dans des domaines aussi variés que les médias, les organisations internationales, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les ministères, les institutions diplomatiques, les institutions financières, les tribunaux internationaux, les bureaux de traduction, les maisons d’édition, les agences de pub, les institutions académiques, etc. Il faut savoir aussi que les traducteurs et les interprètes gagnent très bien leur vie et peuvent rester maîtres de leur temps en travaillant à partir de chez eux. Pendant la pandémie de la COVID-19, les traducteurs n’ont pas arrêté de travailler ; les interprètes ont pu, eux aussi, continuer à interpréter pour des conférences à partir de plateformes de réunion en ligne.
3- L’EMT, une accréditation européenne d’excellence, a renouvelé ce label à l’école une deuxième fois, et ce, malgré le développement rapide de l’intelligence artificielle ces deux dernières années. Comment faites-vous pour préparer vos élèves aux défis que leur réserve l’ère de l’IA ?
L’ETIB est fière d’avoir obtenu pour la première fois en 2019 le label EMT (European Master’s in Translation) accordé par la Commission européenne. Ce label réservé aux Masters européens a quand même été accordé au Master de l’ETIB qui ne se trouve pourtant pas dans un pays européen. En fait, c’est le seul Master non européen à avoir obtenu ce label qui atteste de l’excellence de la formation académique et de sa pertinence professionnelle qui est conforme à des normes professionnelles reconnues et aux exigences du marché. Le label EMT vient d’être renouvelé pour quatre années (2024-2029). Les critères de sélection ont surtout pris en considération le niveau d’intégration des technologies de la traduction dans la formation ainsi que les mesures prises pour établir un juste équilibre entre l’expertise humaine et l’intelligence artificielle. Je tiens à préciser que l’intelligence artificielle, que le grand public n'a découverte qu’il y a deux ans à peu près, n’est pas nouvelle pour l’ETIB qui a commencé dès 2001 déjà à former ses étudiants à l’utilisation des outils de traduction assistée par ordinateur (CAT Tools). Ces outils utilisent certes la traduction automatique, mais y allient des bases de données terminologiques ainsi que des mémoires de traduction qui stockent tous les documents déjà traduits dans le même domaine. Nos étudiants apprennent à manier tous ces outils et s’entraînent à la révision de la traduction produite par la machine à travers des cours de post-édition. Ceci les aide à devenir plus productifs et plus efficaces. Ajoutons à cela que nous avons des cours de localisation ou traduction de sites web, ainsi que des cours de gestion et de rédaction de blogs et des cours de rédaction de contenus numériques. Le fait que l’ETIB soit membre du réseau EMT et du réseau des universités partenaires avec l’ONU lui permet d’être à jour avec les dernières avancées de l’industrie des langues et d’introduire les cours qui préparent à l’acquisition de toutes les nouvelles compétences requises par le marché du travail à l’ère de l’IA. Le profil du traducteur a changé ces dernières années et, à l’ETIB, nous sommes conscients de cette transformation et nous prenons toutes les mesures susceptibles de l’accompagner. En fait, nous formons nos étudiants à être plus intelligents que la machine, car la « Fast translation » demeure après tout comme le « Fast Food », ça manque de saveur et de qualité et il faut l’intervention du traducteur humain pour en relever le goût !
« Pour moi, je crois que cette carrière ouvre beaucoup de portes et d'opportunités puisqu'elle est présente dans plusieurs domaines, et l'université offre un très bon enseignement en nous donnant des cours qui nous aident à nous améliorer considérablement en tant que futurs traducteurs », affirme Yara Al-Baba, étudiante en deuxième année de licence.
« Être étudiante à l’ETIB m’a permis d’avoir une expérience enrichissante sur le plan académique et personnel, me permettant de faire partie d’une famille ambitieuse qui m’a aidée à développer mes compétences afin de m’assurer un avenir prometteur », exprime Judy Antabli étudiante en troisième année.
Pour conclure, rêvez, car c’est grâce à vos rêves que vous réussirez, et comme l’a dit Mikhail Naimeh « traduisons donc », parce que c’est en traduisant que nous changerons l’avenir.