Commençons par constater la relation étroite entre le dollar américain et le cours des métaux précieux, plus particulièrement le prix de l’or. Plus le dollar est fort et plus faible sont les cours du métal jaune. Pendant longtemps, l’or a servi de collatéral aux émissions monétaires. C’était l’étalon-or. Après les accords de la Jamaïque de janvier 1976, les états ont mis fin à ce système étalon-or, confirmant ainsi officiellement l’abandon du rôle légal international de l’or, au profit d’un régime de changes flottants. De ce fait, une question se pose, faut-il stoker de l’or ou augmenter nos réserves en dollars ? Il a été admis dans le passé que l’or détenu par la banque centrale inspirait confiance à ceux qui souhaitaient investir dans ce petit pays. Jadis appelé la Suisse du Moyen-Orient, les investisseurs pensaient que si un jour la Banque du Liban (BDL) dépensait tous ses dollars pour soutenir la monnaie libanaise, elle pourra toujours se tourner vers son stock d’or. Pensent-ils toujours de la même manière ?
Selon les derniers chiffres du Conseil mondial de l’or (CMO), le Liban détient à ce jour 286,8 tonnes de réserves en or, un volume stable depuis des décennies.
Les réserves d’or du Liban lui ont permis d’occuper pendant longtemps la première place parmi les 15 pays de la zone MENA, Ce n’est qu’en 2008 que le Liban est retombé à la deuxième place derrière l’Arabie Saoudite, premier pays au niveau régional avec des réserves estimées à 323,1 tonnes. En 2008, l’Arabie Saoudite fait passer ses réserves d’or de 142,95 tonnes à 323,1 tonnes dépassant les réserves du Liban de 54.3 tonnes, soit de près de 20%.
Avec ses 8 133,5 tonnes, les Etats Unis restent le pays qui possède les plus importantes réserves d’or du monde entier. Le Liban cependant détient davantage de réserves en or que l’Espagne (281,6 tonnes) ou l’Autriche (280 tonnes).
L’or représente « une valeur refuge en temps de crise ! ». Ainsi, un pays assis sur une importante quantité d’or est considéré comme attractif. Plusieurs décisions récentes de ventes d’or ont été fortement critiquées car le cours de l’or a continué à s’apprécier. Pourtant, toute vente importante et rapide par une banque centrale tire les cours de l’or vers le bas, comme lorsqu’en 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Économie, décida de vendre 500 à 600 tonnes d’or sur les 3 000 détenues par la Banque de France.
Lorsque la Banque d’Angleterre a vendu plus de la moitié de ses réserves d’or (395 tonnes) entre 1999 et 2002, cette opération a poussé les banques centrales vers un accord international pour limiter davantage de ventes.
Le Liban vendra-t-il son or ?
Ce cas de figure reste largement hypothétique au Liban, car la BDL ne peut vendre son or que si le Parlement vote une loi en ce sens. Aucune vente n’a jamais eu lieu depuis la création de la BDL (1963). « Notre or ne nous rapporte rien, mais il reste un facteur de confiance dans le système. C’est pour cela que personne ne veut y toucher. » Voilà ce que pensent (ou pensaient) la plupart des économistes libanais. Autre option qui reste « tabou », le prêt de l’or. « La BDL n’a pas le droit de donner des crédits en or. » Même dans le cas d’une telle dévaluation de la monnaie, le Liban ne vendrait pas son or, pensent les mêmes économistes, rappelant que malgré la dévaluation qui a eu lieu dans les années 1980, la BDL ne s’en est pas séparée. La vraie garantie de la monnaie libanaise se trouve du côté des avoirs de la BDL en devises, dont le montant atteint environ 45 milliards de dollars. Si l’or garde un statut spécial pour les banques centrales à travers le monde, c’est parce que le dollar américain était indexé à l’or jusqu’en 1973. Le Liban a acheté son or entre 1963 et le début de la guerre civile en 1975 pour le stocker aux États-Unis. Dans les années 1990, la BDL n’avait plus d’intérêt à acheter de l’or, le billet vert l’ayant remplacé en importance dans l’économie mondiale.