L'orage est passé, les stries sonores du ciel ont disparu, l'oiseau de malheur a étouffé son lancinant bourdonnement et regagné son nid.
Le réveil est laborieux, mélange de soulagement, de doute et d'appréhension.
Pendant plus de deux mois, la grande famille de notre faculté a vaincu le découragement sans jamais baisser les bras. Dans cette résistance éducative et culturelle, pied-de-nez à l’adversité, elle a su rassembler ses forces et puiser son énergie en chacun d'entre vous : étudiants, enseignants, équipe administrative, techniciens, collaborateurs. Une envie que tout s'arrête, sauf nos efforts...
Campus désertique ou fourmillant, cours en ligne ou en présentiel, réseau informatique souffreteux, montages acrobatiques, annulations, reports, aménagements, covoiturage et système D, conseils de faculté, cellules de crise et plans d'évacuation, décisions provisoires et précisions imprécises, au gré des risques du jour… Et les couacs quotidiens qui nous feront rire, un jour…
Que n'avons-nous pas affronté pendant ces mois d'incertitude, et autant d'angoisse ?
Ma gratitude s'adresse à chacun et à tous.
A mes collègues enseignants, acteurs d'efforts immenses pour préserver un enseignement de qualité, et réunir des étudiants devant des ordinateurs devenus amphithéâtres des temps de guerre.
A l’équipe administrative, remettant sans cesse son ardeur sur l'ouvrage pour résoudre un problème, éditer un document, transmettre une information, répondre aux attentes.
Et, surtout, aux étudiants, devenus nos résistants, et leurs délégués dévoués et solidaires. Soucieux de pérenniser l’enseignement, vous avez été les porte-fanions de la faculté, défenseurs du droit avant l’heure.
Aujourd'hui, on dépose armes et larmes. Pour de bon, espérons. Un champ de ruines a grappillé le pays, il nous reste les pelles et les muscles pour recomposer ce que la barbarie a effacé.
A l'avant-poste des bâtisseurs, vous êtes éclaireurs, sentinelles, exécutants. Que la haine et la violence, le désarroi et l'injustice ne l'emportent jamais sur votre fougue, votre fraîcheur et votre ténacité. Car l’essentiel est à faire, droit devant : construire un Etat digne de ce nom, qui rassemble tous les enfants d’une nation déchirée. C’est le seul hommage à rendre aux victimes innocentes de la guerre, cette guerre et toutes celles qui l’ont précédée.
Marie-Claude Najm
Doyen de la FDSP
28 novembre 2024