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Mars bleu ! De quoi s’agit-il ?

Mars est le mois consacré à la sensibilisation contre le cancer colorectal, symbolisé par la couleur bleu foncé. Pendant cette période, des campagnes sont organisées dans le but de promouvoir la prévention, le dépistage précoce et le traitement de ce type de cancer.

Qu’est-ce que le cancer colorectal ? 

Dans la majorité des cas, il s’agit d’un adénocarcinome qui affecte les tissus du côlon ou du rectum. Ce type de cancer, l'un des plus répandus dans le monde et présentant un risque de mortalité élevé ainsi que des conséquences graves, peut toucher les deux sexes et tous les âges, bien qu’il soit plus fréquent chez les personnes âgées de plus de 50 ans.

Généralement, le cancer colorectal se développe au niveau des cellules glandulaires de la muqueuse du côlon ou du rectum, responsables de la production du mucus pour lubrifier les parois internes, qui se multiplient de façon anormale suite à une mutation, formant des excroissances atypiques du tissu appelées « polypes ». Ces derniers sont bénins au début, néanmoins avec le temps, ils peuvent évoluer vers un état précancéreux (2-3% d’entre eux) avant de devenir une tumeur maligne (cancer) au cours d’une période pouvant dépasser les dix ans. Il existe plusieurs types de polypes, parmi lesquels les polypes adénomateux ou adénomes sont les plus susceptibles de devenir cancéreux. Ces adénomes, dotés d’un potentiel précancéreux accru, évoluent en des adénomes précancéreux pendant plusieurs années. Les cellules des adénomes précancéreux peuvent subir davantage de changements génétiques et moléculaires au fil des années, et dépendamment de plusieurs facteurs (la taille ; le type et le nombre), les transformant en des cellules malignes cancéreuses, menant à un adénocarcinome colorectal, qui est le type le plus courant de cancer colorectal. À noter qu’il existe d’autres types de cancers colorectaux, mais plus rares, comme le carcinome épidermoïde, le carcinoïde colorectal, le lymphome colorectal et le sarcome colorectal. Avec l’apparition du cancer, les cellules cancéreuses sont initialement peu nombreuses et confinées à la muqueuse du côlon ou du rectum, ce qui correspond au stade 0 également appelé cancer in situ (stade 0). Cependant, au cours du temps et en absence de traitement, le cancer s’intensifie dans les autres couches et là, il s’agit de cancer invasif (stade 1). Si le cancer colorectal n’est pas traité à un stade précoce, il peut se métastaser, c.-à-d. qu’il peut migrer dans d’autres régions du corps par la circulation lymphatique et/ou sanguine, ce qui peut entraîner la formation des métastases dans le foie et les poumons 

 

Facteurs de risque :

Parmi les facteurs susceptibles d’accroître le risque de cancer colorectal se présentent :

  • L’âge : le risque de cancer colorectal s’élève avec l’âge, 95 % des cas surviennent après 50 ans.
  • Antécédents familiaux : les antécédents familiaux de cancer colorectal ou de quelques affections génétiques comme la polypose adénomateuse familiale (PAF) et le syndrome de Lynch (HNPCC) augmentent le risque.
  • Prédisposition génétique aux cancers colorectaux : une variation génétique héritée d’un parent et qui se trouve à la naissance dans toutes les cellules de l’organisme (liée à une altération génétique constitutionnelle) intervient dans la survenue du cancer.
  • Antécédents personnels : chez les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et la rectocolite hémorragique, ou précédemment atteintes d’un cancer colorectal, de certains polypes, de PAF, et de HNPCC ; on observe un accroissement du risque de survenue de ce cancer
  • Le mode de vie et les habitudes :
  • - Une alimentation riche en viande rouge et en graisses animales, voire pauvre en fruits et légumes (fibres).
  • - La sédentarité et le manque d’activités physiques.
  • - L’obésité et le surpoids.
  • - La consommation excessive d’alcool et le tabagisme.

 

Les symptômes du cancer colorectal :

À un stade précoce, le cancer colorectal est généralement asymptomatique. En revanche, à un stade avancé et si ce cancer évolue, plusieurs symptômes alarmants peuvent figurer :

  • Des saignements rectaux : présence de sang dans les selles :
  • - Un saignement rouge vif (rectorragie) ou foncé
  • - Un méléna ou selles anormalement noires goudronneuses due à l’existence du sang digéré.
  • - Une persistance des douleurs et des crampes abdominales, d’une gêne abdominale ou de ballonnements
  • - Un changement au niveau du transit intestinal : diarrhée durable malgré les traitements, apparition d’une soudaine constipation ou d’une constipation qui s’aggrave ou forme atypique des selles, rétrécissement du diamètre des selles, voire une modification dans leur fréquence.
  • - Présence d’une masse au niveau de l’abdomen à la palpation.
  • - Perte de poids inexpliquée soudaine ou une perte d’appétit et une diminution de la prise alimentaire.
  • - Un besoin continu et pressant d’aller à la selle.
  • - Asthénie ou grande fatigue : Manque de force et pâleur causés par une anémie ferriprive résultant d’un saignement permanent ou manque d’énergie continu même en état de repos.
  • - Incapacité à éliminer les selles, des efforts d’évacuation des selles douloureux et inefficaces, voire des douleurs rectales.
  • - Nausée, vomissement, voire une fièvre qui dure.
  • - La sensation que le rectum est plein, d’une expulsion incomplète du rectum.

