De la justice sociale à la justesse budgétaire
Billet de Fady Noun
A l’heure où un Budget d’austérité est à l’examen, une table ronde du CEDROMA est consacrée à la lutte contre la corruption. Il faut s’en féliciter. Car le rôle premier de l’Université à cet égard est celui de la vigilance.
En quelques mois, nous sommes passés de la lutte pour la justice sociale, à une lutte pour la justesse budgétaire, sans le moindre retour sur ce qui nous conduit au bord de la faillite. D’un objectif noble, celui d’identifier les sources de la dilapidation intéressée de l’argent public, de l’évasion fiscale, des accords sous la table à un but comptable, que l’on tente d’atteindre en particulier en effectuant des « ponctions » sur les allocations des fonctionnaires et en raclant sur les intérêts bancaires, etc.
Il y a là très exactement une reproduction de ce que nous avons fait au lendemain de la guerre civile : nous l’avons enterrée avec une loi d’amnistie qui fut une loi d’amnésie, sans exiger que des comptes soient rendus et des responsabilités individuelles ou collectives établies. Sans accomplir notre devoir de mémoire, qui est un devoir de conscience.
Faire fi de la lutte contre la corruption reviendrait, une fois de plus, à faire l’impasse sur l’édification de l’Etat et manquer à notre vocation historique : celle de forger une nation une et plurielle d’un ensemble de communautés auxquelles un temps et un territoire ont été accordés. |