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Qui sont les « Sephora Kids », nouveau symptôme des dégâts de l’industrie de beauté ?

“Get ready with me” (“Préparez-vous avec moi »), dit-elle en fixant la caméra avec confiance, un bandana lui retenant les cheveux. Sur la peau encore fraîche et immaculée de son visage, sont appliqués une multitude de produits de « soin » et de « beauté », destinés à réparer des dommages faciaux qui n’ont pas encore eu le temps d’avoir lieu. On ne parle plus d’« influenceuse », mais bien d’une petite fille qui n’a pas encore dix ans.

Origine du phénomène

Depuis quelques mois, on voit défiler sur TikTok et Instagram des vidéos de petites filles de la « génération Alpha ». Leur âge varie entre cinq et douze ans ; ces dernières se filment en train de partager leur « skin care » (soin de la peau) routine, qui compte au minimum cinq produits dont elles n’ont absolument pas besoin, mais dont la célébrité attire. Cette tendance a débuté aux États-Unis, et a très vite parcouru l’Europe. Ces filles sont devenues connues pour leur obsession, presque maladive, des produits vendus chez l’enseigne de cosmétique française Sephora.

Avis des dermatologues

Cette tendance n’aurait pas été aussi polémique si leur « skin care routine » se réduisait à une crème solaire et ou bien une hydratante ; les seuls produits vraiment recommandés. Cependant, la majorité des produits qu’elles utilisent contiennent du rétinol ou de l’acide salicylique : « Ce sont des actifs très puissants et la peau des enfants est encore délicate et très sujette à des irritations, à une sensibilité accrue, et même à des brûlures. » explique Caroline Pouget, dermatologue, à Brut. Elle ajoute qu’ils peuvent causer des réactions allergiques, perturber l’équilibre naturel de la peau, et incite les parents à vérifier la composition des produits avant de laisser leurs enfants les acheter.

Ce que sous-entend cette tendance

Derrière les dommages cutanés évidents, se cache un problème plus profond. Des petites filles de sept ou dix ans ressentent déjà le besoin de s’appliquer des crèmes antirides, d’avoir l’air « fraîches » et maquillées tout le temps. Certes, on ne peut pas les priver de réseaux sociaux, ni les empêcher de prendre soin d’elles. Mais la notion de « soin » est ici très confuse : il faut apprendre aux filles que ce n’est pas la dernière marque tendance de sérum qui les conciliera avec leur féminin et remontera leur estime de soi. En effet, cette pratique excessive engendre une pression sociale et peut causer des dégâts mentaux liés à l’image de soi.

On est au-delà du blâme des fillettes qui sont déjà imbriquées dans le système. On peut cependant, reprocher aux parents les valeurs qu’ils transmettent, leur manque de responsabilité, et parfois même l’avantage financier qu’ils soutirent sur le dos des « vues » des vidéos de leurs filles. Mais, il faut surtout se demander pourquoi aucun garçon ne figure dans ces vidéos, pourquoi on commence à profiter du consumérisme croissant et des plateformes médiatiques

pour apprendre aux filles qu’elles doivent prévenir des « dégâts » naturels, qu’elles doivent rajeunir avant même d’avoir vieilli, tout cela sous le prétexte du « soin de soi » et de « l’amour propre ».

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