 

Le dépistage du cancer colorectal : 

  • Le diagnostic du cancer colorectal est primordial pour lutter contre ce cancer. C’est une démarche permettant de dépister à un stade précoce les lésions anormales susceptibles d’être cancéreuses ou de se transformer en cancer (tumeurs précancéreuses). Le dépistage du cancer colorectal doit être effectué tous les 5 à 10 ans chez les hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans. En plus d’un examen clinique, plusieurs méthodes de dépistage Test du sang occulte dans les selles ou TSOS : c’est un test effectué en prenant un prélèvement de selles au moyen d’un kit spécifique qui détecte la présence de sang (visible ou invisible) dans les selles, pouvant être généralement un signe de cancer colorectal.
  • Test immunologique fécal ou « FIT » : ce test, réalisé en prélevant un échantillon de selles à l’aide d’un kit spécial, détecte l’existence de globine humaine dans les selles, une protéine due à du sang dans le tractus digestif. Il est plus notable que le TSOS dû à sa détection de la globine humaine donc du saignement du tractus gastro-intestinal.  En cas de l’absence du sang, un néo-dépistage sera envisagé dans les 2 ans. Cependant, en cas de présence de sang dans les selles, des examens supplémentaires seront prescrits et un toucher rectal peut être réalisé, permettant de déceler la tumeur au cas où elle est localisée à moins de 8 cm de l’anus.
  • Coloscopie : cette intervention indispensable pour la détection du cancer colorectal, souvent effectuée sous anesthésie générale, généralement par un gastro-entérologue, consiste à une introduction dans le rectum, puis le colon d’une coloscope, étant un tube souple doté d’une caméra vidéo dans le but de visualiser les parois internes du colon et du rectum sur un écran vidéo. Si des malformations sont décelées, des biopsies peuvent être effectuées afin de déterminer s’il s’agit de tumeurs bénignes ou malignes. Dans certains cas, des polypes peuvent être enlevés lors de cette procédure. Avant cet examen, une préparation colique (nettoyage complet de l’intestin) est nécessaire afin de pouvoir voir clairement les parois du côlon. Une variante de la coloscopie, la « sigmoïdoscopie » limitée à la partie inférieure du côlon peut être réalisée également.
  • Tomodensitométrie (TDM) ou coloscopie virtuelle, IRM et échographie abdominale : ce sont des tests d’imagerie médicale pouvant détecter le cancer colorectal.
  • L’examen histopathologique : une procédure qui consiste à examiner des prélèvements de tissus peut avoir lieu afin d’identifier toute anomalie.

 

Prise en charge thérapeutique du cancer colorectal : 

Le traitement du cancer colorectal dépend du cas personnel, des caractéristiques du cancer, de sa localisation et du stade de ce cancer chez le/la patient(e). Les choix de traitement incluent :       

  • Chirurgie :
  • - L’excision locale (résection locale) réalisée par endoscopie consiste en une excision du tissu anormal (polype, tumeur) ainsi que les bords des tissus sains autour. Ce type-là est souvent effectué aux stades 0 et 1. Parmi ces chirurgies on trouve la polypectomie, l’exérèse transanale locale et la microchirurgie endoscopique transanale.
  • - La résection de l’intestin qui consiste à l’enlèvement d’une partie de l’intestin, du gros intestin ou des deux, comme l’hémicolectomie droite et gauche, la colectomie transverse, la colectomie sigmoïdienne, la proctocolectomie avec anastomose colo-anale, la résection abdominopérinéale et la résection antérieure basse.
  • - La colostomie ou iléostomie qui est une intervention basée sur une ouverture dans le côlon ou l’iléon vers l’extérieur du corps par la paroi abdominale.
  • - Le curage ganglionnaire : ça consiste à enlever une partie des ganglions lymphatiques (au moins 12) situés à proximité de la tumeur lors d’une résection de l’intestin. L’exérèse totale du mésorectum (ETM) est un type permettant de prélever la graisse enveloppant le rectum ou le mésorectum, contenant des ganglions lymphatiques et des vaisseaux sanguins. Elle est généralement pratiquée lors d’une résection intestinale.
  • - L’exentération pelvienne : dans le cas du cancer colorectal, elle se base sur un prélèvement d’une partie du côlon et/ou du rectum. On peut l’appliquer à un stade 4.
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  • Chimiothérapie : cette technique repose sur l’utilisation des substances chimiques pour affaiblir ou détruire les cellules cancéreuses. Elle peut être néoadjuvante, appliquée avant la chirurgie afin de minimiser la tumeur ou adjuvante, c.à.d. post-chirurgicale, dans le but de réduire le risque de récidive. Elle peut également être utilisée comme traitement principal aux stades avancés.
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  • Radiothérapie :
  • - Radiothérapie externe : des radiations sont émises à travers la peau jusqu’à la tumeur et à la région du tissu environnants.
  • - Curiethérapie, un type de radiothérapie interne reposant sur le placement d’un radio-isotope (substance radioactive) dans la tumeur ou à proximité d’elle.
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  • Immunothérapie :  cette méthode implique l’usage des médicaments pour combattre les cellules cancéreuses. Elle peut être utilisée dans des stades avancés de certains cancers présentant des marqueurs spécifiques comme MSI-H (instabilité microsatellitaire élevée) ou dMMR (système de réparation de l’ADN défectueux)
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  • Thérapie ciblée : durant laquelle on utilise des médicaments qui ciblent des anomalies spécifiques existantes dans les cellules cancéreuses. En cas d’expression de certaines mutations génétiques particulières comme les mutations KRAS et BRAF, elle est fortement efficace.

 

Les outils de prévention contre le cancer colorectal :

Un dépistage à intervalles réguliers permet de diagnostiquer ce cancer à un stade précoce, voire des tumeurs précancéreuses, ce qui améliore les chances de guérison. Ce dépistage périodique accompagné d’une modification des habitudes comme l’adoption d’une alimentation saine riche en fibres, l’arrêt du tabagisme, l’activité physique régulière et la réduction de la consommation d’alcool, contribue à la prévention du cancer colorectal. 

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