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La bombe atomique : quelles conséquences sur notre époque ?

En été 2023 sortait le film Oppenheimer, réalisé par le réalisateur américain Christopher Nolan. Phénomène cinématographique de 2023, battant des records de ventes dans les box-offices du monde entier, ce biopic retrace la fascinante histoire du physicien américain, Robert Oppenheimer. Surnommé « le père de la bombe atomique », il est connu pour avoir conçu la première bombe atomique : Une invention, qui ne reste pas sans conséquences, puisqu’elle conduit à l’avènement de l’arme nucléaire, constituant aujourd’hui une problématique majeure des relations internationales de notre siècle.

 « Instrument d’agression, de surprise et de terreur » ; « l’œuvre du diable » ; c’est ainsi qu’Oppenheimer décrit l’arme nucléaire et la course à l’armement, qu’il a, sans le vouloir lui-même, initiée. Depuis les explosions nucléaires dévastatrices, les premières de l’histoire lancées par les USA sur Hiroshima et Nagasaki, en aout 1945, mettant fin au deuxième conflit mondial, l’arme nucléaire occupe une place centrale dans les Relations Internationales de notre époque contemporaine : l’ère du nucléaire a commencé.

L’arme nucléaire a été un des éléments qui ont structuré les rivalités et les conflits de la Guerre froide. Après les États-Unis, c’est l’URSS qui développe son propre arsenal nucléaire pour concurrencer la puissance militaire américaine. S’enclenche alors une série de rivalités sur tous les fronts entre les deux superpuissances. À maintes reprises durant cette période d’extrême tension, la menace nucléaire était envisageable, notamment ; durant la guerre de Corée (1950-1953), première épreuve du nucléaire due à l’implication indirecte des deux superpuissances rivales ; ou encore dans la crise des missiles à Cuba (1962), durant laquelle le monde a frôlé la catastrophe. Jamais durant la guerre froide, l’arme nucléaire ne fut réellement utilisée. D’ailleurs, les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki sont en fait les seules fois de l’histoire où cette arme a été mise en action. Dans tous les cas, si utilisation d’armes nucléaires il y avait, cela entrainerait des conséquences graves sur la survie de l’humanité. D’ailleurs, cette arme n’est pas compatible avec le droit international et les droits de la guerre qui interdit l’utilisation d’une telle arme aux effets destructeurs. 

Aujourd’hui, la peur d’une menace nucléaire se fait toujours sentir, avec l’arrivée de nouvelles puissances nucléaires, comme la Corée du Nord ou l’Iran, et les guerres impliquant les puissances nucléaires telles que la Russie dans le conflit avec l’Ukraine depuis 2022, durant laquelle Vladimir Poutine n’a cessé de menacer en utilisant la menace nucléaire. 

Pourtant, depuis la fin de la guerre froide, on assiste à des négociations internationales visant à réduire la menace nucléaire par des traités de non-prolifération initiés par l’ONU ; en 2017, un traité d’interdiction d’armes nucléaires (TIAN) adopté par 122 pays qui s’engagent à ne plus se doter d’armes nucléaires : Ce traité est donc la clé pour déclencher le processus de dénucléarisation. En termes de chiffres, on est passé depuis la fin de la guerre froide de 70 000 à 15 000 armes nucléaires, c’est dire la volonté des états à sortir de la menace nucléaire. 

Mais à quoi sert l’arme nucléaire si elle n’est jamais utilisée comme arme conventionnelle ? L’historien des affaires militaires Jean-Marc Le Page nous répond, « l’histoire montre que l’arme suprême {l’arme nucléaire} est surtout un argument diplomatique ». En gros, l’historien nous explique que l’arme nucléaire est une arme de dissuasion ou d’intimidation utilisée à des enjeux diplomatiques par les États plutôt qu’à des enjeux militaires. Afin d’assoir son hégémonie de puissance afin de dissuader l’adversaire de l’attaquer et créant une atmosphère de crainte et de terreur d’une menace nucléaire qui remettrait en cause la survie de l’humanité.

Ainsi, l'impact de la bombe atomique d’Oppenheimer sur la scène internationale fut indéniable. Néanmoins, au milieu de cette révolution technologique, une question persiste : Oppenheimer est-il réellement coupable de cette situation ? Dans une entrevue poignante accordée à la BBC dans les années 60, le physicien exprima ses remords, citant un dicton hindou : « Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes ». Parallèlement, comme pour se défendre, Oppenheimer porte la responsabilité liée à l’arme aux manières d’utilisation des politiciens et non aux scientifiques en ces termes « En tant que scientifiques, il n’était pas responsable des décisions concernant l’arme, mais seulement de leur travail. Le sang, s’il y’en a, serait entre les mains des politiciens.»

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