La crise, un moment de solidarité
Mot du Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth
La crise actuelle du coronavirus a éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. C’est notre vie normale qui s’est arrêtée d’une manière abrupte, couplée à une crise sociale et financière chez nous ; l’ambiance n’est pas au calme. La maladie du coronavirus suscite la peur, l’angoisse et la fatigue. La situation économiquement difficile vire vers un appauvrissement accentué de la population.
Dans cette lutte contre la maladie et ses avatars, l’USJ n’a pas baissé les bras. J’en suis témoin. Il paraît que dans les situations comme celle que vit le Liban, seule la solidarité sociale entre tous peut être un éclat lumineux d’une bonne attitude spirituelle pour contrer la fatalité et la dépression. Notre Hôpital, l’Hôtel-Dieu de France, a été à la pointe du combat contre la pandémie ; ce qu’il a réalisé n’est pas seulement une prouesse médicale mais un gage de solidarité avec le patient.
La solidarité en action menée par des centaines de personnes, soit par choix soit par devoir professionnel est une leçon pour le présent et l’avenir, car une vraie solidarité, elle, est gratuite comme la charité qui ne cherche ni gloire, ni honneur ni rétribution, ni pouvoir ; elle n’a pas d’arrière-pensées, ni de calcul misérable. C’est une belle leçon pour ceux qui sont préposés au service de la République et ceux qui sont à la tête des institutions de service national comme l’éducation et la santé ou autres missions.
Aujourd’hui la reconnaissance est de mise ; il paraît qu’une attitude spirituelle ne peut que s’accompagner d’action de grâces et de reconnaissance. Comment ne pas adresser cette reconnaissance à cette multitude d’enseignants qui ont assuré les cours en ligne avec compétence et présence pour que le savoir continue à être dispensé. Comment ne pas adresser cette reconnaissance aux étudiants qui ont joué le jeu pour sauver un semestre et peut-être un autre semestre qui arrive ! Ces mêmes étudiants dont certains se dévouent avec des administratifs pour assurer de belles boîtes garnies aux 2000 familles aidées et accompagnées dans le silence de celui qui aime sans retour.
Cette solidarité a revêtu une autre forme à travers l’effort réel de communiquer que ce soit d’une manière institutionnelle comme le SPCOM (Service des publications et de la communication) ou bien informelle ou à travers d’autres relais de l’USJ qui sont toujours là pour communiquer, c’est-à-dire transformer la distanciation physique en une proximité sociale de tous les jours. Être présent à l’autre, l’écouter, échanger avec lui, c’est transmettre un message, même s’il est succinct, d’amour et d’espérance.
Cette solidarité sociale s’étend pour répéter et affirmer qu’un étudiant de l’USJ a le droit de continuer ses études et ne pas être laissé en marge. Un geste de reconnaissance est ainsi effectué à nos donateurs, à ces Anciens et Amis qui nous aident pour que l’USJ continue à être un projet national d’éducation et d’excellence.
L’on me pose et me repose la question : êtes-vous optimiste que ce Liban arrivera à sortir de l’épreuve ? C’est la même réponse que nos aînés de la guerre qui a duré plus de quinze ans donnaient : tant qu’il y a la solidarité sociale entre Libanais, c’est que l’Esprit de confiance et d’espoir est là en action. Osons continuer cette marche gagnante.
Salim Daccache s.j.
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