La réussite des clubs laïcs dans plusieurs universités libanaises concrétise, sans aucun doute, l’espoir dans un nouveau Liban. La laïcité a tout d’un coup dépassé le principe de séparation entre l’Etat et l’institution religieuse pour devenir, aux yeux des fondateurs du nouveau Liban, une planche de salut à laquelle ils s’accrochent pour ne pas se laisser noyer dans les ténèbres du monstre ingouvernable (qualification de L’Etat libanais dans l’éditorial de Le Monde, publié le 30 novembre 2020). La laïcité constitue aussi une revanche contre les politicards sans scrupules qui, au nom de leur Dieu et pour les droits de la communauté, ont volé des vies et la vie des Libanais qui tentent de continuer leur vie malgré tout. C’est pourquoi, il est plus que jamais important que la jeunesse libanaise ne soit pas dupe et qu’elle sache que le chemin menant à un Etat civil ou une société laïque est semé d’embûches. Il va sans dire que le concept de laïcité demeure polémique et, preuve en est : la France qui mène, jusqu’à ce jour, la guerre contre l’obscurantisme, non pas sans prix. Le passage à la laïcité, que ce soit au niveau étatique ou sociétal, n’est sûrement pas aussi simple qu’on le croit, étant donné que la séparation entre les institutions religieuses et l’Etat implique l’acceptation de la liberté d’être. Or, il est évident que les « sociétés libanaises » - puisque chaque communauté est une société qui a ses propres principes et habitudes - ne sont pas prêtes à s’attaquer à leurs tabous pour affronter la vérité et y vivre. Ceci dit, le nouveau Liban ne naîtra pas après l’éviction des corrompus, il sera seulement le fruit d’une rude bataille contre ceux qui refusent de penser pour ne pas dire non.