Ce roman philosophique écrit par Simone de Beauvoir prend pour sujet une question que nous nous sommes tous posée un jour : que ferions-nous si nous étions immortels ?
Cela serait-il un fardeau ? Ou une délivrance de notre condition humaine ponctuée par la mort ?
Simone de Beauvoir tentera plutôt de nous montrer les limites de ce « rêve » que tout le monde a eu par moments, et nous pourrions résumer son point de vue par la citation suivante, extraite du roman :
Pour elle, cette immortalité qui peut d’abord paraître comme quelque chose de formidable, comme une « victoire » en quelque sorte, ne tarde pas à passer par une décristallisation et se transforme rapidement en un fardeau, une malédiction, ce qui fait d’elle au final une « défaite ».
C’est ce qu’elle nous démontre pertinemment à travers le personnage principal du roman, Fosca, qui est un prince Italien du XIVème siècle, qui a accepté de devenir immortel.
Au fur et à mesure du roman, et au fur et à mesure des siècles, nous remarquons que Fosca devient de plus en plus transparent, et son existence de plus en plus légère. Il perd le goût de la vie, des belles choses, même son égo de prince italien se dissipe peu à peu. Quand il fut projeté dans une existence, une vie éternelle, tout ce qui le motivait à s’activer a perdu son sens, toutes les choses l’entourant ont perdu leur vibrance usuelle. Petit à petit, il tombe dans une sorte de dépression qui fait qu’il survole tout ce qui l’entoure, sans s’attarder plus que cela. Sa vie et son existence sont vidées de tout sens.
Le message qui est envoyé est clair : les choses qui nous tiennent à cœur ont leur valeur simplement parce que nous savons qu’elles vont disparaître un jour. Dans ce roman, la fameuse formule latine “Carpe Diem”, qui encourage à profiter de la vie et de la vivre pleinement, perd son sens étant donné que la vie est désormais éternelle. Il n’a pas besoin de se hâter, et ne ressent plus le besoin de « croquer la vie à pleines dents » : il a toute l’éternité devant lui.
Au XXème siècle, il fait la rencontre d’une dénommée Régine, une femme qui est son exact opposée. Elle est pleine de fougue, passionnée, et laisse son égo guider sa personnalité. Simone de Beauvoir expose ainsi les deux extrêmes : Fosca, qui est immortel, face à Régine, qui est mortelle. Cela confirme le message envoyé par Simone de Beauvoir : comme Régine sait qu’elle va finir par mourir, elle veut faire le plus de sa vie, de son existence, ce qui lui donne de la fougue et de l’enthousiasme. Fosca quant à lui, se laisse emporter par le courant, sans résister, parce qu’il sait qu’il ne va pas mourir, qu’il est condamné à rester en vie.
La fin du roman est réservée aux lecteurs les plus enthousiastes, à qui nous conseillons ce roman, qui est assez agréable à lire, et qui, au final, traite d’une question qui nous est tous passée par la tête.
Et vous, accepteriez-vous de devenir immortel ?