Le vendredi 22 mars, un massacre d’une horreur macabre, perpétué dans le Crocus City Hall à Moscou, ôte la vie à 137 personnes et blesse plus de 200 autres. Cet attentat sanglant, le plus meurtrier sur le sol européen, a été revendiqué par l’organisation terroriste État islamique Khorasan, une des filiales de cette organisation apatride en Afghanistan. La communauté internationale est mise en alerte. Comment est-il possible de commémorer la cinquième année à la défaite territoriale de l’État Islamiste en Irak et en Syrie alors que de nouvelles manifestations terroristes se concrétisent ?
Cet attentat ne se présente point comme une simple tragédie isolée, mais divulgue la réémergence d’une stratégie de terreur s’ajoutant aux récents événements qui se sont déroulés en Syrie avec la mort de 11 Syriens le 25 mars, en Iran avec l’attentat-suicide ayant tué 84 personnes le 5 janvier ainsi qu’en Afghanistan et en Afrique. Ce stratagème s’inscrit dans une conjecture géopolitique concrète se reposant sur des représailles archaïques et expose la capacité maintenue de cette organisation terroriste à coordonner des attentats hors-portés pour des fins insurrectrices. Mais comment cette organisation terroriste a-t-elle pu maintenir ce réseau à la suite de sa défaite territoriale majeure ?
Le terrorisme, selon l’une de ses plusieurs définitions, se présente comme une activité, méthode ou stratégie qui vise à produire une terreur psychologique de telle sorte qu’elle expose le citoyen à une peur perpétuelle envers tout attentat prochain. Ce terrorisme se repose sur un phénomène de radicalisation en adoptant une idéologie susceptible de se replier sur elle-même, de durcir le corps de sa doctrine et de transformer ses ambitions en ses principes fondamentaux. Néanmoins, cet élan radical est lui-même régi par des situations socio-économiques telles les menaces de persécution qui exigent aux adeptes de cette idéologie de commettre des actes violents d’extrémisme sous le slogan de rédempteurs de leur propre doctrine et de s’engager comme finalité à des actes de terreur. Le terrorisme n’est autre qu’un détournement des bases idéologiques ; telle est la réalité vis-à-vis de l’État Islamiste qui détourne et corrompt les finalités de la religion qu’il proclame répandre et protéger.
En outre, ce radicalisme idéologique n’est plus restreint au sein d’une communauté appartenant à une société dans un pays quelconque, mais transcende le monde réel vers un monde intangible et numérique qui profite pleinement de l’imaginaire et du psychisme collectifs. En effet, cette radicalisation se promulgue subtilement au sein des réseaux sociaux et des forums de discussion. L’internaute est ainsi exposé à une banalisation de l’acte terroriste barbare avec l’utilisation d’une terminologie familiale attirante et captivante, le rendant susceptible d’incorporer des idées radicales. Ce fait s’est observé en 2019 lors de la fusillade qu’a entreprise un jeune homme tout en filmant son acte en direct sur une plateforme consacrée aux jeux-vidéos dans un supermarché au Texas aux États-Unis d’Amérique. Ce jeune homme, influencé par les médias qui minimisaient l’impact des actes djihadistes qui mimaient les formats des jeux-vidéos sur plusieurs occasions, se fut dévoué par sa propre loyauté pour ses croyances à entreprendre ce même chemin.
Ainsi, la lutte contre la terreur, voire le terrorisme, n’est point un simple combat d’armes. Elle n’est point une guerre dont la finalité est dictée par l’avancement technologique militaire. Cette lutte dépeint un antagonisme et une dissonance idéologique qui rend aussi bien vulnérables les sociétés démocratiques que les régimes autoritaires. L’idéologie est l’arme psychologique qui ne peut être vaincue par les moyens traditionnels utilisés lors des affrontements en Syrie et en Irak. L’ordre international possède-t-il la capacité à lutter contre cette nouvelle forme de radicalisme idéologique ?