La Faculté de droit et des sciences politiques groupe organiquement le Département de droit et l’Institut des sciences politiques.
Département de droit
Héritière de l’Ecole de droit fondée en 1913 par le concours de l’Université Saint-Joseph et de l’Association lyonnaise pour le développement de l’enseignement supérieur au nom de l’Université de Lyon, la Faculté de droit forme des étudiants et entreprend des recherches à l’intérieur d’une tradition juridique déterminée.
L’originalité du système juridique libanais commande en effet celle de son enseignement. Le droit libanais, lié en de larges secteurs à la tradition juridique gréco-romaine qu’illustra, au 5e siècle, l’enseignement bilingue des « Maîtres œcuméniques » de l’antique Ecole de droit de Béryte, met souvent en œuvre aujourd’hui des mécanismes qui, à plus large échelle, sont ceux de la pratique juridique française ; il importe donc d’utiliser cette dernière comme moyen d’enseignement. L’originalité du droit libanais s’étant cependant affirmée à mesure que progressait l’histoire nationale du pays, il importe également d’enseigner les institutions juridiques libanaises comme des institutions autonomes. Toute langue est par ailleurs privilégiée dans l’expression du système juridique qui l’a longuement utilisée. Certains concepts de droit musulman ne s’expriment adéquatement qu’en arabe ; la langue française convient mieux aux concepts romanistes. Il est donc nécessaire que l’étudiant en droit accède à un bilinguisme réel, le français devenant sa principale langue juridique de recherche et l’arabe sa principale langue juridique d’expression. Certes une autre option, privilégiant l’arabe est possible. C’est aujourd’hui celle d’autres facultés de droit à Beyrouth.
Le caractère bilingue de l’enseignement du droit marque l’histoire de la Faculté ; il rend compte du rôle qu’elle joue sur le plan national et des liens privilégiés qu’elle entretient avec les universités françaises. D’une part, grâce au patronage de la Faculté de Lyon, la Faculté de droit de Beyrouth fut autorisée à décerner la licence française en droit à partir de 1920, les diplômes d’études supérieures à partir de 1924 et le doctorat en droit à partir de 1942. D’autre part, sous l’égide des hautes autorités libanaises puis d’un gouvernement libanais indépendant, la Faculté de Beyrouth créa peu à peu un cycle d’enseignement juridique national en langue arabe. A partir de 1920, un cours de droit musulman fut professé en arabe à la Faculté par le Premier président de la Cour de cassation ; en 1925 fut créé un enseignement en arabe de droit administratif libanais ; à partir de 1938, l’enseignement du droit libanais en arabe porta sur deux années d’études, la première consacrée surtout au droit public, la seconde au droit privé. Enfin, en 1940, fut créée la licence libanaise en droit. La dualité des diplômes en droit (diplôme d’Etat libanais d’une part, diplôme d’Etat français d’autre part), si elle était un soutien pour le niveau des études, risquait d’entraîner une dualité des programmes. Un régime d’examens, promulgué en 1965 et renforcé en 1973, tint en échec toute dissociation : un seul jury décerna les deux diplômes, les épreuves en langue arabe étant partie intégrante de la licence française et les épreuves en langue française étant partie intégrante de la licence libanaise. Ce régime de double licence fut appliqué à la Faculté jusqu’à la session d’octobre 1979. A partir de cette date, un nouveau régime de la licence en droit ayant été institué en France, la Faculté renonça à la préparation de la licence française en droit ainsi réorganisée et décerna les diplômes libanais dans leur formule bilingue.
L’enseignement du droit a trop de répercussions au Liban sur le plan professionnel, culturel et politique pour que le statut de la Faculté, ou du moins de son département de droit, n’ait pas été modifié par la crise qui marqua la croissance de l’enseignement universitaire dans le pays. La Faculté de droit de l’Université Saint-Joseph exerça un monopole de fait de l’enseignement du droit au Liban jusqu’en 1953. A partir de cette date, ce « monopole » fut mis en question, en particulier par le biais de la demande d’un enseignement totalement en arabe pour les candidats à la fonction publique ou au barreau, qui ne connaîtraient pas le français. La période suivante est jalonnée par la fondation de la section juridique de l’Académie libanaise des beaux-arts, celle de la Faculté de droit de l’Université arabe et celle de la Faculté de droit de l’Université libanaise. Deux décrets, de tonalités différentes, transforment alors le statut du département de droit de la Faculté. Le décret de 1958 est un décret d’intégration : « La Faculté de droit de Beyrouth est chargée de l’enseignement du droit. Elle fait partie intégrante de l’Université libanaise et relève du ministère de l’Education nationale en tout ce qui concerne l’enseignement du droit libanais. Le Conseil supérieur de direction est placé sous le haut patronage du Président de la République, Président d’honneur. Ses séances sont présidées alternativement par le Recteur de l’Université libanaise et par le Recteur de l’Université Saint-Joseph ». Ce statut fut remis en question sous la pression des événements de 1958. L’Université libanaise fut amenée à dédoubler la Faculté de droit en deux sections pour permettre l’accès des études de droit à des candidats munis de la seule culture arabe. Le décret du 14 novembre 1959, confirmé par la loi du 23 décembre 1961, confia alors à la Faculté de droit de l’Université Saint-Joseph la seconde section de la Faculté de droit de l’Université libanaise, section autonome parce qu’animée d’un esprit propre, celui du biculturalisme.
L’Institut des sciences politiques
L’Institut des sciences politiques a une histoire moins complexe. Il trouve son origine dans un « cours de préparation aux carrières administratives » crée en 1920 pour perfectionner la formation des fonctionnaires déjà entrés dans la carrière de la fonction publique. Ce cours se mua en 1944 en « Centre de préparation aux fonctions publiques » puis en « Institut des sciences politiques » aux sections diversifiées qui préparait à un diplôme de l’Institut des sciences politiques, transformé en 1959 en licence de sciences politiques de l’Université Saint-Joseph.
Créé pour remplacer l’«Institut des sciences politiques», le Département de sciences administratives et politiques de la Faculté de droit et des sciences politiques regroupait les enseignements qui préparaient à la licence en sciences administratives et politiques et ceux qui préparaient à la maîtrise en sciences politiques, au diplôme d’études supérieures de sciences politiques et au doctorat en sciences politiques.
Le Département de sciences administratives et politiques est de nouveau transformé en octobre 2002 en un Institut des sciences politiques, rattaché à la Faculté de droit et des sciences politiques, mais jouissant de l’autonomie administrative, scientifique et financière, sous réserve des pouvoirs de tutelle de l’organisation centrale de l’Université Saint-Joseph et des pouvoirs reconnus à la Faculté de droit et des sciences politiques. Il délivre une licence en sciences administratives et politiques, une maîtrise, un DEA et un doctorat en sciences politiques.