Tenir bon
Billet de Fady Noun
Il faut ajouter l’allocution prononcée par Roland Tomb, doyen de la Faculté de médecine, à l’adresse des diplômés de 2021 , à l’anthologie des textes patriotiques où figurent Gibran, Amine Maalouf et d'autres, connus ou anonymes. C’est un classique instantané, parce qu’il donne une expression parfaite à cette descente aux enfers qui ne semble pas finir, à ce malheur abyssal dans lequel nous nous trouvons, un peu de notre faute, un peu de celle d’une classe politique cynique et sans scrupules.
« Ce pays, a dit Roland Tomb, diriez-vous cette mère de votre mère ? ». L’amour du Liban, l’amour de ce « projet de paix » qu’est le Grand Liban ( Jérémie 29) dont le pape a parlé aux patriarches orientaux, le 1er juillet dernier, s’éteint dans nos cœurs. Il faut le réanimer, le sauver, le chérir. La guerre civile a éclaté faute d’avoir su fait de la place à l’« autre » dans nos projets. S’agissant des musulmans, on entend des chrétiens affirmer qu’il n’est plus possible de vivre avec « ces gens ». Il faut le leur dire : « ces gens », ce sont vos frères. Ne laissons pas les coups portés au Liban par les politiques entamer notre vivre ensemble, résistons parce qu’il fait partie de notre culture, de notre héritage, de ce qui fait notre patrie. Dans son encyclique Fratelli Tutti, François élargit même cet accueil à l’autre aux dimensions du monde. « Il faut reconnaître chaque être humain comme un frère et une sœur », écrit-il (180).
« Nous sommes les fils de l’espérance, a encore dit le doyen Tomb, c’est le moteur de la résistance et Dieu sait combien nous avons besoin de résister. Résister avant tout contre nous-mêmes, contre la lassitude, la reddition, la contagion des départs et des abandons. »
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