« Les destins de la France et du Liban sont noués indéfectiblement par des liens du temps, de l’esprit, de la culture de l’art et du rêve ». C’est avec cette citation du président de la France, Emmanuel Macron, que la doyenne de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à l’Université Saint Joseph de Beyrouth, Mme Myrna Gannagé débute son discours de bienvenue à son excellence, l’ambassadeur de France au Liban, M. Hervé Magro. Une rencontre organisée sous le signe de « l’amitié franco-libanaise » par le chef de département d’Histoire – Relations Internationales, M. Christian Taoutel, le 27 février 2024, dont l’enjeu était de comprendre, à travers des questions posées par les étudiants du département d’Histoire – Relations Internationales, la politique de la France au Liban et au Moyen Orient, dans un contexte de crises économiques, sociales, politiques et institutionnelles, et dans une période lorsque la région est secouée par les horreurs vécus à Gaza.
Après les prises de parole successives de Madame la doyen et de Monsieur l’ambassadeur, rappelant respectivement le soutien de la France au peuple libanais durant toutes les épreuves du Liban et œuvrant à la stabilisation du pays manifestée par des négociations avec les partis prenants locaux et régionaux, 10 étudiants du département d’Histoire et Relations Internationales se prêtant aux jeux de journalistes ont eu le privilège pendant plus d’une heure de poser chacun à leur tour une question à l’ambassadeur. Ces questions, aussi pertinentes les unes que les autres, traitent de questions faisant l’actualité de notre pays et de notre région.
Dans un premier temps, les premières questions ont tourné autour de la situation à Gaza et de ses répercussions sur la région, notamment au Sud du Liban. Interrogé sur la position de la France dans cette offensive, l’ambassadeur a affirmé que pour la France, « la solution politique est la solution au problème palestinien » en l’occurrence la solution des deux états. Depuis le début de la guerre, la France œuvre avec d’autres états, notamment le Qatar, pour un cessez-le feu immédiat et la solution des deux états. Pour ce qui s’agit de la réaction du président Macron, Hervé Magro insiste sur le fait que la réaction du chef de l’état était une « réaction de solidarité » envers les 42 Français tués par le Hamas le 7 octobre « par respect » au peuple français.
Cependant, ce conflit s’étend également au sud du Liban, où les bombardements israéliens ne cessent de s’intensifier, menant à la mort d’un grand nombre de civils. Interrogé sur cette question par une étudiante originaire du sud qui ne pouvait pas cacher ses émotions face à la situation critique dans sa région natale, suivie d’une autre question sur la position de la France en cas de guerre éventuelle, le diplomate a rappelé que la priorité de l’ambassade est d’ « œuvrer à une désescalade » et « éviter que cela ne se passe ». Mais si la guerre devait arriver, comme l’affirme le diplomate, un dispositif maritime a été mis en place. Pareillement, il rappelle quand même qu’« il ne faut pas attendre un cessez-le feu pour réfléchir à la question ». À cet effet, une feuille de route a été présentée, dans laquelle il était proposé « une mise en œuvre de la résolution 1701 ».
Il a été également question du blocage constant de l’élection d’un nouveau président libanais, et ainsi que des allers-retours incessants de l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron, Jean Yves Le Drian, qui assure qu’« il y’a une chance d’élire un président ». Au détour de cette question majeure, l’ambassadeur affirme qu’« une troisième voie a été trouvée » qui permettrait de débloquer la situation. Néanmoins, il rappelle que c’est au Parlement libanais d’entamer la procédure électorale, mais « elle ne peut pas attendre la fin de la guerre à Gaza ».
D’autres sujets ont été abordés au fil de la rencontre, tel que la francophonie, la question d’exploitation du gaz ou encore l’enquête internationale de la tragique explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui piétine depuis 4 ans, laquelle le président Macron avait promis au cours de ses visites au Liban dans les jours qui ont suivi le drame « pour éviter que les choses soient cachées et que le doute ne s’installe », l’ambassadeur assure que l’enquête avance, mais fait face à des blocages du fait qu’ « un nombres de pays ne sont pas en faveur d’une enquête internationale » révèle l’ambassadeur.