Les Rois Mages, hommes des frontières
Billet de Fady Noun
Dans l’une de ses « Réflexions autobiographiques »,
le théologien protestant Paul Tillich, se définit comme un homme des frontières.
Vers la fin de sa vie, ce fils de pasteur luthérien soutint que ce ne sont nullement les dogmes qui sauvent, mais bien Dieu lui-même. Homme de foi, mais homme des frontières, il interpréta les grands symboles chrétiens de manière à permettre aux hommes de les traverser pour s'approcher de Dieu, qu’il nomme « l’Etre en personne ».
L’Université Saint-Joseph a mis à l’honneur, tout dernièrement, le prêtre jésuite Paolo Dall’Oglio, disparu en Syrie en 2013 et cheikh Hani Fahs, décédé en 2014, qui ont été eux aussi, et pleinement, des hommes des frontières, en ce qu’ils n’ont pas hésité à franchir, certains diront transgresser, la frontière dogmatique de leurs religions respectives, pour aller vers l’autre.
Cet effort « au-dessus de l’abîme », n’est-il pas d’ailleurs, au cœur de la vocation de l’Université ? Plus même, n’est-ce pas le Liban tout entier qui mérite d’être défini comme « pays de frontières », un espace où peut et doit être vécue et réfléchie l’aventure spirituelle du dialogue interreligieux. Pour Jean-Paul II, l’homme n’est pas la vérité ; il est à la recherche de la vérité. En ce temps de Noël, imitons ces grands pèlerins de la vérité que furent les Rois Mages, qui sont certainement, à leur manière, les premiers « hommes des frontières » de l’ère chrétienne. |