Need of sleep?

La prévalence des troubles du sommeil est élevée dans la population générale mais leur cause n’est pas uniquement la fatigue.
Samir GHAFARI
Jeudi 4 février 2021
Organisateurs

Qui de nous n’a pas déjà ressenti le besoin de sommeil après une longue journée fatigante ? Ou même après un long sommeil ? Qui n’a pas attribué ce sommeil à une fatigue, ou ne s’est pas dit : « cette fatigue disparaîtra une fois que j’aurais dormi » ?!

Ces questions sont très communes dans la société, mais la vraie cause du sommeil demeure inconnue. Il est vrai que la fatigue est la principale responsable du sommeil. Mais la prévalence des troubles du sommeil reste cependant élevée dans la population générale; et ces troubles ont des conséquences sur la vigilance diurne, donc sur la vie professionnelle. En conséquence, ils ont un retentissement sur l’économie ainsi que sur la qualité de vie. Inversement, les conditions de travail peuvent retentir sur le sommeil ; par le biais par exemple des décalages horaires et du travail posté.

Trois grandes causes sont en fait à l’origine des troubles du sommeil et de la vigilance :

  • Le syndrome d’apnée du sommeil qui, par définition, est la répétition d’apnées d’une durée supérieure à dix secondes au moins, cinq à dix fois par heure de sommeil. Le mécanisme étiologique le plus fréquent est la diminution des voies aériennes supérieures qui se manifeste le plus souvent par l’hypertrophie des parties molles de la cavité oro-pharyngienne mais aussi par des anomalies osseuses maxillo-faciales. Les signes cliniques de cette étiologie sont surtout nocturnes : ils se traduisent par des ronflements, des pauses respiratoires épisodiques, des sensations d’asphyxie et de polyurie. Elle s’accompagne aussi d’une céphalée matinale et d’une asthénie chronique dès le réveil. Son traitement repose sur des règles hygiéno-diététiques (surcharge pondérale, alcool…) et sur la PPC (pression positive continue) dans les voies nasales avec un masque étanche.
  • La dette chronique du sommeil, ou insuffisance de sommeil qui, par définition, est un trouble survenant chez un individu qui, de façon persistante, n’obtient pas la quantité de sommeil suffisante pour avoir ensuite un niveau d’éveil normal. Cette étiologie repose sur deux mécanismes principaux : d’une part, on parle de privation sélective du sommeil par le syndrome des mouvements périodiques nocturnes ou par des stimuli externes (par exemple le bruit, la lumière et la température), et d’autre part, la réduction du temps total de sommeil qui a surtout pour origine un problème comportemental lié aux horaires du travail posté (la désynchronisation avec décalage entre le rythme naturel de sommeil et le rythme imposé par l'environnement socioprofessionnel). Les signes cliniques se traduisent par une somnolence diurne, une diminution des performances ainsi qu’une irritabilité.
  • La narcolepsie qui, par définition, est une hypersomnolence diurne, handicapante du fait d'accès de sommeil irrésistibles, récurrents et s’accompagnant d'épisodes d'atonie musculaire pouvant gêner considérablement l'activité (les cataplexies). Des signes auxiliaires peuvent aider à la confirmation du diagnostic telles que les hallucinations hypnagogiques (à l'endormissement) ou hypnopompiques (au réveil), en général auditives ou visuelles. La narcolepsie est d’origine multifactorielle (facteurs génétiques et environnementaux) et, par opposition aux deux autres étiologies, elle admet un traitement pharmacologique qui traite la somnolence excessive et les accès de cataplexies, en plus des règles hygiéno-diététiques qui reposent notamment sur des siestes courtes et répétées au cours de la journée.

En dehors des signes cliniques, ces troubles du sommeil comportent un risque accidentel de type « routier », du fait que les accidents de la circulation sont plus fréquents chez les narcoleptiques que dans la population générale. Aussi, les perturbations de la vigilance peuvent altérer la sécurité au poste de travail, d’où la nécessité d’adapter les conditions de son emploi, avec l’aide du médecin du travail. Enfin, il est important de faire comprendre ces maladies à son environnement familial et professionnel.