Pour ceux qui ne savent pas, Madame Rose signifie les « règles », ou les menstruations. C’est ainsi que l’on nommait ce temps du mois à l’école entre amies, histoire d’être discrètes. La société nous a dit que les garçons ne devaient pas savoir que ceci nous arrivait. Cette même société s’est abstenue de nous apprendre plein d’autres choses, garçons et filles, par pudeur, ou par peur de se faire honte. Peu importe, comme elle était fragile, cette société ! Elle l’est toujours d’ailleurs.
Au sein du même monde,alors que l’Ecosse rend les produits menstruels gratuits, les pays pauvres/en voie de développement considèrent toujours le sujet des menstruations comme étant tabou.
Avoir accès aux produits d’hygiène menstruelle est loin d’être une question de luxe. C’est plutôt une question de satisfaction d’un besoin d’hygiène élémentaire. Ainsi, la non-satisfaction d’un tel besoin impératif constitue une atteinte à la dignité et à la salubrité des personnes concernées. Je ne peux m’empêcher de me demander : « Pourquoi trouve-t-on toujours du papier toilette gratuit dans les toilettes publiques mais jamais, vraiment jamais, de serviettes hygiéniques ? »
En France, 1.7 million de femmes étaient concernées par la précarité menstruelle en 2019. Au Liban, on ne connaît pas les statistiques, bien sûr, mais bon je ne m’attends pas à de meilleurs chiffres. Voire même, savent-ils, nos politiciens, ce que la précarité menstruelle signifie ? C’est la difficulté d’accès aux produits d’hygiène menstruelle à cause de la pauvreté. Je me doute qu’ils se soucient d’autre chose que leurs poches pleines. C’est pour cela que cet article n’est pas pour eux. Jamais je ne leur rédigerai un mot. Je m’adresse plutôt à ceux qui m’écouteront attentivement. Pour ceux qui décideront de faire un changement, même tout minime, j’élève ma voix.
La moitié de la population libanaise utilise ces produits hygiéniques. Malgré cela, leur prix ne fait qu’augmenter. Je ne peux m’empêcher de penser : Celles qui vivent sous le fardeau de la pauvreté et comptent chaque pièce d’argent dépensée, comment se débrouillent-elles chaque mois ?
Et la voilà, la réalité choquante : Certaines femmes utilisent des bouts de papiers, des journaux, des morceaux de matelas ou même de la boue. Ceci n’est pas seulement non hygiénique et non stérile mais aussi dangereux pour la santé vaginale et peut conduire à de graves infections.
« C’est un luxe ! » me diraient-ils. « Essayez d’être une femme et osez avoir vos règles au travail le jour où vous oublierez votre serviette de réserve à la maison. » leur dirais-je.
En plus, les serviettes hygiéniques, çane se garde que dans un paquet en plastique noir. Il serait mieux si personne ne sait que tu as tes règles et que tu souffres de crampes utérines en ce temps du mois. Mais pourquoi donc?
Culturellement, saigner - un processus naturel et biologique, signe d’une bonne santé - c’est honteux. Franchement, dans une société où le corps féminin est lui-même assujetti au tabou, je ne m’attends pas à mieux en ce qui concerne ses menstruations.
Finalement, je corrigerai quelques mythes que j’ai dû entendre en grandissant en tant que fille, et que j’aimerais dire à toute fille qui grandit :
En attendant que nos serviettes deviennent gratuites, achète tes propres serviettes sans avoir honte. Tes menstruations ne font que prouver que tu es en bonne santé. Rien d’autre.
Tes règles ne sont pas dégueulasses.
Tu peux te doucher pendant tes règles. Aucun danger.
Tu as le droit de poser des questions aux femmes plus âgées et tu le dois. Et si tu n’as pas reçu de réponses satisfaisantes, tu peux contacter l’auteur de cet article.
Pour les crampes utérines, une boisson chaude ou un bain tiède aideraient. Sinon, consulte un pharmacien pour un antalgique. Si tes douleurs deviennent insupportables, tu as le droit de consulter un gynécologue.