Produire de la culture
Billet de Fady Noun
Nous vivons dans un monde où la prépondérance va désormais au divertissement plutôt qu’à la culture. Nous sommes entraînés dans une espèce de colin-maillard culturel où l’on se palpe sans se reconnaître, et où se reflète dans un miroir l’image d’une société aveugle et éclatée qui se soigne par le « divertissement », l’hédonisme, les voyages, la fraude et le vol organisé.
L’institution universitaire, que Jean-Paul II décrit comme « l’un des chefs-d’œuvre de la culture humaine », devait être la première à réagir à cette dérive, à cet éteignement universel des lumières qu’Amine Maalouf, dans son dernier essai, « Le naufrage des civilisations », affirme être parti du Levant.
Mais qu’est-ce que la culture ? « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social », affirme l’UNESCO. Mais au-delà des « traits », la culture est une dynamique d’activités produisant ces valeurs dans lesquelles se reconnaît une nation. Le divertissement, lui, est une activité légitime, une récréation, qui permet aux êtres humains de renouveler leur force.
Il paraît évident que le divertissement est un aspect, ou un « moment » de la culture, mais que la culture ne saurait être réduite au divertissement. L’une des tâches de l’Université serait justement d’enseigner aux étudiants cette différence. Une approche critique de la manière grasse, vulgaire et dégradante dont on divertit aujourd’hui les Libanais, telle serait l’une des fonctions de l’Université, productrice de culture, avec ses musées, son théâtre, ses débats, ses cours, ses sorties, ses missions sociales, sa recherche fondamentale, sa communauté humaine, ses professeurs et ses étudiants. |